On croit réver ! l'homme de l'ombre, celui qui tire les ficelles derrière le rideau du collectif se détache de son camouflage à la lumière de la réprobation légitime... Le fossoyeur "innocent" des entreprises martiniquaises estime que "la victoire viendra de la détermination des travailleurs et travailleuses de Guadeloupe et de Martinique. C'est notre principal et essentiel atout! " Quel atout ? 15000 chomeurs en plus ? 5000 commerces perdus ? 1500 professions libérales qui jetteront l'éponge et iront rejoindre "le français moyen dans sa chaumière". Demain, le peuple martiniquais sera encore plus pauvre, encore plus dépendant, encore plus consommateur, encore plus pleutre, parce que ceux qui ont pris le pouvoir de la rue ne sont pas ceux qui ont été élus, parce que ceux qui raptent les entreprises, les salariés, les outils de travail et l'espace martiniquais ne sont pas ceux qui les payent, mais ceux qui sont hors du jeu, fonctionnaires hypocrites, profiteurs privilégiés et escrocs d'un système dont la faiblesse du pouvoir leur donne l'apparence d'une pseudo liberté qu'ils n'assument même pas en prenant la responsabilité publique de "leur" quête. Ils ne signent même pas les accords qu'ils ont éxigés "au nom du peuple" !
Combien de Besancenot, de Pagot, de Joachin-arnaud, de Bové et consorts mettront la main dans leur portefeuille pour nourrir ceux qui n'auront plus d'emploi demain ? A U C U N ..... Comme aucun d'eux ne construit quoi que ce soit, ni entreprise, ni association, ni groupement d'artisans, ni groupement d'agriculteurs, tous porteur de travail, de production locale et d'indépendance économique et sociale. Ce sont des DESTRUCTEURS et l'efficacité de leur rôle politique n'a RIEN apporté au peuple martiniquais depuis 40 ans, sinon d'avoir renforcé l'emprise des puissants et la soumission des plus faibles, comme on ne peut en faire que le constat aujourd'hui...
Je croyais retrouver un parfum de fleurs de café au lendemain d'une nouvelle fraternité, je croyais que le collectif se serait attaqué aux VRAIS problèmes sociaux, je croyais qu'ils auraient séquestré les VRAIS responsables, le représentant de l'ETAT qui se comporte comme un gouverneur aux ordres d'une politique d'abandon, tout en suçant les taxes à tous les niveaux de la chaîne captive des marchés de consommation auxquels nous sommes condamnés, le patron de la CGM qui ment et se rend complice des vieilles pratiques coloniales de marché captif, les exportateurs de l'europe qui demain se frotteront les mains de la manne des 200 euros "gagnés par la lutte", soit 16 millions CHAQUE MOIS de consommation captive déguisée en "pouvoir d'achat", les importateurs qui augmenteront encore plus leur mainmise sur la distribution locale, les collectivités locales qui récupéreront bien vite les picaillons donnés en aumone....
Je sentirai demain l'odeur des vomissures débilées par les convulsions de rage d'un peuple une fois encore grugé par les bonimenteurs, une fois encore appâté par une fièvre de l'or, mais qui sera anéanti par toutes les conséquence de cette "grande victoire": perte d'allocations familiales, perte d'allocation logement, paiement de l'impot sur le revenu, perte des aides socales, mais aussi : augmentation des prix locaux, perte des emplois, disparition des services et des petits commerces ....
Il manque au tableau de chasse du collectif de ne pas avoir encore réussi à condamner les lâches travailleurs qui refusent de partager leurs primes de vie chère, leurs 25%, leurs 40%, avec ceux dont ils défendent la cause d'être des pauvres et des excommuniés de la grande messe de la consommation. S'il devait rester un espoir, serait-il celui-là ?
J'ai peur d'avoir encore envie de vomir .....
Chroniques humaines - Page 5
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vomir
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tourne-t-elle vraiment ?
Je voudrais garder une fenêtre ouverte sur le monde, une fenêtre propre, où je pourrais sentir de vrais parfums, voir de vraies images, entendre de vraies mélodies. Mais depuis quelques temps, je sens bien que ce qui me vient du monde ne sonne pas juste. Dans ma forêt tropicale, la fleur sauvage de l’orchidée qui ne pousse que dans ma forêt, qui est petite et chétive, cette fleur qui n’est rien d’autre que ce qu’elle est, cette fleur là ne ment pas. Je pourrais la disséquer sous l’objectif de mon microscope, lui faire passer tous les tests du monde, elle serait encore fleur, orchidée, tropicale.
Mais ailleurs, là où l’on fait passer une punition comme étant une défense, là où l’on fait passer la violence pour être un droit, là où les enfants sont soldats avant d’être enfants, là où tout est servi aux sens des autres comme un immense jeu de trompe-l’œil, là où rien en peut être accepté comme vrai, à un tel point que même ce qui est vrai devient douteux, il ne me reste que deux voies, dont je dirais qu’elles deviennent inutiles l’une comme l’autre, car mes lecteurs, comme tant d’autres, auront été dupés comme moi par les multiples facettes de ce jeu de miroirs mortels, à un tel point que même le secours du manichéisme le plus primaire ne les aiderait pas à y voir une vérité. Et par conséquent, tout ce que je pourrais apporter à leur compréhension pourrait être retenu non pas contre les faits, mais contre la perception que j’apporte de ces faits, et finalement me jetterait inexorablement dans un camp ou dans l’autre, étant entendu que les perceptions premières sont souvent acquises comme étant les plus justes, dans le sens de l’adéquation entre l’expérience acquise et les éléments perçus. Or, l’enquête, la recherche, l’expérience, l’étude nous enseignent justement que nous sommes abusés par nous-mêmes, et il devient alors difficile de concevoir une « vérité » en dehors de la recherche de ce qui constitue l’irréfutabilité de preuves.
La première voie consisterait, comme l’ont enseigné quelques sages, à fermer mes sens, ma logique, à faire taire mon intelligence, et finalement à tourner le dos à toute sollicitation qui voudrait que je cherche à comprendre -éventuellement à accepter- l’inacceptable, peut être pour ensuite excuser l’inexcusable. L’autruche. Le dos rond. L’indifférence.
La seconde voie consisterait au contraire à entrer dans cette danse macabre de la guerre, résultante abjecte des choix les plus radicaux, à soulever les cadavres empuantis de leur décomposition, à remonter le temps jusqu’à la racine de l’instant qui a produit ces conséquences monstrueuses. Une enquête. Une expertise. Une passion.
Alors, j’y suis allé de la seconde, avec la tentation de ne prendre parti pour rien, rien d’autre que rechercher les points saillants de l’Histoire, afin que, outre mes yeux, mes doigts puissent toucher ces pointes pour me guider en aveugle, si parfois il m’arrivait de perdre le fil de ce labyrinthe mortel, dans lequel la seule clarté qui vient éclairer les sens est celle de comprendre les liens qui se rapportent aux faits, aux actes, et aux idées qui les ont organisés.
Il serait assez simple d’en faire un schéma rapide, un mémo transcriptible en quelques feuillets, avec des termes clairs, étaler des récits simples, avec des mots précis. Mais si Cassandre n’était pas écoutée sur ses prophéties, qui sera écouté sur l’explication des causes du mal qui ravage ceux qui aujourd’hui ont fait vœu de violence ?
Non pas que j’ai tenté de me taire, ou de ne pas réconcilier les recherches que d’autres ont fait bien avant moi. Mais ceux qui étaient susceptibles d’entendre ne l’ont pas écouté, ceux qui étaient capables de le comprendre n’ont pas voulu l’admettre, et finalement, à part ma conviction et mes mots, il ne reste rien. Rien que ma forêt qui continue de pousser, avec ses lianes urticantes qui étouffent les arbres, ses orchidées si humbles qui profitent du soleil pour fleurir. Si. Cette phrase de Galilée à la fin de sa vie : « et pourtant elle tourne ».
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La tendresse
La tendresse, c'est un très vieux réflexe de "marquage", que nous possédons dans notre cerveau mammalien, qui n'a pas changé depuis quarante mille ans. Elle permettait, par le frottement des pelages porteurs de phéromones différentes, de créer une nouvelle odeur qui ne serait reconnaissable que par ceux qui l'ont créée .... et par ceux qui seraient créés avec ! Il en reste des traces: un nourrisson ne reconnaît sa mère qu'à l'odeur de ses phéromones, que l'on trouve dans sa sueur.... et dans son lait. Avec les milliers d'années qui ont forgé notre évolution sociale, ce réflexe est passé à un rapprochement entre les êtres où la recherche de douceur et de protection a pris le pas sur le marquage odoriférant.
Aujourd'hui il semble que la tendresse soit réservée uniquement à ceux qui s'aiment "à deux". Ceux-là ont bien de la chance d'être sûrs de trouver chez leur partenaire le lieu physique où poser leur tête sur une épaule amie, de se sentir enveloppé (e) dans des bras accueillants et solidaires, même si ce n'est qu'un instant, pourvu que cet instant soit du pur bonheur, de l'extase consolateur aussi brillant qu'un soleil dans la nuit, qui n'exige rien, qui ne demande pas compensation.
Et tant pis pour ceux qui aiment "à coeur ouvert". Leur tendresse devient suspecte, elle est "politiquement incorrecte", elle suscite des jalousies et des envies... Mais être tendre ce n'est pas forcément fonder un foyer ni tromper qui que ce soit... Etre tendre c'est oublier son adulterie (on dit bien enfance, alors ! ), et toutes les con-tingences (oui, je le fais exprès ! ) qui vont avec, pour retrouver la béatitude à l'autre, se retrouver consolateur (trice) sans pour autant en tirer un pouvoir, se sentir consolé (e) sans en déduire un devoir, être libre d'accepter que ce regard humide et désolé vienne se poser au creux de l'épaule et s'épanche en toute confiance, en toute sécurité, en toute sérénité, accepter de venir enfoncer son nez dans un cou tiède et doux, et fermer les yeux, le temps de quelques respirations, le temps de baisser le rideau de la vie un petit moment, avec cette tendresse là, simple, fidèle, étale comme une marée basse, au sein de laquelle les batteries du coeur se rechargent à grande vitesse.
Et pardon pour ceux qui voudraient en avoir un peu, de la tendresse, et qui ne reçoivent rien, ni le don de l'enfance, ni la simplicité du coeur, ni la chaleur des corps qui se touchent. D'un regard trop vite détourné, tellement le mal de l'autre est devenu édifiant, sensible, visible, il ne leur reste que la mendicité d'un échange, une prostitution du sourire contre une quelconque attention qui sonnera aussi faux que le reste. Et ceux-là mangeront alors leurs barrières de contingence comme des affamés mangent ce qui leur sert à marcher sécures, ils écraseront les barrières de la société, dénigreront la charité publique, enverront paître le SAMU social, invectiveront les gens heureux en crise absolue d'une immense jalousie, d'une profonde rancoeur, qui les font vomir de rage dans les tréfonds de la ville, alors que les gens heureux font l'amour au creux de la nuit.
La tendresse est une nourriture nécessaire à notre cerveau, à notre intelligence, à notre bien-être. Qu'elle soit vécue cachée dans l'intimité d'un couple ou étalée au grand jour sur un banc public, elle est aussi nécessaire que ce qui nourrit notre ventre ou que l'air qui fait battre notre sang. Mais nos sociétés imbéciles ont dénaturé cette nourriture, elle l'ont rendue socialement illicite, pour en faire un signe d'appartenance duale alors qu'elle est un ciment social et une garantie de liberté individuelle et collective.
La tendresse est un aliment qui ne rend pas obèse, car on en donne ou on en reçoit JAMAIS assez. Je ne connais personne qui soit mort d'avoir donné ou reçu trop de tendresse. C'est une nourriture qui est produite instantanément, mais qui ne se conserve jamais.
Avoir besoin de tendresse ne doit pas être l'objet de honte. Pas plus que ceux et celles qui peuvent en donner, ceux et celles qui la reçoivent n'ont pas à s'en cacher. La tendresse est un acte commun dans les tribus primitives, trop souvent comparée par nos observateurs cartésiens à une lascivité sexuelle ou à un manque de fidélité. Le rapport peut évidemment être remarqué, mais il n'a en commun que des signes apparentés aux préliminaires amoureux, sans en avoir l'objectif ou la corollaire.
(À suivre)
(c) Pablo Robinson - 07/2008
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Mais que faire de larmes ?
D'aucuns grands spécialistes du métabolisme diront qu'elles rincent l'oeil. Elles pourraient aussi être la conséquence mécanique d'une pression exercée par un afflux sanguin bloqué au niveau des sinus par la syncope émotive générée elle même par une forte émotion "à couper le souffle" (syndrome du sanglot). Bon, d'accord, très drôle (enfin, presque ...), mais que contiennent-elles ? que deviennent-elles ?Des chercheurs russes ont développé depuis une dizaine d'années des études assez prometteuses sur la "mémoire de l'eau".... un caillou lancé donc dans le grand jardin (très vide au demeurant) des adeptes de la médecine homéopathique, qui soutiennent qu'une molécule liquide de principe actif, dilué 10 000 fois contient encore des principes actifs, lesquels vont à coup sûr se manifester au sein de 50 litres (minimum) d'autres liquides, organiques, eux, et que cette dilution aura une "anti-activité" susceptible d'apporter une réponse "inverse" au principe actif qu'elle contient.... Je simplifie pour les profanes.Mais une larme ne contient pas que du sodium à 0.09% et quelques résidus uriques. Si l'on part du principe de la mémoire de l'eau, et vu la faible distance entre une glande lacrymale et le cerveau, je finis par me demander si les larmes n'emportent pas avec elles tous ces miasmes intellectuels et affectifs qui ont été (en partie) la cause de leur émission, simplement du fait que notre cerveau est un émetteur d'ondes, et que celles-ci, à la faveur du sodium que contiennent les larmes, ne sont pas capturées par les ions qui naviguent dans ces océans d'eau, comparativement à la taille des atomes qui composent les fameux "principes actifs".Bref, imaginons des larmes chargées de chagrin, de peur, de solitude, d'angoisse, de souffrances foetales, physiques, sentimentales affectives et sexuelles, de rancoeur et de rage, le tout enfin évacué par une bonne "crise de larmes".... c'est vrai, reconnaissons-le, pleurer ça fait du bien.Donc, partant du principe du fameux Christian Hahnemann, inventeur de l'homéopathie, la consommation de larmes diluées devrait provoquer logiquement l'inverse du principe actif qu'elles contiennent; apporter la paix là où il y a la guerre, la joie là où il y a la peine, apaiser les souffrances, calmer les rages les plus tenaces, consoler les plus grandes peine, etc. ....je n'irais pas à dire qu'une cure homéopathique ferait revenir le prince charmant, ou en faire arriver un autre plus valeureux (quoique...). Bref le principe est là.Que tirer de cette leçon ?
-1- Que ceux qui pleurent ont en eux une source de richesse infinie . Il leur suffit de récupérer leurs larmes, de les diluer à 5 ou 7 ou 9 ch (voir à la rigueur un traité de fabrication homéopathique, c'est toujours instructif ! ), selon le principe du brave docteur cité plus haut, et de vendre l'elixir ainsi préparé sous forme de remède contre toutes les sources de larmes, dont une liste exhaustive est déjà citée plus haut. Même sans remboursement de la sécu, des ventes à 1 euro la mignonnette de 5 cl, soit, à raison de 0.035 ml par goutte utilisée, 1500 doses environ de bonheur réparateur, voilà qui est "donné" pour un tel service rendu !-2- Que celles (plus nombreuses statistiquement que "ceux") qui pleurent comme des fontaines au point d'en remplir une baignoire, ont en elles une fortune à faire ! Quoi de plus réparateur qu'un bain homéopathique dans des larmes diluées 100 000 fois dans une eau pure ! Quel remède miraculeux et durable ! Laver une seule fois tout ce qui a été à la source de tant de peine ! Et du coté lucratif, pardon ! Pour une baignoire de larmes pures remplie, vous avez un capital de 100 000 baignoires potentielles, à 350 euro le bain réparateur (une telle cure vaut bien un tel prix), vous voilà en un seul chagrin d'amour à la tête de 35 millions d'euros... Et que dire si la pauvresse se fait un chagrin lucratif tous les ans....Bon, je vais être gentil, je demande juste un gros bisou par litre de larme vendue, et 2% de commission pour chaque entreprise créée .....
Pablo Robinson - (c) 27/06/2008 - Mon idée n'est pas saugrenue, et la présente publication fait naturellement office de dépôt de découverte géniale, porteuse de droits internationaux. Mais rassure toi, cher lecteur, chère lectrice : cette idée est vieille comme le monde. D'ailleurs, un dicton dit bien: "ravale tes larmes, ça te donnera de la force ! ".... donc, on va dire ... heuuuu ... CQFD ?
Une pensée pour Salvia ...
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Migration Express
"abenvouala ! " dirait MH dans un cas semblable. "t'as fait la moitié du tour de a terre, participé à ta manière aux émissions de CO2, avec une consommation de 0.035 litres de kérosène au km (ben voui, chaque passager bouffe en un seul aller retour antilles-europe la coquette quantité de 490 litres de kéro) , évacué à toi tout seul 196 kg de CO2 dans la stratosphère, et tout ça pour faire quoi ?"
du "business", rencontrer des gens (comme si c'était pas possible de faire pareil avec internet !!! pffff), et vu des ami(e)s lorsqu'ils (elles) ont bien voulu se rendre visibles.... Je n'oublie pas la ballade sérénale dans les pins de la forêt de fontainebleau, le dîner si sympa à Barbizon, la route pluvieuse jusqu'à Dijon, une visite d'usine sur le bord de l'Yonne à Auxerre et un autre dîner au Dôme, mémorable aussi celui-là... et aussi une trainerie dans le Marais, avec une halte pensive devant la vitrine du palais des thés, quelques furetages dans les vieilles boutiques des ruelles qui s'évadent autour de la Bastille. Je n'oublierai pas la visite de la Rotonde du jardin des plantes avec son excellente exposition sur un archipel des Seychelles et le sourire radieux de Salvia..
le problème c'est que rien qu'en Martinique, on est 2000 à prendre un avion pour la France, chaque jour .... Alors, question écolos, on repassera.
Avec le pétrole qui s'envole, le dollar qui s'écroule, et le monde qui s'excite autour d'un ballon rond. MH a raison; le roller et les transports en commun. la nuit tombe sur la mer des caraïbes, et mes pensées sont restées encore dans les brumes de la Bourgogne et les pavés de paris.
(c) Pablo Robinson-06/2008 -
Des nuits d’avion
je me repassais la scène. Celle où nous nous sommes embrassés. Celle où je te disais avec mes lèvres combien je t'aime, combien j'ai besoin de tendresse, Combien je souffre de ne pas pouvoir retenir ces moments-là plus longtemps, à part dans ma mémoire, comme des trésors cachés, que je ressortirais plus tard, lorsque la solitude serait trop lourde, lorsque l'appel de l'amour résonnerait dans le hallier, sans réponses, sans autre bruit que le vent faisant bruisser les feuilles aux sommets des futaies. Je ressens dans ces instants combien tes caresses me manquent, combien je voudrais en boire la fraîcheur, et à quels temps je voudrais les conjuguer avec toi, loin des choses du monde, loin des bruits et des interférences de ce qui peuple nos vies.
Je n'arrive pas à dormir sans sentir le frôlé de ton pied, sans recevoir le consentement de nos peaux qui se touchent avec l'envie de contredire ce que nos pensées égoïstes voudraient étouffer.
Plus tard, dans la nuit bruyante des réacteurs, entre les ronflements de ma vieille voisine et les dialogues du film qui se déroulait en somnambule dans un faux demi sommeil, dans un faux demi rêve, je me prenais à répéter ces phrases, comme des poèmes récités à tes pieds. Je me prenais à croire que tu écouterais en caressant doucement mes cheveux, que plus tard, tu te serais allongée près de moi, silencieuse et complice, laissant à nos doigts de découvrir ce qui ferait la part des gestes tendres, des caresses, et ce qui provoquerait autre chose, une montée en amour, dans en faire une lutte, sans en faire une conjugaison récitée comme une table de multiplication.
Et les douleurs de mon dos m'ont empêché de sombrer dans la suite d'un sommeil comme celui-là. Elles ont réveillé une analyse de pulsions, comme si le besoin de lâcher ce qui me fait souffrir (la dureté de tout, le manque de gentillesse à tous égards, l'absence de douceur de nos mots et de nos gestes, des miens en particulier) devenait presque une grossièreté, une envie insane, déplacée, douloureuse, comme s'il devenait impossible de passer une main légère sur ta tempe, d'effleurer le haut de tes joues avec un doigt sensible et chaud. C'est loin des rêves fous et sexués, des montées en cadences d'envies monstrueuses de disparaître dans un ultime orgasme calculé comme une page symphonique, joué avec l'orchestre de nos corps et lancé dans l'azur comme une apothéose insensée...
Au bout de ces songes terribles, la fin du voyage et mon dos qui s'est calmé enfin, et la douleur disparaissant comme une récompense, la béatitude d'être sans souffrance un instant de plus, le temps que la cabine s'éveille, que les gens s'ébrouent de leur propre torpeur, et que l'odeur du café vienne réveiller les sens et l'appétit. Les activités de la fin du vol m'ont volé mon envie de toi. Je me suis retrouvé à lire un bouquin, comme s'il était impossible de replonger dans mon songe, jusqu'à ce que l'avion se pose dans le petit jour et se range à sa place....
Le taxi m'a presque posé dans ce train, et, n’aurait été l'achat du dernier numéro de Musica et l'écoute du CD avec Glenn Gould, je serais encore reparti dans mes pensées absurdes.....
Si je t'aime ? je ne sais rien faire d'autre, finalement, mais mal, avec trop d'impatience, avec trop d'exclusivité, avec trop d'envies que je n'ose jamais dire, que je ne veux pas assez conquérir, par peur de me perdre. -
Et si le Ciel s'en mêle
Comprendrons-nous qu'en pleine saison sèche, le ciel se couvre de tant de pluie, en ce jour funeste qui fera demain de nous des orphelins, sauf à nos coeurs de s'ouvrir, à nos gorges de crier, de ce cri épouvantable qui doit nous libérer de nos peurs, nous réveiller de nos torpeurs, nous rendre à nous-mêmes, à notre nudité nouvelle, pour que nous habillions notre futur de liberté, d'amour et de sagesse, pour que nos pieds foulent les éteules des cannes en quête des autres hommes, tous confondus, lavés de toutes les fautes passées, neufs comme nous, prêts enfin à une rédemption durable pour de nouvelles moissons ?(c) pablo robinson -04/08 -
De l'ombre de Césaire
"pose tes mains sur le bois verni de mon cercueil pendant qu'il est encore là, et tu sens de l'Esprit monter en toi cette émotion, cette charge, ce testament, bref ce rien qu'un instant qui bouleversera ton sommeil, qui te posera au futur les questionnements sur tes actes, sur leur conformité, sur le tracé de l'élan que ces hommes là, avant toi, auraient donné à ce monde"
(c) Pablo Robinson - "Chroniques humaines"
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Hommage à Aimé Césaire
On avait beau se douter de quelque chose. On avait beau se dire que l'homme était devenu un vieillard, et que l'on avait assisté ces derniers temps à des errances que la sénilité pouvait justifier. Mais là ? La porte de sa vie a été refermée doucement, comme un murmure. Il est parti comme il a vécu, sans violence, sans éclat de gestes ou de voix.
J'avais dans mes bagages une image Africaine de la négritude, étalée sur de longues plaines de savanes, de déserts ou de forêts, là où les regards qui croisaient le mien n'étaient pas interrogateurs ni méfiants, où les mot "blanc" et "noir" se conjuguaient avec partage et insouciance, sans vouloir y deviner des luttes de classe ou des proéminences de dominations. Des endroits où ces mots de couleurs ne se prononçaient même pas. Ici, ce sont les premiers mots que l'on m'a dit. J'étais "blanc", fiché, classé, identifié comme tel. Je n'ai pas compris ce qui se passait. Je souffrais de cette discrimination, sans comprendre encore que d'autres subissaient la même douleur depuis des siècles. Puis, peu à peu, le cristallisoir a fait son oeuvre, sous l’insouciance menteuse des alizés. L' Histoire s'est révélée, et avec elle des horreurs que je n'avais pas su, des legs de non-dits qui rampent encore dans les mémoires, des viols étouffés par les faussetés du savoir être, des arrogances indignes de l'humanité, de tout ce que cache l'identité Antillaise.
Aimé Césaire a su l'écrire, le décrire, et sous l’apparente douceur de sa plume, il a brossé l'odeur sauvage de l'esclavage, le cri sans voix de l'inconnaissance de l'autre, la légation de génération en génération des souffrances mortifères de la négritude, se faisant le témoin et le chantre de cette détresse non dite, ou écrasée par l'ignominie lorsqu'elle arrivait à devenir un murmure. Il a su affirmer cette identité fondée sur des douleurs héritées et difficilement cicatrisées.Nos quelques rencontres, fortuites, rapides, sans grand temps pour nous mieux connaître, me laissent le souvenir de l'homme à l'apparence paisible qui cache au fond de ses yeux une flamme brûlante. Je ne sais pas avec quelle volonté et quelle sagesse il arrivait à calmer toute cette colère que d'autres auraient laissé éclater, sachant dans sa mémoire tout ce qu'il avait appris, et de l'Histoire, et des histoires que lui confessaient les petites gens de Fort de France. Je devinais dans son regard l'humilité de l'homme confronté à ses limites, celle de ses moyens, celle du temps, celle de l'autre. Je devinais avec quelle intelligence il avait préféré écrire, laissant par le tracé de ses mots une piste durable pour ceux qui voudraient comprendre, abandonnant à l'arbitrage du lecteur sa propre lecture de malheurs qu'il aurait pu taire, préférant, comme la plupart d'entre nous, verser le sable du temps de sa vie à des choses plus délétères.
Je voudrais saluer sa constance, la linéarité de son combat, la patience avec laquelle il a lentement instillé le baume de compassion et d'écoute auprès du peuple Martiniquais, ouvrant ainsi des yeux fermés par les routines du temps et par la lassitude d'un pays sans saisons, apportant une espérance pacifique et constructrice, éloignant l'inutilité d'une violence porteuse de haine stérile.
Puissent les générations futures reconnaître dans son oeuvre littéraire le guide qui a donné un nom et une fierté à la négritude.
(c) Pablo Robinson -
Ces Morts qu'on ne retrouve pas
« Mais si ! des corps on en retrouve, bien sûr » …. l’un des responsables de l’association Yahad-in-Unum parle des ossements qui affleurent parfois des fosses ayant abrité les meurtres de centaines de milliers de Juifs, de Roms, de Tziganes entre Varsovie et Moscou, parfois au milieu des jardins publics ou des terrains vagues des villes et des villages. Depuis 2005, le père Patrick Desbois cherche et trouve les sites des massacres perpétrés entre 1941 et 1944. des centaines de fosses creusées à la hâte sous la terreur des nazis, aux alentours ou au milieu de villages d’Ukraine, de Biélorussie, de Pologne, de Moldavie …. Autant de drames atroces où les familles étaient assassinées d’une balle dans le dos ou d’une rafale de mitraillette, après avoir été pillés, battus, violés, torturés.
C’est de ces morts là dont je parlais. Ceux qui ont soudain disparu un matin de 1941 ou de 1942. Ceux que les témoins âgés se rappellent avoir vu passer dans l’unique rue du village, terrorisés par les nazis qui abattaient à vue quiconque tentait de s’échapper, quiconque tentait de soustraire une victime à son horrible destinée, reconnaissant dans la file des camarades de classe, des voisins, des amis de leurs parents. Ces morts dont les ossements retrouvés n’ont pas de nom, pas de mémoire, pas de traces de vie.
Le mercredi 12 mars, la chaîne de télévision FR3 a diffusé le reportage effectué avec l’équipe du Père Patrick DESBOIS au cours de l’été 2007. Sans images spectaculaires, les journalistes ont montré avec simplicité combien la douleur de ces moments est toujours présente dans l’esprit de ceux qui ont été témoins des « aktions », des enfants au moment des faits. L’équipe de recherche du père Desbois dispose d’un détecteur de métaux pour retrouver les endroits d’où les nazis tiraient sur les victimes : ils récupèrent une à une les douilles des mitrailleuses ou des fusils, ce qui permet d’évaluer le nombre de personnes qui ont été assassinées à cet endroit : une balle, un Juif.En parallèle, d’autres équipes cherchent dans les archives pour tenter de retrouver les sites et les noms des habitants du village qui ont été assassinés, et indiquer aux descendants possibles les lieux où sont les dépouilles de leurs parents.
Les fosses sont des sanctuaires, qui doivent être respectées comme des sépultures. Il n’est donc pas question de déterrer les ossements. L’équipe s’affaire donc autour pour reconstituer les limites des lieux de tuerie, en faire un site reconnaissable au même titre qu’un cimetière, afin que les visiteurs puisse venir s’y recueillir et lorsque cela est possible, indiquer aux descendants des familles assassinées que les dépouilles de leurs parents sont là.
La tâche de l’association yahad in unum est gigantesque : reconstituer les archives locales depuis la Russie, les Etats-Unis ou Israël, immergées dans des documents constitués de plus de 14 millions de pièces administratives, de rapports, de témoignages, repérer les fosses sur la base des témoignages des habitants encore vivants, dont la plupart ont plus de 70 ans, enregistrer les images de ces témoignages afin qu’ils survivent aux témoins âgés, traduire les questions et les réponses, faire les recherches sur le terrain, comptabiliser les douilles pour évaluer le nombre de corps ensevelis, puis mettre en place les espaces de sépultures afin de consacrer les lieux et les rendre inviolables. Cette tâche et faite conjointement avec des Chrétiens et les Juifs de toute l’Europe, d’Israël, d’Amérique, sous l’égide du Père Patrick Desbois.
le vendredi 14 mars 2008, une nouvelle équipe a quitté Paris pour entreprendre une nouvelle mission de recherche, à la faveur du dégel, en Bielorussie (Belarus). Avant de partir, le Père Patrick Desbois a lancé un appel au cours de l’émission de FR3 qui était consacrée à son œuvre. « Nous ne pouvons pas construire l’Europe sans régler ce douloureux problème, et pour le faire, nous avons besoin d’aide. »Pablops: si vous voulez aider le père Desbois, vous pouvez m'écrire.