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la plage de Robinson - Page 15

  • D comme dépression

    Il en est mon frère de la dépression comme d’un long voyage. Marcher sans arrêt, un pas après l’autre, pendant des années, suivre des routes qui ne sont pas nôtres, des chemins de traverse obligés, longtemps suivis par des temps concentrés, des temps d’amour et des temps de haine, des chemins de nuages, où la terre est sentie, mais où elle n’est pas vue, des pas en aveugle avec la main tendue vers un inconnu qui nous guide là où l’on ne connaît pas.

    Puis peu à peu le corps s’essouffle, l’esprit n’est plus là. l’on se prend de lassitude à force de marcher ainsi sans connaître la route, à perdre l’horizon d’un paysage sans brouillard, on se lasse de tout. Encore des pas à poser sur un sol sans nom, des ornières boueuses à longer sans faillir: puis vient la première chute.

    Et d’un coup, les émotions te noient, tout devient trop dur, un geste de compassion, un regard de pitié, un rire dans le dos et la foule qui passe, lente et dense, imprécise et silencieuse. Les larmes qui montent à chaque honte sentie, à chaque trahison de ces nerfs qui lâchent. Des rages sourdes de violences contre soi, de menaces internes pour croire qu’on va vaincre, des batailles perdues à vouloir se parfaire.

    Ce long chemin d’une pente aride, à comprendre enfin que l’esprit est infirme, qu’il faut marcher humble, à petits pas comptés, accepter de soi la limite du temps, un pas après l’autre, une main en avant, sans orgueil pour monter un peu, et sortir de ce trou. Et ainsi apprendre du temps la maîtrise du corps.

    Un matin le soleil ne se lève pas pareil. Il est un peu plus jaune, un peu plus chaud, un peu plus prés: les pas de chaque brassée de volonté sont un peu plus sûrs, un sourire s’esquisse quand l’esprit se libère, et arrive un peu de guérison, un peu de vaillance retrouvée. Mais le temps a passé, et le combat a duré. Il reste des forces à quérir encore pour se sentir à nouveau homme, aspirant pour sa force les forces d’alentour, laissant à d’autres de perdre à leur tour la quiétude de soi.

    Ce combat-là, mon frère, si tu le gagnes, il fait de toi un homme, plus humble que les saints, plus fort que les puissants, plus pur que les enfants...

    (c) Pablo Robinson 12/2006

  • lettre d'un innommable à un trou du cul

    Monsieur le trou du cul.



    Vous ne m'en voudrez pas d'attacher un tel adjectif à votre identité, mais eu égard à la consistance et à l'odeur de ce qui sort de votre bouche, je ne vois pas, de ma part d'innommable, d'autre nom à vous affubler.

    Je suis né de Blancs, comme vous le dîtes. Leur origine pourrait être Africaine ou autre, mais puisque vous avez ajouté le mot blanc en balance au mot Africain, je vous prends au mot, et je découvre avec vous que les Blancs ont une origine géographique au même titre que les Africains, lesquels, pourtant, ont des couleurs de peau multiples et des coutumes ou des habitudes sociales diverses dont l'origine ne saurait être liée à la couleur noire, mais bien à des histoires et des légendes à la hauteur de ce qui fait notre monde. Et de ces couleurs de peau, je me fous royalement, sachant que puis l'aube de l'humanité, la sexualité reproductrice de la gent humaine s'est depuis longtemps débarrassée de ce détail pour préserver l'espèce, ce qui prouve encore plus que la peau n'est pas affaire de race, mais de contexte génétique dont le code n'est en rien discriminatoire pour en faire une nouvelle génération.

    Donc, foin de votre racisme au vitriol, vous êtes vous même le fruit d'utéri successifs dont personne n'a à déterminer la couleur, du moment que vous avez une identité humaine, à la nuance près que si les autres fruits humains se comportent comme tels, vous, vous semblez renier tout ce qu'il y a de plus beau et de plus pur dans l'humanité: l'amour, la solidarité et  la tolérance.

    Je n'étais pas innommable à ma naissance, mais j'en ai pris la couleur et le caractère. Non seulement en frottant ma carcasse aux soucis de la Vie, mais aussi en pélerinant autour du monde, et -nous y voilà-, particulièrement en Afrique et au Moyen Orient. J'ai pu traverser dans mon espace-temps des confrontations africaines où les massacres se faisaient  à la machette ou au marteau de soudeur  (coté pointu d'un coup sec à l'arrière du crâne), ou encore par des bombardements irakiens sur les populations kurdes, laissant des milliers de morts empoisonnés, ou encore aujourd'hui, par des festins de guérillas dont les victimes pourraient être nos cousines germaines mutuelles, le Darfour étant considéré par les plus éminents paléontologues comme étant le berceau de l'humanité, dont vous et moi ne sommes que les pâles rejetons.

    Il y a quelques années, lors d'un voyage pour le moins touristique en Palestine-Israël ou Israël-Palestine (on ne saura pas le vrai nom de notre vivant, n'est ce pas ?), j'ai visité un mémorial (Yad Washem) consacré aux victimes du nazisme, et je pris ce jour là une grosse baffe dans ma figure de nommable, en découvrant que 160 personnes portant mon nom avaient été avalée par le Moloch Baal nazi, et depuis ce temps erraient sous forme gazeuse autour de notre planète (la vôtre et la mienne).

    Du coup, sans y chercher une "histoire" ou un "prétexte", je me suis mis une peau d'innommable sur le dos, espérant avec ce manteau de gloire et de force, pouvoir comprendre de l'intérieur comment on fait pour vivre dans un monde fait de rejet et de haine. Comprendre que le but ultime de nos vies n'est pas dans nos vies, mais ailleurs et plus tard. Employer nos forces pour gravir avec intelligence les degrés difficiles de la vie sociale, en cherchant une place utile dans les puzzles de la société, en y puisant les ressources nécessaire pour y survivre et s'y faire reconnaître et, comme les alchimistes autrefois, y apporter en échange équivalent les biens et les services que ladite société est susceptible d'attendre de soi.

    Je n'aurais rien d'autre à ajouter, convaincu dans tous les cas, qu'à moins d'un miracle bien catholique, je doute de changer votre vision de la vie et votre approche de l'humanité, sachant que vous préférerez toujours ceux qui se remplissent les poches à dire du mal des autres à ceux qui se les vident pour les aimer (les autres). Si vous pouviez vomir vos récents propos, vous auriez l'occasion de faire le voyage inverse à celui qui vous a amené à être si près de votre sortie, et ainsi redonner à votre bouche une place de choix au milieu d'un visage d'humain.

    Pablo Robinson (c) 12/2006

  • les andouilles

    Andouilles suspenduesUne andouille, c'est fait avec des boyaux de cochons. d'abord on les vide au jet sous pression, puis on les échaude, afin de les débarrasser de toutes les cochonneries qui sont dedans. quand ils sortent de la grande marmite à vapeur, on les appelle alors des "chaudins". Après on les enroule en commençant par un bout pour aller à l'autre bout. Pour faire l'andouille, on commence par prendre un petit intestin grèle, qu'on bourre de chutes avec des épices, et sur lequel on "chausse" un  autre intestin puis un autre puis un autre et ainsi de suite jusqu'à obtenir un genre de saucisse de 1m à 1.80 de long, d'un diamètre de 8 à 15 cm. Quand on a fini de faire l'andouille, on la met au fumoir pendant 24 à 48 heures, puis on la vend aux touristes...
    En Bretagne, faire l'andouille permettait de récupérer toute la tripaille du cochon, lequel, comme aujourd'hui dans beaucoupe de pays pauvres, représente la "caisse d'épargne " familiale. Et comme il n'y avait pas de fumoir dans chaque masure, les andouilles étaient suspendues dans la cheminée, oû elles étaient à l'abri des prédateurs (mouches, rats, enfants affamés, maris grognons et amants à fringale) et oû elles prenaient leur goût tout en séchant, leur avenir de conservation étant garanti par la bonne fumée des bois de chataigner qui chauffaient la maisonnée. L'andouille de Guéméné est fabriquée et séchée de manière traditionelle sous cette forme, ce qui prend du temps et assèche fortement le produit, d'oû son prix élevé et la couleur noire de sa "robe". Les andouilles modernes sont chaussées précuites et "finies" dans des fours fumoirs en quelques dizaines d'heures, avec en prime un contrôle qualité qui garantit la propreté du produit et son absence de bactéries fécales (ce qui n'était pas le cas dans le passé)....
    Andouilles suspendues 1
    Il existe de nombreuses sortes d'andouilles, des grandes perches à walkmann incorporé avec boutons d'acné sur la figure en option, des petites avec de grosses lunettes qui savent tout avant de savoir pisser, des grosses qui bouffent n'importe quoi en décrétant que ça fait du bien par oû ça passe, et un nombre incalculable d'andouilles ordinaires, qu'on rencontre le plus souvent le long des autoroutes entre le 1er juillet et le 31 aout (précisément), et qui ont la particularité de cumuler les couches de bêtise et de couennerie, d'oû leur appellation finale.
    Enfin, et ce n'est pas tout, on a découvert depuis quelques années une nouvelle variété d'andouilles, lesquelles sont affublées d'un bout de plastique sur le coté du visage, et n'ont de cesse de causer dedans à longueur de temps, sans se rendre compte que les mots qu'elles égrennent leur coûte une fortune, mettant en danger leur pécule, sans oublier qu'elle le font dans toutes les circonstances, y compris en conduisant un véhicule, à tel point qu'on se demande comment le gouvernement a pu délivrer des permis de conduire à de telles engeances ....

  • La lettre à Lucia

    Chère Lucia

     Ta lettre est sur mon bureau depuis ….. et elle me nargue. Oui, j’ai été surpris de ta décision. Oui, tu imagines que j’avale pas ça comme ça. Moi aussi, j’ai « bourlingué » dans des communautés religieuses et des monastères, en croyant que j’avais « trouvé » …. Mais il fallait à un moment que j’arrête de me mentir et de jouer un rôle, de me croire imprégné de …. Mais de quoi au fond ?  Dieu , c’est si facile à dire qu’on l’a trouvé dans le dénuement, dans « les autres », les choses faciles du rapport des hommes et des femmes. Vivre aussi dans cet « écart » de la vie : vie monastique, vie d’ascèse, loin du frottement des autres vies, loin des réalités de la haine, du rejet, de la concurrence, de l’orgueil, de l’amour de soi devant l’amour des autres. Ma confession va te surprendre sans doute, mais elle est le fruit d’une (très) longue méditation, qui m’a fait faire presque le tour du monde, et presque le tour de la vie. Te dire que je l’ai cherché partout, ce Dieu là … oui. Dans les yeux de tous, les grands, les petits, dans tes regards et ton sourire, dans les bras qui s’ouvrent, dans la vie qui grouille aussi bien ici qu'ailleurs . Je l’ai cherché dans le silence du désert, dans la pénombre des forêts vierges des tropiques, au clair de lune au milieu de la mer, sous la pluie battante des automnes de la Brie, dans les bousculades des gares et les attentes d’aéroports. Je l’ai cherché dans les cris de mes enfants au sortir du ventre de leur mère, dans l’amour donné et cherché partout où je le peux, dans la compassion muette ou douloureuse, dans la tendresse donnée et reçue….

     

     Mais je me sens toujours orphelin de ce Dieu là. Je mentirais en disant qu’il m’a parlé un jour, ou que j’ai « senti » sa présence. Ma foi est pauvre, indigeste, elle me rend  triste de ce mensonge auquel j’ai cru, auquel j’ai tant donné, sans rien recevoir, pas même le frémissement de quelque chose. Oui, j’ai cherché aussi dans les textes, dans les livres, ceux qui m’ont été enseignés chez moi, et ceux que les autres lisent. J’ai essayé les prières orientales, les traditions du Sud. J’ai cherché dans la physique, les mathématiques, la thermodynamique, la littérature, mais rien n’y fait… pas un bout de témoignage  que l’obéissance à l’Eglise porterait comme un baume dans mon âme.  Voilà comment j’écris aujourd’hui que « l’homme a inventé l’éternité parce que son intelligence refuse de disparaître », voilà les mots que je prête à Lena Socksann pour dire mes vœux. Lucia, nos sens et notre conscience dirigent plus nos pas qu’une hypothétique présence divine qui ne se manifeste pas vraiment, qui ne dit son nom (hyaveh – je suis) qu’à travers l’unique emprise de sa réalité par le seul imaginaire humain, qui fait graver sa réalité dans la légende orale, elle-même sujette à la littérature « magique », à l’imaginaire merveilleux, au « dessin animé du pseudo divin ». Toute la tendresse et la consolation que tu reçois, ce sont tes sens et aussi ton imaginaire qui donnent à ton cerveau les moyens de les ressentir, comme le bonheur de croire que la vie se « simplifie » dans une communauté où tout le monde s’efforce de croire la même chose…. Il viendra même un moment où tu imagineras que le frottement de ton apprentissage avec la réalité « des autres » sera  une « épreuve » , alors que ces « autres » ne sont que le reflet de la réalité humaine. Et Jésus ? son histoire n’est elle pas, à travers la sensibilité de saint Jean, l’expression de ce frottement entre la réalité de notre humanité et notre « espérance » permanente , qui finit par nous tuer, qui finit par manger toute cette attente, jusqu’à douter de la plus forte des convictions, celle du « père, pourquoi m’as-tu abandonné ? ». Je n’ai pas plus ou moins de conviction. Je navigue dans mon doute, en cherchant auprès de tous la consolation que je n’aurais pas à chercher si ce Dieu-là était vraiment là, près de moi, s’il me faisait comprendre une fois pour toute sa réalité. Mais ….

     

     Alors je fais comme je peux pour croire à la réalité de cet Amour, dans les faits, chaque jour, avec des gestes refaits par tant d’hommes et de femmes depuis l’aube de notre monde humain : donner avec mes sens, mon intelligence et mon corps à mon âme ce que mon âme attend, et jouir quelquefois de ce qu’un miroir me renvoie un éclat de cet amour qui me brûle parfois, un sourire d’enfant, un geste, un regard, une complicité, un instant qui me fait fermer les yeux en voulant très fort qu’il ne s’arrête jamais, ce moment-là . Mais mon cheminement est sans doute sombre, mes songes me font marcher avec difficulté sur un chemin poussiéreux, et des fois je tends mes mains dans la nuit tropicale, en cherchant comme un aveugle cette réponse qui n’est pas venue, pas encore …

    Debout, mais aveugle, et je crie, et des échos de ma voix me reviennent, qui ne portent pas autre chose que ma voix, étouffée et lointaine, alors que le reste de la création vaque à sa destinée, roche contre roche, atomes divaguant au gré des aléas thermiques, feuille poussant  après feuille, cellule après cellule, tant que…  

     

    Faudrait que je vienne faire un tour, comme tu dis. Tu dois être heureuse comme tes mots le disent. Ça te va bien ce bonheur-là. Et s’il ne dure pas, je ne serai pas loin, tu le sais. Et puisque tu t’y consacres, je sais que tu penseras à mes mots, et ta prière me fera comme un baume, et moi je saurai ton espérance…

     

    Robinson

    24.01.2002

  • La poule de Robinson

    vous n'êtes évidemment pas des naufragés.

    moi, si.

    A ce titre, j'ai quelques théories d'avance sur le commun des mortels, et en particulier sur l'art de philosopher sur l'oeuf et la poule, et de savoir si définitivement l'un serait arrivé avant l'autre. Car sur mon île déserte (enfin plus maintenant n'est-ce pas ? ) il se passe des choses bizarres.

    un matin, lors de mon jogging habituel sur la plage, je suis tombé pile sur un oeuf. Ceci amène la première affirmation devant témoin. l'oeuf est apparu en premier. Remarquez, j'imagine mal une poule débarquer sur mon île avec un oeuf sous le bras, juste pour me contrarier...    quoique ...

    Bref, comme un père attaché aux intérêts de ses enfants, je pris l'oeuf et le rapportai à mon carbet, afin d'y trouver un havre de couvaison qui satisfasse la gent ailée qui devait s'y loger. j'installai la trouvaille dans un nid de brindilles et de kapok, et laissai à Jupiter, ou à quelque autre dieu solaire, le soin de pourvoir à ses besoins en calories.

    Après quelques semaines, revenant de mon jogging matinal sur la plage je vis au loin dans la direction de ma maison un nuage de fumée s'élever au firmament. Etonné par tant de cuisine, je me rendis sur place et découvris mon carbet en ruines fumantes, et près du désastre, une poule sans plumes, sans bec, mais pourvue d'une queue fourchue et d'ailes de chauve souris, qui crachait du feu comme un âne qui pète.

    Point n'était possible, sur une île pareille, de douter un instant que l'oeuf eût changé de nature entre le moment de sa trouvaille et les premiers craquement de sa coquille, laquelle semblait en tous points conforme à la norme ITX 286
    695, qui calibre et filtre tous les oeufs que notre bêtise humaine voit passer sous ses yeux...à savoir, conforme en tous points à la matrice anale d'une poule commune de poulailler.

    J'en tirai la conséquence que si les oeufs donnent des poules qui ont des dents, crachent du feu, dont  un exemplaire de la bestiole que j'ai sous les yeux, alors les hommes savants sont vraiment idiots de croire que ces oeufs sont susceptibles d'avoir une poule comme mère, et de croire que les animaux nés de tels oeufs peuvent avoir de pareilles poules comme descendants...

    Amen
    Rob  (c) 02/2006 -

  • Voeux 2005: des suites de l'amour

    Léna Socksann* revint en songe une nuit de décembre.

     

    « De mon univers du Grand Rien, d’où  seule ma pensée peut se transmettre, j’envie vos mains qui caressent, vos lèvres qui embrassent, vos cœurs qui battent et se serrent pour l’amour d’un autre, vos gorges qui rient, vos yeux qui pleurent. J’envie vos élans de tendresse ou de désespoir, vos pas qui crissent dans la neige ou dans le sable du désert, vos bras qui serrent et étreignent d’amour, vos ébats pour créer la vie, vos regards de joie ou d’inquiétude. De loin je sens de vous les forces dont vous ne savez pas l’importance et qui vous font maîtres de l’univers.

     

     De tous les fardeaux que portent les hommes, l’amour n’est pas le plus lourd. Il crée les liens, organise les réparations de la douleur et de la souffrance. Il fait naître des enfants, assez faibles et petits pour provoquer la création des sceaux de la compassion entre les humains. Et ils y puisent leur propre force de survie. Tu verras dans les temps à venir des mains s’ouvrir tout autour de ta planète, par compassion et solidarité pour ceux qui souffrent et crient dans le silence. Et ceux qui croient être les maîtres du monde en vivant pour leur ventre verront leurs stratégies réduites par les plus petits et les plus faibles. Rien ne peut arrêter ce qui a été et sera toujours l’essence de votre humanité.

     

    Les grands s’inquiètent des évènements qui troublent la quiétude planétaire, mais ils oublient les enfants qui les regardent ; ils ont en eux l’innocence et l’amour. Ton monde en compte six cent dix sept millions, qui ont moins de 7 ans, et ils savent choisir entre ceux qui les aiment et les autres.

     

    Moi je ne suis rien, une entité oubliée et nomade dans l’éternité ; si tu savais comme je rêve de bercer l’un de ces petits dans mes bras imaginaires, comme je voudrais arrêter le temps à ce moment de bonheur, compter mon cœur battre contre le sien, tenir mon souffle comme il respire, reconnaître dans ses yeux le reflet de moi-même, lui transmettre enfin tous mes rêves et toute mon espérance.

     

    Et de cet amour construire un univers vivant ; bâtir des maisons, ébaucher des voies, enchaîner les existences les unes aux autres, et enfin donner un sens à la vie. Dans ton sommeil, tu sentiras la Voie Nouvelle qui réveille les sens et donne la parfaite cohérence entre tous les évènements qui entourent la vie et les êtres humains. De toutes les actions des hommes ne peut naître que l’amour.

     

    Sois fier de cette force qui rassemble ce qui est disséminé, qui rapproche ce qui est lointain, et qui, finalement intègre les vrais arguments de la vie au sein de la communauté des hommes.

     

    Protège par ton courage ceux que la nature met sur ta route et pour lesquels tu ressens le besoin de compassion, sans taire le cri qui est en toi, sans remord de tes gestes pour l’autre.

     

    Porte au devant de toi cette promesse de solidarité. Elle ne donnera pas l’éternité à ton corps, mais pour le temps que la vie te donne, elle te fera porter tes efforts en instants de bonheur, en plénitude de tes actes, en assemblée de gestes communs, solidaires, durables.

     

    Une espérance naît, là, pendant que tu dors, qui appelle désespérément à changer la direction des pas des hommes, à les conduire non vers eux-mêmes, mais vers les autres…

     

    Six cent millions d’enfants attendent ton sourire, un peu de temps que tu leur donneras, et surtout l’amour que tu portes en toi…. 

     

    S’ils attendent des vœux, alors dis leur cela…»

     
     

    Avec les meilleurs vœux de  Robinson

     

    * retrouvez les voeux de Léna Socksann sur www.robinsondesiles.com

  • Voeux 2006: Trace les chemins

    C'était un petit matin de Bretagne. Je marchais dans les pâtures gelées, laissant sous mes pas une trace verte, à la recherche de rien, sorti juste au soleil levé pour une admiration de l'azur naissant, un goûter d'air de lever du jour, avec le piquant du gel dans le nez, et les frissons de pas glacés dans les jambes. Lena Socksann (*) me disait en marchant:

    "- tu vois Robinson, les pas que tu fais ont mis une trace qui n'était pas là avant. Et tu marches encore sur des traces à venir. Tu ne connais pas là où ton pied se pose."

    Des fois, Lena, je la trouve d'un banal, mais là, c'était pire que tout.

    "- ne médis pas de moi, Robinson. Tu es le seul à qui je parle, c'est un privilège que je te donne, alors sois attentif !"

    Dans ces cas-là, vaut mieux me taire, donc....

    "- Vous autres humains, vous considérez vos pas comme des continuités naturelles. Elles ne le sont pas. Déplacer vos corps procède d'une gestion du déséquilibre, et vous n'en n'êtes même pas conscients. Pourtant, chaque pas que vous faites vous déplace dans l'espace et le temps, et trace des futurs dont vous n'avez pas la mesure. Vous pourriez pour chaque pas que vous faites tracer des chemins nouveaux, établir des ponts et de point en point aller ainsi vers un futur plus cohérent avec vos rêves..."

    Bon, et après, Lena ? on est 6 milliards à marcher tous les jours, 6 milliards à avoir des rêves et à croire qu'avec nos pas, ils vont se réaliser. Même nos gestes les plus infimes participent à cet espérance. Qu'est ce qui est nouveau dans le songe d'aujourd'hui ?

    "- Rien de plus, sinon que si toi tu en prends conscience, d'autres ne le font pas et ne remplissent pas leur vie de cette force là. Il te faut leur dire, les éveiller à la réalité des gestes de chaque jour, qu'ils sachent que rien ne vient du linéaire, mais que tout se fait dans le désordre des pas nés de déséquilibres, de chutes, et d'abandons de situations que l'on peut avoir aimées. Tes nouveaux pas de cette année seront des pas comptés à la mesure de ce que tu aimes, des pas lancés vers ceux qui marchent vers toi, des pas de rencontres. Et de tes pas viendront des traces que d'autres suivront, en sorte que tes pas seront demain des pistes connues. Et si la piste est faite avec des pas lourds, car lourds ont été les déséquilibres qui en ont été matrices, alors les pistes seront profondes. Elles deviendront des chemins. Et si les poids qui ont creusé tes pas sont pétris de la pâte de l'Amour, avec des accents de respect et de Foi, alors tes chemins seront empruntés pour aller vers le bonheur, et toi tu seras heureux de les avoir tracés."

    Léna, tu es gentille. Mais moi je ne suis rien, à peine une trace, tu le sais bien !

    "- oui, sans doute tu n'es rien. Mais les traces que tu laisses peuvent être infinies et reconnues. Et tu leur diras comme un conte, une forme de voeux, afin que eux aussi sachent que leurs traces deviennent aussi des chemins d'amour, des formes de construction d'énergie dans le Grand Rien, et sur ces chemins ils construiront un monde de justesse et de justice, de sagesse et de sérénité..."

     

    (*) Retrouvez Lena Socksann dans les Voeux (www.robinsondesiles.com )

    (c) Pablo Robinson-01/2006- Voeux pour un Amour

  • La mort de mon ennemi

    Voilà comment mon ami d'il y a longtemps était devenu mon ennemi. Il avait trahi ma confiance, et avait abusé de ceux que j'aime. Je ne m'étendrai pas sur ce sujet, mais l'envie de meurtre n'était pas loin. Et avec le temps, ma haine s'était encroûtée de pitié, et de loin en loin, mon acharnement à le poursuivre pour que la Justice fasse entre nous un partage équitable, l'envoyer lui en prison, et me donner à moi un peu de quiétude et de reconnaissance de ce que j'avais souffert, était devenu un rite, presque une habitude amie. Après bien des années de lutte microscopique, ma cause avait été enfin écoutée, et nous devions en découdre dans quelque tribunal, afin qu'elle fût enfin entendue, définitivement.

    Mais, à la justice attendue depuis si longtemps, celle de la nature a résonné bien avant le marteau de la Cour. Mon ennemi est mort hier, de la plus belle des morts dont il aurait rêvé, en traversant l'azur de haut en bas, plongeant tête la première dans son avion privé, à la fin d'une vrille dantesque, vers la pelouse d'un stade déserté.

    Et là, devinant que ma haine resurgissante pourrait à ce moment crier à la Justice que je ne serais pas rassasié de son équité, je me retrouvre penaud de cette mort idiote, lui écrasé sous le poids du métal, et moi envahi par le doute sur la raison de ma vieille fureur. Et pourtant, je la vois en face, ma haine, maintenant honteuse  d'avoir perdu son amant, laissant en moi un vide ou le pardon pourrait se glisser, ma douleur tout à coup éteinte, comme une chaux mouillée par une pluie d'hiver.

    Mon ennemi est mort, paix à son âme, paix à ses victimes, paix à moi-même, finalement, et qu'on me donne le droit de m'endormir avec une innocence retrouvée, avec la candeur de croire que sa mort a calmé ma colère, que demain,  je pourrai regarder ma glace et y voir mes cheveux blanchis par la sagesse, et mon front plein de couleurs du soleil.

    Va, mon ennemi, et comme nos combats ont fini dans le sable et la cendre, que le silence enfin endorme nos souffrances, apaise nos craintes, et te conduise à la paix du pardon.

    (c) Pablo Robinson - 11/2005

  • Lutte ordinaire d'un banlieusard ordinaire

    Tu le vois bien ,que je me suis levé tôt. tu les vois les cernes sous mes yeux. Je me suis levé à 7 heures, juste eu le temps de passer sous ma douche, d'avaler mon café sans t'embrasser... Oui je suis énervé, comme souvent. Comment faire autrement. Là du coté de Noisy le grand, un jour comme un autre, je prends ma voiture pour aller de l'autre coté de Paris. Tu me crois, hein ? je suis parti à huit heures, et je suis arrivé à la porte de Versailles à onze heures trente !!!!  3 heures et demi pour une si petite distance!!

    Que s'est-il passé ? je ne sais pas. Rien n'avancait. J'ai raté mon rendez-vous. J'ai téléphonné pour mon retard, mais lui non plus n'était pas arrivé. On s'est perdu à chercher des pistes comme des sioux pour se rejoindre, du coté de Montparnasse. Mais dans ce coin là, vers les onze heures c'est l'enfer. Je ne pouvaqis pas prendre le métro, ou le bus: les colis que je devais lui apporter étaient juste assez encombrants pour poser de gros problèmes dans les transports en commun ...

    On a fini par se retrouver du coté du panthéon: il n'était pas content, et moi j'avais perdu ma matinée et un client. Tu vois, là, je rentre, donne moi une bière que je calme ma soif, j'ai les boules de payer des impots pour des routes qui ne me font pas avancer, pour des transports en commun qui sont justes bons pour y être transporté comme un tronc debout et nu, et pressé contre des autres inconnus et absents, j'en ai marre de faire la queue assis dans une boite de conserve qui pollue mais qui me protège de la pluie comme ce matin. Je suis fatigué d'une vie qui n'est pas celle dont je rêvais quand j'étais petit, j'en ai marre de te donner de moi une image qui ne me ressemble pas et qui me tue à petit feu.

    Aime moi, bon sang, toi qui restes à la maison bien au chaud, qui ne brave pas cette lutte des nerfs et du temps tout le temps, chaque jour. Lutte avec moi dans ma vie de citadin perdu dans la ville....

    Aime moi, moi qui lutte chaque jour dans le combat des banlieusards ordinaires, essoufflé de ce carcan des distances rendues stupides par les rues fermées, les sens uniques, les boulevards étranglés de trottoirs inutiles, puisque les piétons ont peur.

    Pablo Robinson

  • Elle chante chez Madin'Voices

    Elle s'est levée ce matin aux aurores, elle ne se rendait pas compte que je dormais. Elle s'est enfermée plus d'une heure dans la salle de bains. Pendant ce temps là je regardais d'un sale oeil le réveil faire ses tic-tac casseurs de sommeil. Puis, tout à coup, la porte s'est ouverte, elle est apparue dans un long lamé argenté, des diamants dans les cheveux, et elle a commencé à répeter dans la chambre.

    Elle chante comme un ange, c'est vrai. Elle chante avec du dramatique dans la voix. Elle joue ses rôles opériens à merveille, avec des sanglots dans les lourdes cadences des pleurs d'héroines, avec des emphases généreuses pour les chants d'amour. Et les voisins s'arrêtent de tondre leur pelouse quand ils l'entendent chanter. Je ne sais pas si c'est un plus pour l'environnement, mais ça calme les anxieux.

    Le 4 novembre, elle fait un concert à la chapelle Emma Ventura, à Fort de France. Toute la ville en parle. Alors, moi quand je les entends causer d'elle dans les salons, je biche comme un canard. J'ai mis des affiches de son concert dans les magasins. Je lui ai acheté un beau micro qui brille pour qu'elle cause dedans. J'ai appelé mes potes journalistes pour qu'ils lui fassent une fête d'interviews, d'émissions et d'annonces. Pour le dernier concert, il y a 6 mois, la critique était unanime, une diva était née sous leurs yeux.

    Je lui fais répeter des morceaux qu'elle sait par coeur, mais comme elle les chante pour moi, je suis sûr que c'est pour moi tout seul, et dans ses yeux il y a à ce moment là de l'amour qui sort de sa bouche et qui m'envahit. le 4 novembre, elle va chanter devant des centaines de gens que je ne connais pas. Et  je suis jaloux d'avance. Moi je ne suis pas un félé de chant classique, mais quand c'est elle qui y va, quand je sens les vibrations qu'elle jette dans l'air pour donner tout son coeur , j'ai les poils des bras qui se soulèvent, et si elle me regarde en plus avec ses yeux de velours, ben vaut mieux que personne ne soit là.......

    En plus le 5 novembre, ce jour si important pour moi, elle va faire un autre concert au jardin des Papillons, au Carbet, un petit village de la Martinique, où se réunissent les accros de la musique...

    Allez, je vous dirai tout après....