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virus

  • Confinement: jour 13

    (30/3/20)
    Je découvre la faune de mon univers yourtal... un gecko mangeur de mouche, discret comme une ombre. Il pointe son museau le soir, s'accroche au dossier d'une chaise et me mate un moment, puis il disparait comme il est venu. Il y a aussi un chat, qui cantonne sous le plancher de la yourte. Lui je ne le connaissais pas. Ce voleur est venu sur la table installée sous ma toute nouvelle véranda, a ouvert le sac de pain dont je venais d'aseptiser l'emballage (voir plus loin), et a commencé à se faire un sandwich. Plus tard, ma voisine Natacha, émigrée russe ayant fait son nid de locataire dans une autre yourte voisine, m'a dit que "mon" chat courtisait la chatte de ses enfants. J'ai ri. Elle est courageuse Natacha, elle élève seule ses deux marmots en faisant la guide pour des touristes (en ce moment c'est plutôt maigre, les touristes), après avoir appris l'hébreu (comme tous ceux qui arrivent ici), puis l'anglais. Et donc elle s'exerce à décalquer la langue de Shakespeare sur son accent russe et veut que je lui réponde en anglais...

    Je suis allé faire des courses. Vaste programme pour aller chercher du pain, quelques biscuits et de la confiture dans le truc que les bédouins appellent un bazar. Evidemment aucune protection individuelle, les gens touchent à tout et rigolent lorsqu'ils me voient avec un masque et des gants en latex. Ils sont trois cent mille agglutinés dans la périphérie de Beer-Shéva, et à quelques kilomètres d'ici une ville sauvage a commencé à s'étaler dans les collines. De nomades, ils deviennent sédentaires, sans connaitre les codes de la vie semi-urbaine: propreté, civisme, code de la route, assurances, et, pire que tout, éducation sanitaire, sont des mots inconnus chez eux. Seul, le chef de la tribu décide de ce que chacun doit faire ou pas. Vu l'environnement, je crains le pire pour tout ce monde de bergers et de trafiquants, le virus ne va pas les oublier...

    Donc, une fois rentré, désinfecté au savon, j'ai passé tout ce que j'ai acheté à l'eau de javel, y compris les billets de banque et les pièces de monnaie, et j'ai désinfecté la voiture, sachant pourtant que le soleil fera le nécessaire pour détruire cette chose.

    Ben voui, un virus, ce n'est pas un être vivant, c'est une chose, une molécule enrobée de lipide (graisse), qui est transportée par les éléments et rencontre des cellules, vivantes, elles, qui l'absorbent et se vampirisent avec son ARN pourri et mortel...

    C'est là que "mon" chat a fait parler de lui... voleur !

    J'ai un nouveau défi: remplir chaque fente du parquet avec de la colle epoxy avant de faire un traitement de beauté pour le bois. Ça m'occupe, on dit.

    Demain, ce devrait être le dernier jour de "bidoud", de quarantaine comme on dit ici. Mais comme c'est parti, je vais avoir le temps de finir mon parquet. Chic ! il pleut (quelques gouttes, soyons modestes) !

    L’image contient peut-être : ciel, maison, arbre, plante, nuage, herbe, plein air et nature

  • Confinement: jour 10

    (vendredi 27/3/20).


    Mais que faire pour se rendre utile quand on est confiné au milieu du désert ? Comme je disais l'autre jour, cette chance que nous avons de vivre à notre époque est d'être en contact quasi-permanent avec le monde entier, et d'avoir accès à une quantité colossale d'informations. Mon ange d'épouse me dit derrière sa caméra qu'il ne faut pas s'obnubiler sur ce sujet. Ben tiens... Elle a raison ma chérie, surtout quand les infos que l'on reçoit sont biaisées par les intérêts de toutes sortes, à commencer et surtout politiques...

    Un exemple: sur le site de référence que j'ai déjà donné (gisanndata.maps etc...) les données chinoises n'ont pas bougé d'un pouce depuis plus d'une semaine. Ne vas pas me faire croire que d'un coup d'un seul il n'y a plus aucun nouveau cas ni aucun décès dans ce pays de plus d'un milliard d'habitants en 24 heures ! non, la courbe chinoise doit très logiquement suivre celle des autres pays, ce qui me fait penser que tout est faux. A comparer, les USA, pays démocratique et ouverts à l'information publient en temps réel ce qui se passe: les chiffres se passent de commentaires...

    J'ai trouvé un document - un peu long et technique, je le reconnais - mais qui explique très clairement le pourquoi et le comment de cette chose qu'on appelle un virus. Eclairant ! je le mets en fin de document...

    C'est shabbat ce soir. Ma chérie d'épouse m'avait concocté des repas qu'elle avait surgelé. Lorsque je suis arrivé à l'aéroport, il y a maintenant 10 jours, ma fille a posé les clés de mon Jimny sur le capot de la voiture et m'a dit de loin: "papa, tout est dans la voiture, bienvenue en Israel, on t'aime". Je venais de faire plus de 35 heures d'avion, il faisait nuit, et je devais encore faire 200 kilomètres pour rejoindre la yourte. Dans la voiture, elles avaient préparé le ravitaillement, du linge de rechange, et ce repas de shabbat que je vais manger ce soir, à petite dose, pour imprégner chaque cellule de mon être de l'amour qu'elle a mis pour le préparer...

    Le document :
    Le virus n'est pas un organisme vivant, mais une molécule de protéine ( ARN ) recouverte d'une couche protectrice de lipide (graisse), qui, lorsqu'elle est absorbée par les cellules des muqueuses oculaires, nasales ou buccales, modifie leur code génétique. (mutation) et les convertit en cellules agresseurs et multiplicatrices.

    * Comme le virus n'est pas un organisme vivant mais une molécule de protéine, il n'est pas tué, mais se décompose de lui-même. Le temps de désintégration dépend de la température, de l'humidité et du type de matériau où il se trouve.

    * Le virus est très fragile ; la seule chose qui le protège est une fine couche de graisse extérieure. C'est pourquoi tout savon ou détergent est le meilleur remède, car la mousse COUPE la GRAISSE (c'est pourquoi il faut frotter autant : pendant 20 secondes ou plus, pour faire beaucoup de mousse). En dissolvant la couche de graisse, la molécule de protéine se disperse et se décompose d'elle-même.

    * La chaleur fait fondre la graisse ; c'est pourquoi il est préférable d'utiliser de l'eau à plus de 25 degrés Celsius pour se laver les mains, les vêtements et tout le reste. De plus, l'eau chaude fait plus de mousse et cela la rend encore plus utile.

    * L'alcool ou tout mélange avec de l'alcool à plus de 65% DISSOUT TOUTE GRAISSE, en particulier la couche lipidique externe du virus.

    * Tout mélange avec 1 part d'eau de javel et 5 parts d'eau dissout directement la protéine, la décompose de l'intérieur.

    * L'eau oxygénée est utile longtemps après le savon, l'alcool et le chlore, car le peroxyde dissout la protéine du virus, mais il faut l'utiliser pure et elle est nocive pour la peau.

    * AUCUN BACTÉRICIDE NE SERT. Le virus n'est pas un organisme vivant comme les bactéries ; elles ne peuvent pas tuer ce qui n'est pas vivant avec les antibiotiques, mais elles désintègrent rapidement sa structure avec tout ce qui est dit.

    * Ne jamais secouer chez soi les vêtements, draps ou tissus usagés ou non utilisés. Bien qu'il soit collé sur une surface poreuse, le virus est inerte et ne se désintègre qu'entre:
    - 3 heures (tissu et poreux),
    - 4 heures sur le bois, (peut-être parce que le bois lui enlève toute l'humidité et ne le laisse pas se détacher et se désintégrer)
    - 24 heures (carton),
    - 42 heures sur le métal (sauf sur le cuivre, car il est naturellement antiseptique)
    - 72 heures sur le plastique.
    Si vous le secouez ou utilisez un plumeau, les molécules du virus flottent dans l'air pendant 3 heures et peuvent se loger dans votre nez.

    * Les molécules du virus restent très stables dans le froid extérieur, ou dans le froid artificiel comme les climatiseurs des maisons et des voitures. Elles ont également besoin d'humidité pour rester stables, et surtout de l'obscurité. Par conséquent, les environnements déshumidifiés, secs, chauds et lumineux les dégraderont plus rapidement.

    * La lumière UV sur tout objet pouvant en contenir décompose la protéine du virus. Par exemple, désinfecter un masque avec un éclairage UV permet de le réutiliser. Attention, la lumière UV à haute dose décompose également le collagène (qui est une protéine) de la peau, ce qui finit par provoquer des rides et le cancer de la peau.

    * Le virus ne peut pas traverser une peau saine.

    * Le vinaigre n'est PAS utile car il ne décompose pas la couche protectrice de graisse.

    * aucun spiritueux ni vodka, ne sont utiles. La vodka la plus forte est à 40% d'alcool, et il vous en faut 65%.

    * LA LISTERINE, SI, ELLE SERT ! C'est de l'alcool à 65%.

    * Plus l'espace est confiné, plus la concentration du virus peut être élevée. Plus l'espace est ouvert ou naturellement ventilé, moins il y en a.

    * C'est déjà maintes fois répété, mais il faut se laver les mains - après avoir touché de la nourriture, des serrures, des boutons, des interrupteurs, une télécommande, un téléphone portable, des montres, des ordinateurs, des bureaux, une télévision, etc. Et quand vous utilisez les toilettes.
    - avant de se toucher les yeux, le nez, la bouche et toute muqueuse humide de son corps.

    * HUMIDIFIER LES MAINS SÉCHÉES avec un hydratant corporel stérile après les avoir lavées, car les molécules peuvent se cacher dans les micro-fissures. Plus l'hydratant est épais, mieux c'est. * Garder aussi ses ONGLES COURTS pour que le virus ne s'y cache pas.

    Voilà. Je souhaitais me rendre utile, j'espère que cela t'éclairera et t'aidera.

  • Confinement, jour 7

    (mardi 24/3/20)

    j'avais décidé à l'aube qu'aujourd'hui je partirai en exploration lointaine dans mon désert. Je dis ça comme ça, mais en fait mon but était d'aller inspecter une baignoire abandonnée dans les dunes au bout de la vue de mes jumelles, à quelques milliers de pas comptés dans le sable. Si cette chose était récupérable, je l'aurais transporté chez mon voisin, amateur d'hétéroclite . Il en aurait fait probablement une oeuvre d'art, sculptant des fresques dans l'émail qui couvre la tôle ou la fonte, et vernissant son travail pour que les fesses des dames puissent se frotter aux délicates frises qui formeraient des fleurs improbables et des lianes voluptueuses...

    Sur le chemin j'ai observé toutes ces fleurs écloses avec la pluie du printemps: toujours petites, toujours délicates, blanches, roses, jaunes, dorées, elles colorent le fonds ocre devenu vert du désert, peu de temps, certes, mais assez pour rassasier les moutons de la bergère bédouine, véritables goinfres des raretés de la nature.

    Et plus je les observais, plus je m'étonnais du silence de cette tapisserie incongrue. Rien. pas un vrombissement d'ailes, pas un miaulement discret d'abeilles affamées de pollen. Aucune fleur n'était visitée par un pollinisateur quelconque, abeille, bourdon, mouche, papillon. J'avais beau aller d'un tapis de fleurs à l'autre, silence total. Pourtant il faisait beau, le soleil chauffait mes épaules autant que le sable, et je ne trouvais pas de raison valable pour justifier l'absence des abeilles. Sans elles, les fleurs ne feront pas de graines, sauf si le vent emporte avec lui les pollens et les redistribue alentour...

    Je suis arrivé finalement à ma destination. Une baignoire penaude, échouée dans la dune comme une barque qui aurait pu porter Moïse, portant comme une laisse un cordage qui avait dû servir à la traîner là, épave surréaliste d'une civilisation à l'agonie. Elle n'était pas en tôle, mais construite en fibre de verre, et elle était éventrée sur un coté. Mon voisin n'en voudra pas. Demain, peut-être, je la traînerai derrière ma Jimny, comme une carcasse morte, et je la déposerai près de la benne à ordures. Même dans le désert, on a un service de nettoiement municipal.

    Sur le chemin du retour, j'ai encore observé les fleurs, tout en ramassant les plastiques apportés par le vent.On n'imagine pas dans les villes le chemin que peut faire une bouteille en plastique ou un sac du même nom lorsque le vent commence à jouer avec. Dans le désert, on en ramasse sur des kilomètres...

    J'ai fini par renter dans ma yourte. Finalement, je crois que les abeilles font comme moi. Elles sont confinées.

    L’image contient peut-être : fleur, plante, nature et plein air
  • Confinement: jour 6

    (lundi 23/3): Cette chance qu'on a, de vivre ce moment maintenant. Rester enfermé et pouvoir converser avec le monde entier, se voir, se parler. Qui n'a pas "au moins" un téléphone portable ET le réseau internet qui va avec ?

    Même ma bergère bédouine a le sien, ses moutons me l'ont dit. Lorsqu'elle s'assoit à l'abri du vent, il y a toujours quelques agneaux qui viennent se coller à ses basquettes (nike) et la regarder comme si elle était la sainte vierge. Je me demandais pourquoi... J'ai fini par comprendre: elle leur passe shaun le mouton, version arabe, sur son portable.

    Ce matin, j'étais réveillé avant l'aube. Je voulais voir le jour naître, le soleil se lever. J'ai construit ma yourte en plantant trois piquets un 21 mars, jour d'équinoxe. Ils étaient alignés sur le lever du soleil ce jour-là, très précisément. Le premier piquet définissait le centre le la yourte, le deuxième représentait l'axe de la porte d'entrée, et le troisième, planté sur la hauteur plus loin, s'alignait sur le lever du soleil.

    Ce matin, malgré le froid, je me suis mis devant la porte, grande ouverte, et je l'ai vu se lever. Passer de l'aurore à l'aube, puis de l'aube au lever du jour, puis regarder le disque s'élever lentement au-dessus de la colline...

    Oublier à cet instant le monde. Regarder l'univers remuer lentement, comme une danse ralentie. Observer le changement des couleurs, l'éveil des lumières et des ombres. Se faire tout petit, respiration insignifiante, immobile comme les pierres alentour, le temps d'inonder mon âme de cette béatitude...

    L’image contient peut-être : ciel, nuage, océan, crépuscule, plein air et nature