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martinique

  • Billet (doux) du matin

    Le journal France-Antilles du 12/04/2011, page 2, nous fait part des dernières nouvelles de la grève... Et l'on apprend que le syndicaliste Léandre Guillaume s'étonne d'une plainte contre X pour malveillances  : "ce qui est grave c'est que personne ne sait ce qui s'est passé, mais on accuse les grévistes" (sic).

     

    On se demande de qui ce personnage se moque. Il voudrait faire accroire que le personnel qui travaille à Bellefontaine ne connait pas par coeur les procédures de fonctionnement des moteurs dont ils ont la charge depuis 20 ans ! Et que subitement, à 2 heures du matin, un raz de marée imaginaire, ou un tremblement de terre dorlissien, ou encore une éruption d'un volcan chamoisien, nés dans le roman de leur revendication idyllique, aurait tout à coup coupé les disjoncteurs de 10 moteurs !

     

    Je vais vous dire ce que j'en pense. Il faut d'abord savoir que les revendications qui sont à la source de cette affaire ont pour origine d'exiger de mettre dans le droit privé des accords passés il y a longtemps et qui sont exclusivement de l'ordre et du ressort du droit public. C'est en tous cas ce qui émane de la consultation du Conseil d'Etat du 7 avril 2011, qui a rejeté les doléances des grévistes de la Réunion, dont les agents martiniquais ont cru bon d'en prendre trop vite l'attache, croyant y trouver là une opportunité supplémentaire de "sucer le bonbon" (locution bien connue chez nous). Pensez-donc ! récupérer 15% de prime supplémentaire ! Mais voilà, ça ne marche pas d'un coup de baguette magique, et le Conseil d'Etat a mis le holà en disant la réalité du droit. Sans rentrer dans les détails scabreux de cette histoire lamentable, et pour résumer, disons, comme Shakespeare, que tout ce merdier ressemble à "beaucoup de bruit pour rien"... 

     

    Comme le dit la rumeur de la rue, vieille amie du bon sens et ancêtre des sondages : "on n'avait vraiment pas besoin de ça !". Du reste, man ti sonson attend de pied ferme sa prochaine facture EDF, et je ne parierai pas un euro sur ce qu'elle en fera, allumer son canari ou emballer ses épluchures, voire pire ... 

     

    On pourrait presque en rire, d'une telle farce, sauf que ....

     

    Sauf que l'ensemble des habitants de Martinique a subi les conséquences de cette folie, à un moment où notre économie s'enfonce dans la fièvre de la récession, avec son train de licenciements, de fermetures de magasins, de dépôts de bilans, et, pour parler plus social et intime, de dépressions nerveuses, de colères singulières, de rancœurs, de tristesse et de désespoirs.

     

    Il reste à espérer (le mot n'est pas trop fort) qu'il existe quelques sages au sein des instances négociatrices pour mettre un couvercle de raison sur cet imbroglio putride et qu'on puisse passer à autre chose de plus sérieux : créer des emplois, par exemple, ce qui serait, vous l'avouerez, plus conforme à une activité syndicale pour une centrale d'aussi grande renommée que celle dont ils est question.

     

    Mais qui va payer les dégâts, maintenant ? Il nous reste, à nous, victimes non consentantes de cette sombre gabegie, à inventorier le préjudice moral, matériel, professionnel et social que nous avons subis, à prendre notre courage à deux mains, et, tout comme l'a fait la direction d'EDF, à porter plainte contre X pour les motifs cités plus haut.

     

    Pas de violence, non, mais une détermination sans faille pour faire, nous aussi, valoir nos DROITS à la PAIX, et demander réparation pour ce que nous avons perdu matériellement, physiquement, et moralement. 

     

    Il ne s'agit pas de faire "grande bouche , petites mains"... mais pour une fois, LE FAIRE 

  • Ceux qui veulent que ça "pète"

    Il faut croire que les syndicats qui entraînent les grévistes à faire de la Martinique la capitale mondiale des grèves en tous genres veulent clairement amener la population à réagir avec violence, provoquant au gré des réflexions le sentiment d'une attente d'explosion. Ce qui les amènerait à exercer leur dictature de manière encore plus claire, comme ils le font depuis des années.

     

    La revendication des bas salaires est une chose, lorsque l'échelle des revenus porte atteinte à la notion de justesse et de justice. Mais lorsqu'on a la chance d'avoir un emploi stable, un salaire correct et qu'on réclame toujours plus en prenant en otage ceux qui n'ont ni cette chance ni ces droits, on n'est plus en phase avec la notion générale d'une société. La situation générale moribonde de l'économie de la Martinique, dont les grèves sont autant la cause que le marasme économique général, ne permet pas d'exiger les largesses de salaires que les grévistes réclament, et sont une injure grave à ceux qui sont privés d'emploi ou dont les salaires sont limités par faute de valeur ajoutée. Et je ne parle même pas des artisans et des commerçants, qui, eux, dans leur grande majorité, ne peuvent même plus prétendre à avoir un revenu cohérent avec le travail qu'ils produisent.

     

    Les revendications des grévistes  d'EDF, mélangées savamment par les syndicats aux revendications plus économiques d'autres corporations artisanales, ont pour objectif avoué de provoquer la population, soit à réagir par la violence, soit à continuer à se taire, et par son silence, à approuver ce qui est aujourd'hui du domaine de la honte et de la provocation.

     

    L'abus de droit est un délit (articles 1382 et 1383 du code civil) et les 29 pages de jurisprudence montrent bien à quel point la justice s'attache à en démontrer l'importance. Or cette situation, dans les conditions sociales et économiques que connait la Martinique, constitue de fait un abus de droit.

     

    Ils veulent que ça passe ou que "ça pète". Mais si "ça pète", ce seront toujours les mêmes qui paieront, c'est à dire NOUS! Et cette fois, avec nos vies et celle de nos enfants.

     

    Et de cela, il n'est plus question. Le "contrat moral" est rompu. Notre action au sein du groupe "oui au droit de grève, non aux blocages" vise à aider nos compatriotes, la population de la Martinique AVEC ceux qui ont choisi de partager son destin, d'où qu'ils viennent, à se réveiller de cette lente et longue maladie qu'elle subit depuis 150 ans : au prétexte d'être nu, d'être noir, d'être pauvre, ou je ne sais encore quelle "excuse historique", se croire impuissants à modifier le fil de nos vies, et subir depuis si longtemps toutes ces intimidations sociales, économiques, politiques.

     

    Et se taire lorsque le bâillon économique est mis avec tant de violence sur nos bouches. 

     

    Et courber le dos sous la dictature de quelques roitelets qui prennent une élection syndicale comme étant une reconnaissance dynastique due par tous !

     

    Et encore se taire devant le rouge d'un maillot parce que celui qui le porte se donne le droit de l'insulte à la couleur de peau, à l'origine du sang ou l'origine du sol, au métier, à celui qui fait commerce, ou encore au citoyen banal qui souhaite humblement vaquer à ses affaires.

     

    Notre rôle a cette noblesse de vouloir réveiller ceux qui sont endormis par les effluves insanes du paraître et du non-dit, cachés derrière la compensation de la consommation à outrance, outils de gavage d'un élevage humain dressé à obéir à celui qui parlera le plus fort oui brandira la menace la plus cruelle.

     

    Notre rôle serait idyllique si nous pouvions le faire avec douceur et amour. Nous le tenterons.

     

    Non pas que nous serions des mous, des lâches, ou sans force: que non! notre pacifisme et notre retenue représentent une force bien plus grande que celles de nos bras ou des armes qu'ils pourraient porter, car la maîtrise de notre colère légitime par notre présence d'esprit et notre détermination ne trouve aucune équivalence en face de nous. 

     

    Nous sommes des enfants de Césaire, nous allons utiliser les mêmes armes que les siennes: le droit, la parole, les mots, la détermination, la ténacité, et suivre avec humilité son chemin du réveil. Et si ceux qui hier encore croyaient pouvoir cracher à la figure des peuples qu'ils oppriment par leur arrogance, leur insouciance et leurs égoïsmes, qu'ils sachent qu'ils ne le pourront plus le faire impunément . 

     

    Et si leurs insultes et leurs crachats demain nous atteignent parce que nous aurons fait écran à leur vindicte, alors ces stigmates deviendront pour nous signes de bénédiction, car ceux que nous voulons protéger aujourd'hui , ceux qui se terrent dans leur silence de damnés, oui, ceux-là nous sanctifieront, jusqu'à leur réveil, qui est lent et douloureux, comme notre colère est douloureuse aujourd'hui.

  • Les patayos: -2- Les pieds au mur

    pieds au mur.jpgSi certains français de Martinique ont des volontés politiques marquées, s'ils ont des idées d'émancipation, s'ils souhaitent partager leur amour indéfectible d'une liberté de pensée ou d'opinion, tout en restant dans leur pays de naissance qui (qu'ils le veuillent ou non) appartient à la France, alors ils seront respectés, adulés parfois, dans tous les cas écoutés.

    Le texte cinglant de Raphael Confiant ( lire en annexe ci-dessous) est d'une illogique implacable. Je ne doute pas que les quelques milliers d'agitateurs et de bloqueurs de zones économiques vitales qui ont "agi" entre les mois de février et mars 2009 aient tous voté pour le OUI à l'adoption de l'article 74 de la constitution française. Ils sont très probablement parmi les 32 453 votants adeptes du OUI.

    Ils étaient bien moins nombreux dans les rues de Fort de France à faire fermer les commerces sous la menace de pillages ou à bloquer les zones commerciales. Et effectivement, ils l'ont fait avec la complicité lascive des autorités, manipulées probablement par le machiavélisme Sarkozien qui voyait là une bonne opportunité pour monter un coup politique et une manipulation de grande envergure.

    Le résultat du referendum en est aujourd'hui la preuve éclatante.

    Mais voilà : ils ne sont pas seuls. Ils sont ce qu'on appelle une "minorité agissante" . Laquelle ne tient pas devant l'inertie pacifique de la démocratie. 126 648 autres français de Martinique ont dit NON. Peut-être ont-ils eu en arrière pensée que sous une autonomie partielle un autre coup d'état serait possible avec encore moins d'acteurs... et encore moins de protection...

    Ceux qui ont dit NON sont probablement les mêmes que ceux qui ont été assignés à résidence pendant plus d'un mois, probablement les mêmes salariés aujourd'hui chômeurs par la seule faute de ceux qui ont voté le OUI franc et massif des patayos.

    Ceux qui ont dit NON sont les Tamoins et les Tanous, ceux qui construisent chaque jour la Martinique avec autre chose que des paroles utopiques ou des mensonges truqués par les vitrines des fausses libertés environnantes: Cuba, Haiti, Saint Domingue...

    Ceux qui ont dit NON sont les milliers de familles désemparées, privées de toute espérance, privées des droits les plus basiques: se déplacer, travailler, apprendre.

    Ceux qui ont dit NON sont les artisans, les commerçants, les professions libérales, ceux qui ont perdu leur droit légitime à gagner leur vie par leur propre travail.

    Non! Tous ceux-là ne sont pas titulaires, comme l'auteur Confiant, d'un poste dans une administration de l'état français, qui octroie plus qu'un salaire, une vraie pension, augmentée de 40% de la valeur travail, à des gens qui seraient probablement incapables de gagner le même salaire s'ils travaillaient dans le "vrai" monde du travail : celui de l'effort, celui de la concurrence, celui de la jungle des affamés de la vie, celui des diplômés sans travail.

    Les insulter de la sorte relève d'inintelligence. Ceux qui devaient dire OUI l'ont fait. Mais ils ne sont ni le peuple, ni même le ferment du peuple, car le levain qu'ils portent est un poison qui détruit, un virus qui étouffe, une fausse espérance, une insulte au bon sens et à l'intelligence.

    Les insulter, c'est reconnaître sa propre impuissance, c'est porter en soi la fange excrémentale qu'on ose vomir sur ceux qui ont été probablement les plus cohérents avec leurs idées, c'est admettre que ceux qui ont porté ces idées-là en matière de dogme irrésolu ne sont pas des démocrates, mais des hommes violents, de futurs tyrans sans doute.

    Mais par dessus tout, ce molard craché à la tête de nos concitoyens permet de mesurer la vraie valeur de la démocratie, le vrai poids du nombre. Et par comparaison, l'étrange sensation que le venin peut sembler salutaire à petite dose, mais qu'il est bel et bien mortel dans son essence.

    Un jour, il faudra que Monsieur Confiant nous raconte sa petite enfance, qu'il nous parle de "ce peuple" qui est le sien, et comment il a pu vivre au milieu de "sous-merde, un ramassis d’aliénés, d’alimentaires et de lâches. Une tâche sur la carte du monde, une salissure. Un étron." (sic).


    annexe: le texte paru le lundi 11 janvier 2010 par la rédaction de Montray Kreyol

    « PÉYI-A SÉ TA NOU, SÉ PA TA YO ! » (« CE PAYS EST À NOUS, PAS À EUX ! »), CLAMAIENT-ILS EN FEVRIER 2009…


    Jamais à Cuba (communiste), ni à Barbade (capitaliste) Saint-Domingue (social-démocrate), on ne verrait le pays bloqué durant plus d’un mois à cause d’une grève générale.

    JAMAIS!

    Au bout d’une semaine, les forces de police ou l’armée débloqueraient les routes, rouvriraient les commerces et entreprises, rétablirait la libre circulation des personnes et des marchandises. Il n’y a que dans ces colonies de consommation que sont la Martinique, la Guadeloupe et la Guyane qu’une telle chose est possible. Dans ces OVNI politiques, le Papa Blanc autorise ses chers enfants nègres à brailler, défiler, réclamer, exiger autant qu’ils le veulent. De toute façon, personne ne mourra de faim! Il les autorise même à proclamer que «le pays leur appartient désormais» et que le temps de la «profitation» est fini et bla-bla-bla…

    Le Papa Blanc se marre. Ses enfants nègres ne sont pas sérieux. Ils ne croient pas un mot à ce qu’ils disent. D’ailleurs, pourquoi ont-ils «déboulé» en février, mois du carnaval, et pas en octobre ou en novembre? La preuve: quand on leur organise une consultation pour savoir s’ils seraient prêts à entamer un tout petit début de commencement d’autonomie, ils battent aussitôt en retraite comme des «crabes-c’est-ma-faute». Oublié le «Péyi-a sé ta nou!»! Aux orties les rodomontades du genre «Jou nou ké ajounou pòkò wè jou»!

    Tout le monde aux abris!

    73% de «NON» en Guyane et 80% en Martinique. Donc si l’on comprend bien, les mêmes qui ont défilé et braillé en février pour faire plier l’État «colonialiste» votent aujourd’hui comme un seul homme pour rester à jamais enlacés dans les bras de ce même état colonialiste. Français jusqu’ad vitam aeternam, voilà ce qu’ils veulent être et rester!

    À ces gens, je dis: allez vous faire foutre! À ce peuple, je dis qu’il n’est qu’une sous-merde, un ramassis d’aliénés, d’alimentaires et de lâches. Une tâche sur la carte du monde, une salissure. Un étron.

    Je comprends pourquoi vous ne voulez ni de l’autonomie et encore moins de l’indépendance. Dans un Martinique libre, comme à Cuba, à Barbade ou à Saint-Domingue, jamais vous n’auriez été autorisés à foutre la merde et à bloquer tout le pays pendant plus d’un mois.

    Vous avez raison: restez français jusqu’à la fin des temps et continuez à brailler et à manifester régulièrement pour que le Papa Blanc vous accorde 200 euros d’augmentation de salaire et n’augmente pas le prix de l’essence, même si le cours du brut augmente sur le marché mondial.

    Adieu (ou plutôt «Au Diable!»)…

    Raphaël Confiant

  • Les Tamoins, les Patayos et les Tanous

    devise shadock 01.jpgEn Martinique, le slogan des évènements de février 2009 était: "matinik cé patayo, matinik ceta nou":
    (la martinique c'est pas à eux, la martinique c'est à nous) .

    De ce slogan, j'ai tiré 3 profils:
    les "tamoin" (à moi),
    les "patayo" (pas à eux),
    les "tanou" (c'est à nous)


    le "tamoin" : Martiniquais de souche, ou "étranger" qui s'est installé depuis longtemps, il travaille pour son compte ou est salarié dans le privé: il travaille beaucoup, participe à l'économie du pays, a réussi à mettre un peu d'argent de coté, s'est acheté un bout de terrain ou a hérité, s'est construit par les moyens du bord sa petite maison. Il adore la France, est fier de son passeport, paye tant bien que mal ses impôts. Il tient au statut de son île, déclare facilement que ce qu'il a, il ne l'a volé à personne, et revendique que la Martinique "c'est à moi" (cé ta moin)

    le "patayo": Martiniquais de souche ou "négropolitain" revenu au pays, il travaille (si l'on peut dire) dans une collectivité municipale, départementale ou régionale, ou encore est "fonctionnaire" de "l'Administration". Il revendique avec force les 35 heures, touche les 40% de vie chère, avec lesquels il investit dans l'immobilier défiscalisé. Lorsqu'on lui reproche d'en faire le moins possible, il répond avec fierté que ce que lui donne l'Etat (ou les collectivités) - c'est à dire l'argent des autres - est en fait la "réparation", qu'il considère comme un dû, bien que ni lui ni son grand-père n'aient jamais été les esclaves de personne. Il râle contre la vie chère que son propre salaire a aidé à créer, fustige la "justice" mais se comporte en tyran avec ses locataires pauvres, invective l'artisan qui travaille pour lui, ne paye pas ses factures et malgré tout roule dans des autos haut de gamme, le plus souvent fabriquées en Allemagne. C'est le partisan idéal et incontournable des évènements de février. Sa revendication consiste à rejeter ce qui ne lui ressemble pas: "Matinik cé pa ta yo" : la Martinique ce n'est pas à eux. Mais il ne dit pas qui son les "yo"... on se doute qu'il parle des "tamoin", mais ce n'est jamais clair ... quand à dire que ce sont les tanou, il s'en défendra toujours, respect de castes oblige ...

    le "tanou": Martiniquais de souche, souvent xénophobe "par le haut" (il est allergique à toute concurrence), le tanou est ancré depuis des siècles sur les roches visqueuses qui bordent l'île, souvent face à l'atlantique. Le tanou sait saisir les opportunités, traquer les monopoles, et surtout s'en servir. Il connait les rouages du commerce, les leviers des subventions, les ploiements nécessaires aux obéissances serviles, les mots endormeurs pour les politiques, les acquiessements aux promesses sociales, mais il sait surtout le sens des flux économiques. Il dit oui aux patayos pour augmenter les salaires, du moment que ce n'est pas lui qui débourse l'argent, et du moment que cet argent se retrouvera de toutes façons dans ses affaires, magasins, grande distribution, entreprises de services. Le tanou a le menton haut, la sympathie du requin, et se targue d'une chevalière portant des armoiries souvent ramassées dans les poubelles du royaume de france, seigneuries ou baronnies balayées par les guerres et la révolution, dont la particule n'a pas plus de valeur que la voiture allemande que conduit avec fierté le patayo d'en face, que le tanou lui a vendue, bien entendu.

    Le tamoin représente la plus grande partie de la population. Il détient le pouvoir social et économique, mais il ne le sait pas. Il pourrait faire changer les choses, mais le temps qu'il devrait y consacrer mangerait celui qu'il consacre à son travail. Le tamoin est rustre, il n'aime pas trop la compagnie, se méfie des grandes messes et des foules. C'est ce qui fait sa perte.

    Le patayo représente le pouvoir social actif: les patayos ne sont pas nombreux, mais ils parlent fort, s'agitent souvent, et consacrent plus de temps à la gesticulation sociale qu'à la tâche que leur octroie leur condition professionelle. Comme il ne travaille pas beaucoup, le patayo a le temps de comparer comment vivent les tamoins et les tanous, et il ne comprend pas bien comment ils arrivent à être heureux alors qu'ils travaillent plus que lui. Le patayo est un as du rassemblement, il sait faire vibrer la corde de la solidarité et faire croire que ce qui est donné pour la "cause" est juste et sera tésaurisé au paradis des gogos.

    Le tanou a pour lui l'inertie immense des patayos et la faiblesse des tamoins: ainsi il peut faire tranquillement ses affaires, cibler ses victimes, et remplir ses poches tranquillement. Le tanou utilise la Martinique comme une mine, mais il a placé ses interêts ailleurs, à Paris, en Chine ou aux USA. Le tanou passe ses dimanches à attraper son cancer de la peau en grillant sur le roof de son bateau, sait faire des réunions secrètes, sait tenir sa langue, sauf quand il a trop bu après avoir été invité par des journalistes de "là-bas". C'est un spécialiste des contre feux et des diversions, un homme de l'art, que Machiavel aurait pu citer.

    En février 2009, les patayos ont lancé une révolution: ils voulaient que les tamoins continuent à travailler, mais en leur donnant le fruit de leur travail, et que les tanous continuent à les fournir en denrées alimentaires et autres, mais sans faire fortune.

    Ce fut un échec.

    (fin du premier épisode)

  • vomir

    On croit réver ! l'homme de l'ombre, celui qui tire les ficelles derrière le rideau du collectif se détache de son camouflage à la lumière de la réprobation légitime... Le fossoyeur "innocent" des entreprises martiniquaises estime que "la victoire viendra de la détermination des travailleurs et travailleuses de Guadeloupe et de Martinique. C'est notre principal et essentiel atout! " Quel atout ? 15000 chomeurs en plus ? 5000 commerces perdus ? 1500 professions libérales qui jetteront l'éponge et iront rejoindre "le français moyen dans sa chaumière". Demain, le peuple martiniquais sera encore plus pauvre, encore plus dépendant, encore plus consommateur, encore plus pleutre, parce que ceux qui ont pris le pouvoir de la rue ne sont pas ceux qui ont été élus, parce que ceux qui raptent les entreprises, les salariés, les outils de travail et l'espace martiniquais ne sont pas ceux qui les payent, mais ceux qui sont hors du jeu, fonctionnaires hypocrites, profiteurs privilégiés et escrocs d'un système dont la faiblesse du pouvoir leur donne l'apparence d'une pseudo liberté qu'ils n'assument même pas en prenant la responsabilité publique de "leur" quête. Ils ne signent même pas les accords qu'ils ont éxigés "au nom du peuple" !

    Combien de Besancenot, de Pagot, de Joachin-arnaud, de Bové et consorts mettront la main dans leur portefeuille pour nourrir ceux qui n'auront plus d'emploi demain ? A U C U N ..... Comme aucun d'eux ne construit quoi que ce soit, ni entreprise, ni association, ni groupement d'artisans, ni groupement d'agriculteurs, tous porteur de travail, de production locale et d'indépendance économique et sociale. Ce sont des DESTRUCTEURS et l'efficacité de leur rôle politique n'a RIEN apporté au peuple martiniquais depuis 40 ans, sinon d'avoir renforcé l'emprise des puissants et la soumission des plus faibles, comme on ne peut en faire que le constat aujourd'hui...

    Je croyais retrouver un parfum de fleurs de café au lendemain d'une nouvelle fraternité, je croyais que le collectif se serait attaqué aux VRAIS problèmes sociaux, je croyais qu'ils auraient séquestré les VRAIS responsables, le représentant de l'ETAT qui se comporte comme un gouverneur aux ordres d'une politique d'abandon, tout en suçant les taxes à tous les niveaux de la chaîne captive des marchés de consommation auxquels nous sommes condamnés, le patron de la CGM qui ment et se rend complice des vieilles pratiques coloniales de marché captif, les exportateurs de l'europe qui demain se frotteront les mains de la manne des 200 euros "gagnés par la lutte", soit 16 millions CHAQUE MOIS de consommation captive déguisée en "pouvoir d'achat", les importateurs qui augmenteront encore plus leur mainmise sur la distribution locale, les collectivités locales qui récupéreront bien vite les picaillons donnés en aumone....

    Je sentirai demain l'odeur des vomissures débilées par les convulsions de rage d'un peuple une fois encore grugé par les bonimenteurs, une fois encore appâté par une fièvre de l'or, mais qui sera anéanti par toutes les conséquence de cette "grande victoire": perte d'allocations familiales, perte d'allocation logement, paiement de l'impot sur le revenu, perte des aides socales, mais aussi : augmentation des prix locaux, perte des emplois, disparition des services et des petits commerces ....

    Il manque au tableau de chasse du collectif de ne pas avoir encore réussi à condamner les lâches travailleurs qui refusent de partager leurs primes de vie chère, leurs 25%, leurs 40%, avec ceux dont ils défendent la cause d'être des pauvres et des excommuniés de la grande messe de la consommation. S'il devait rester un espoir, serait-il celui-là ?

    J'ai peur d'avoir encore envie de vomir .....

  • Et si le Ciel s'en mêle

     Comprendrons-nous qu'en pleine saison sèche, le ciel se couvre de tant de pluie, en ce jour funeste qui fera demain de nous des orphelins, sauf à nos coeurs de s'ouvrir, à nos gorges de crier, de ce cri épouvantable qui doit nous libérer de nos peurs, nous réveiller de nos torpeurs, nous rendre à nous-mêmes, à notre nudité nouvelle, pour que nous habillions notre futur de liberté, d'amour et de sagesse, pour que nos pieds foulent les éteules des cannes en quête des autres hommes, tous confondus, lavés de toutes les fautes passées, neufs comme nous, prêts enfin à une rédemption durable pour de nouvelles moissons ?
     
    (c) pablo robinson -04/08