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la plage de Robinson - Page 9

  • Mariages et Fondations

     Tous ceux qui ont une expérience sociale en contact avec des familles et des enfants savent que les compositions familiales sont pratiquement toutes imparfaites. Mieux, le choix de composition d'un foyer homoparental est d'autant plus significatif et plus respectable qu'il n'est pas (jusqu'à ce jour) dans la "norme", et donc sujet à des difficultés innombrables, ce qui montre que celles et ceux qui le créent sont suffisamment motivés et conscients de leur engagement familial, tant en terme de responsabilité que d'engagement relationnel avec leur partenaire et les enfants qui viendront agrandir leur foyer ... peu importe par quel mode ils y arriveront.

    Lorsqu'on sait les ravages provoqués au sein des enfants et des générations suivantes par des couples hétérosexuels mal apparentés, mal aimés et mal aimants, mal choisis, aux grossesses subies, aux enfants supportés parce que pas attendus et désirés, on peut se dire que les foyers homosexuels ne feront de toutes façons pas pire que les autres, beaucoup plus probablement mieux, puisque leur choix de fonder une famille est obligatoirement un choix "actif", aucune grossesse ne pouvant dans ce cas d'espèce être "subie", et aucune adoption n'étant faite (par principe) de force ou sous une menace quelconque.

    Voici donc déjà deux "à priori" qui doivent dans l'absolu plaider en faveur de cette loi.

    Mon père était éducateur dans un centre pour enfants placés par le juge des mineurs. J'ai vécu à leur contact, et je crois bien connaitre ce milieu, où se retrouve une grande partie de ces enfants "épaves", tristes résultats de foyers incapables de les éduquer, de les aimer, de les protéger, triste démonstration que les "hétéros" n'ont vraiment pas de leçons à donner en terme d'éducation...

    Ma culture catholique, mon attachement à une logique "biologique" de fondation d'un foyer m'ont fait longtemps penser que le rapprochement d'homosexuels en terme de choix de vie commune, puis de fondation d'une famille était une "hérésie" face à ce que la nature prévoit dans sa "normalité". Mais à la réflexion (qui n'a pas été simple !), la comparaison biologique s'arrête là: dans les faits, le rapprochement de personnes qui s'aiment vraiment, et qui fondent une famille avec des conditions d'accueil des enfants qui présentent autant de difficultés ne peut pas être socialement moins "efficace" au sein d'une communauté de vie homosexuelle que dans les autres foyers, prétendus normaux.

    Qu'ils soient assurés du respect que l'on doit à celles et ceux qui vivent avec de l'amour et qui donnent du sens à leur vie.
     
    ©D.BRUCH - 02/2013.

  • conseil à ma fille

    Comme une hampe d'orchidées écloses,

    Monte vers le ciel,

    Relève la tête vers l'horizon.

    Montre autour de toi la beauté de tes gestes,

    L’élancé de ton bras,

    Que d'autres voient ton corps.

    Fais preuve d'arrogance pour fleurir,

    À leurs yeux sois la plus belle.

    Eblouis leur regard par tes couleurs

    Pour les rendre heureux

    De te savoir si belle.

    © D. BRUCH . 12/2008.

  • Le pire de tous les péchés

    mai 2009 022.jpgNous sommes condamnés à la solitude internétique, au dialogue par boutons de plastique interposés, chacun écoutant un mp3 quelconque dans son bureau, casque sur la tête, enfermé dans la clim ou le chauffage, isolé du monde, ne laissant filtrer par la vitre numérique que ceux et celles qu'il veut bien accueillir, et encore, à condition que quelqu'un réponde à son appel, souvent muet, agrémenté de niaiseries la plupart du temps pour faire croire à tout le monde que tout va bien.

    Mais on sait tous que c'est pas vrai, on sait tous que nous avons tacitement accepté de nous enfermer dans notre commodité de relation, celle qui ne fait ni mal ni bien, celle qui n'exige rien de soi, enfin, rien d'autre que de satisfaire l'immense détresse qui nous assaille lorsque, à la nuit tombante, on s'aperçoit que plus rien ne bouge autour de nous...

    Et là, l'espace d'un instant, la terreur nous prend à la gorge, à voir le vide tout autour, comme une mort rodante. On se tait, cette douleur-là ne dure qu'un instant. Vite, on reprend le dessus, on regarde ailleurs, on va vite se réfugier dans l'avenir en faisant des projets fous qui ne verront jamais le jour, ou alors on va chercher une accroche de souvenir, pour se soûler avec toute la soirée, mater une photo jaunie, la scanner, la partager avec des gens qui en ont rien à foutre, et se faire croire que c'est important ce moment-là. Et puis la nostalgie revient, comme une gueule de bois d'alcoolique. On se prend à sortir, à regarder les gens, et à regarder les gens nous regarder, à voir qu'on est devenu quelconque, comme on a toujours été, finalement.

    On passe dans la rue comme des fantômes, qui croisent d'autres fantômes, qui eux aussi ont fini par croire que la vraie vie est un fantasme électronique qui ne peut se partager qu'à travers un écran. Mais là, dans la queue de la boulangerie, on ne se dit même plus bonjour, on se suit en silence, jusqu'à la caisse, pour passer la carte dans le monéo, prendre son pain et filer dans le gris de la pluie retrouver les couleurs de l'écran...

    (robinsondesiles - les noces d'Algies . 08/2012)

  • 2012 : durable ou fin du monde ?

    DSC02979.JPGDes choix d'énergies...

    Si le monde disparaissait dans moins d'un an, comme certains le disent, alors rien ne changerait dans l'univers. La taille de l'entropie terrestre est bien trop minuscule pour entamer l'équilibre enthalpique du système solaire.

    Quant à l'homme, sa puissance énergétique individuelle n'est que de 0.01 watt par mètre carré. Tout le reste n'est que le déplacement d'énergies actives ou potentielles qui étaient là bien avant son apparition.

    Ceci amène quelques réflexions:

    -1- la vanité de l'homme à croire que son activité pourrait modifier l'allure énergétique de la planète qui l'abrite est incommensurable.

    -2- la simple comparaison de l'entropie humaine avec le reste de son environnement montre qu'à part son imagination, l'homme n'est capable que du rêve de sa grandeur.

    En conclusion, soyons modestes, et souhaitons-nous mutuellement de profiter humblement de la chaleur solaire en hiver, et de la fraîcheur à l'ombre des platanes en été ...

    Toni, remets-nous un pastis !

  • Voeux 2012

    Qui sait combien de jours nous pourrions ajouter à nos vies en le souhaitant, simplement ?

    Qui sait quelles défenses nous pourrions ajouter à notre santé en se mettant sous la protection des étoiles ?

    Qui connait mieux le chemin du désert en suivant les traces du firmament à la nuit ?

    Moi ?

    Certainement pas !

    Mazel Tov * , donc !

    Mazel Tov = "que la constellation te soit favorable" .... ( a, b, c, d, e, f )



    (a) sur Google chrome, le mot "voeu" n'est pas accepté au singulier, et les définitions les plus courantes n'en parlent qu'au pluriel.

    (b) le 1er janvier est une date arbitraire, plusieurs fois "remaniée" depuis le début de l'ère chrétienne, en principe basée sur la circoncision de Jésus, et non sur sa naissance (c'est le paradoxe de l'ère chrétienne, animée par le rejet du sémitisme mais basée sur son fondement principal, la vassalisation d'un peuple à son dieu par la circoncision).

    (c) même si cela n'a rien à voir, il faut faire le rapprochement entre la fameuse formule du roi David, reprise plusieurs fois par les prophètes "pour Dieu, un jour est comme mille ans", et replacer la fin du monde chrétien "au troisième jour", c'est à dire à la fin du deuxième, en faisant référence à la "prophétie" de Jésus ("vous détruirez ce temple, je le rebatirai en trois jours"). Mathématiquement, et partant du 1er janvier de l'année 0, jour de l'identification officielle de Jésus (la présentation au temple, la circoncision, ou bat milah) le "troisème jour" commencerait le 1er janvier 2033. Pour le comprendre, il faut savoir que l'annonce a été faite en 33 au jardin des oliviers, un certain jeudi saint. La fin du "monde" n'est donc pas pour 2012 ...

    (d) faire des voeux remonte à l'aube de l'humanité, à une ère ou le mot "si" n'existait pas (genre "si j'étais riche ..."), car le futur n'était pas encore une donnée perceptible pour nos ancètres. On ne pouvait se référer qu'à ce qui servait à la fois de télé et de cinéma à l'époque : le ciel.

    (e) on fera référence à l'excellent livre de Chantal Jègues-Wolkiewiez "sur les chemins étoilés de Lascaux" Ets la pierre philosophale, isbn 978-2-36353-013-4 .

    (f) pour qui étudiera sérieusement tout ce qui est écrit là, une année entière ne sera pas superflue. Bonnes méditations, donc !

  • soleil d'hivers

    Le soleil cette fois-ci m'a suivi le long du ruban gris de l'autoroute, dans une course nouvelle entre deux villes endormies par l'hiver finissant. Hier, c'était les aurores répétées qui jouaient de ma mémoire.

    Ces levers de soleil pointant à l'horizon au loin du bord rond de ma planète, jaillissant dans la vitre de l'avion, au-dessus du monde, au dessus de tout, silencieux présage d'un jour nouveau, éveil d'une appartenance pesante à la gravitation. Mais là, il est loin aussi, mais de l'autre coté : il rougit en tombant dans un rideau de brumes horizontales, pendant que je surveille la route au devant, en suivant les lumières rouges qui bougent.

    Dans le poste, ils parlent de paysages qu'ils ne connaissent pas, mais que j'ai foulé de mes pieds longtemps avant eux: ils disent des mots de guerre, alors que j'avais marché jadis dans le sable du silence, et bu l'eau des puits avec la paix posée sur le visage des bédouins. Ils disent des présages atroces en parlant de peuples qu'ils n'ont jamais côtoyé, jamais aimé donc, alors forcément ils ne savent pas de quoi ils parlent.

    Ceux que j'ai connu sont peut être déjà morts, assassinés par les famines, rongés par des maladies inconnues, ou simplement sacrifiés au nom du droit de la force des autres. Et s'ils ne sont pas morts encore, alors je partagerai leurs prières dans les temps à venir, pour partager aussi l'eau qu'ils m'avaient offerte, le pain qu'ils avaient cuit pour moi, la tendresse que leur regard m'avait donné.

    Mais aujourd'hui, mon amour pour eux ne leur parviendra pas, sinon par les brouillards des songes qui commencent de hanter mes nuits.

    (c) 01-2003

  • Ce monde qui nous tue

    Nous sommes à l'aube d'un nouvel ordre mondial pire que ce que nous avons connu. l'arme monétaire remplace dès à présent les balles des mitrailleuses et le gaz des nazis. Les gens vont mourir de faim, de désespoir, de suicide, d'ennui, de dégoût, sans que leur doigt accusateur puisse mettre un nom sur leur bourreau.

    Le système pour lequel nous avons "laissé faire" commence à nous tuer. Il y a mille ans, les seigneurs violaient nos jeunes épouses, saccageaient nos champs, nous réduisaient en esclavage, nous soumettaient à la misère... 

    Qu'est-ce qui change aujourd'hui ? nous ne voyons même plus ce que nous avons gagné: nos salaires sont virés sur un compte invisible, composés de chiffres et de codes, nos achats sont payés de manière invisible, et ce que nous mangeons suffit à peine à nous faire croire que nous sommes vivants, tellement le gavage de produits impersonnels nous rends invisibles à nous-mêmes. Et ce qui reste retourne inlassablement dans la roue du système: taxes, impôts, cotisations, amendes .... sans que nous ayons l'espérance que cela serve à quelque chose au terme du bout de nos actes, au terme de la force de nos vies...

    Il ne resterait qu'une alternative, qu'une espérance, puissante, qui deviendrait de plus en plus forte, de plus en plus indispensable à notre survie : croire que tout cela n'est qu'un cauchemar, que ce que nous croyons tous au fond de nous-mêmes viendrait avant que nous soyons, nous et nos enfants, et les enfants de nos enfants, définitivement désespérés ? 

    Ce Dieu lointain... si lointain....

  • La bêtise

    La bêtise ne triomphe jamais, elle rampe, lèche, suce, bave, salit, corrompt, et lorsqu'elle a usé de tous ses artifices, elle redevient poussière aux pieds des fantassins.

    On l'évite comme un serpent, comme un étron au milieu du chemin, et lorsque par mégarde elle s'est collée aux semelles, il faut alors la supporter, malgré son odeur et la gène qu'elle provoque, jusqu'à ce que la marche en ait fini avec elle, et que les miasmes qu'elle a produits disparaissent dans la pulvérulence minérale soulevée par le convoi.

    (Robinson des îles : réquiem pour un âne)

  • Billet (doux) du matin

    Le journal France-Antilles du 12/04/2011, page 2, nous fait part des dernières nouvelles de la grève... Et l'on apprend que le syndicaliste Léandre Guillaume s'étonne d'une plainte contre X pour malveillances  : "ce qui est grave c'est que personne ne sait ce qui s'est passé, mais on accuse les grévistes" (sic).

     

    On se demande de qui ce personnage se moque. Il voudrait faire accroire que le personnel qui travaille à Bellefontaine ne connait pas par coeur les procédures de fonctionnement des moteurs dont ils ont la charge depuis 20 ans ! Et que subitement, à 2 heures du matin, un raz de marée imaginaire, ou un tremblement de terre dorlissien, ou encore une éruption d'un volcan chamoisien, nés dans le roman de leur revendication idyllique, aurait tout à coup coupé les disjoncteurs de 10 moteurs !

     

    Je vais vous dire ce que j'en pense. Il faut d'abord savoir que les revendications qui sont à la source de cette affaire ont pour origine d'exiger de mettre dans le droit privé des accords passés il y a longtemps et qui sont exclusivement de l'ordre et du ressort du droit public. C'est en tous cas ce qui émane de la consultation du Conseil d'Etat du 7 avril 2011, qui a rejeté les doléances des grévistes de la Réunion, dont les agents martiniquais ont cru bon d'en prendre trop vite l'attache, croyant y trouver là une opportunité supplémentaire de "sucer le bonbon" (locution bien connue chez nous). Pensez-donc ! récupérer 15% de prime supplémentaire ! Mais voilà, ça ne marche pas d'un coup de baguette magique, et le Conseil d'Etat a mis le holà en disant la réalité du droit. Sans rentrer dans les détails scabreux de cette histoire lamentable, et pour résumer, disons, comme Shakespeare, que tout ce merdier ressemble à "beaucoup de bruit pour rien"... 

     

    Comme le dit la rumeur de la rue, vieille amie du bon sens et ancêtre des sondages : "on n'avait vraiment pas besoin de ça !". Du reste, man ti sonson attend de pied ferme sa prochaine facture EDF, et je ne parierai pas un euro sur ce qu'elle en fera, allumer son canari ou emballer ses épluchures, voire pire ... 

     

    On pourrait presque en rire, d'une telle farce, sauf que ....

     

    Sauf que l'ensemble des habitants de Martinique a subi les conséquences de cette folie, à un moment où notre économie s'enfonce dans la fièvre de la récession, avec son train de licenciements, de fermetures de magasins, de dépôts de bilans, et, pour parler plus social et intime, de dépressions nerveuses, de colères singulières, de rancœurs, de tristesse et de désespoirs.

     

    Il reste à espérer (le mot n'est pas trop fort) qu'il existe quelques sages au sein des instances négociatrices pour mettre un couvercle de raison sur cet imbroglio putride et qu'on puisse passer à autre chose de plus sérieux : créer des emplois, par exemple, ce qui serait, vous l'avouerez, plus conforme à une activité syndicale pour une centrale d'aussi grande renommée que celle dont ils est question.

     

    Mais qui va payer les dégâts, maintenant ? Il nous reste, à nous, victimes non consentantes de cette sombre gabegie, à inventorier le préjudice moral, matériel, professionnel et social que nous avons subis, à prendre notre courage à deux mains, et, tout comme l'a fait la direction d'EDF, à porter plainte contre X pour les motifs cités plus haut.

     

    Pas de violence, non, mais une détermination sans faille pour faire, nous aussi, valoir nos DROITS à la PAIX, et demander réparation pour ce que nous avons perdu matériellement, physiquement, et moralement. 

     

    Il ne s'agit pas de faire "grande bouche , petites mains"... mais pour une fois, LE FAIRE 

  • Ceux qui veulent que ça "pète"

    Il faut croire que les syndicats qui entraînent les grévistes à faire de la Martinique la capitale mondiale des grèves en tous genres veulent clairement amener la population à réagir avec violence, provoquant au gré des réflexions le sentiment d'une attente d'explosion. Ce qui les amènerait à exercer leur dictature de manière encore plus claire, comme ils le font depuis des années.

     

    La revendication des bas salaires est une chose, lorsque l'échelle des revenus porte atteinte à la notion de justesse et de justice. Mais lorsqu'on a la chance d'avoir un emploi stable, un salaire correct et qu'on réclame toujours plus en prenant en otage ceux qui n'ont ni cette chance ni ces droits, on n'est plus en phase avec la notion générale d'une société. La situation générale moribonde de l'économie de la Martinique, dont les grèves sont autant la cause que le marasme économique général, ne permet pas d'exiger les largesses de salaires que les grévistes réclament, et sont une injure grave à ceux qui sont privés d'emploi ou dont les salaires sont limités par faute de valeur ajoutée. Et je ne parle même pas des artisans et des commerçants, qui, eux, dans leur grande majorité, ne peuvent même plus prétendre à avoir un revenu cohérent avec le travail qu'ils produisent.

     

    Les revendications des grévistes  d'EDF, mélangées savamment par les syndicats aux revendications plus économiques d'autres corporations artisanales, ont pour objectif avoué de provoquer la population, soit à réagir par la violence, soit à continuer à se taire, et par son silence, à approuver ce qui est aujourd'hui du domaine de la honte et de la provocation.

     

    L'abus de droit est un délit (articles 1382 et 1383 du code civil) et les 29 pages de jurisprudence montrent bien à quel point la justice s'attache à en démontrer l'importance. Or cette situation, dans les conditions sociales et économiques que connait la Martinique, constitue de fait un abus de droit.

     

    Ils veulent que ça passe ou que "ça pète". Mais si "ça pète", ce seront toujours les mêmes qui paieront, c'est à dire NOUS! Et cette fois, avec nos vies et celle de nos enfants.

     

    Et de cela, il n'est plus question. Le "contrat moral" est rompu. Notre action au sein du groupe "oui au droit de grève, non aux blocages" vise à aider nos compatriotes, la population de la Martinique AVEC ceux qui ont choisi de partager son destin, d'où qu'ils viennent, à se réveiller de cette lente et longue maladie qu'elle subit depuis 150 ans : au prétexte d'être nu, d'être noir, d'être pauvre, ou je ne sais encore quelle "excuse historique", se croire impuissants à modifier le fil de nos vies, et subir depuis si longtemps toutes ces intimidations sociales, économiques, politiques.

     

    Et se taire lorsque le bâillon économique est mis avec tant de violence sur nos bouches. 

     

    Et courber le dos sous la dictature de quelques roitelets qui prennent une élection syndicale comme étant une reconnaissance dynastique due par tous !

     

    Et encore se taire devant le rouge d'un maillot parce que celui qui le porte se donne le droit de l'insulte à la couleur de peau, à l'origine du sang ou l'origine du sol, au métier, à celui qui fait commerce, ou encore au citoyen banal qui souhaite humblement vaquer à ses affaires.

     

    Notre rôle a cette noblesse de vouloir réveiller ceux qui sont endormis par les effluves insanes du paraître et du non-dit, cachés derrière la compensation de la consommation à outrance, outils de gavage d'un élevage humain dressé à obéir à celui qui parlera le plus fort oui brandira la menace la plus cruelle.

     

    Notre rôle serait idyllique si nous pouvions le faire avec douceur et amour. Nous le tenterons.

     

    Non pas que nous serions des mous, des lâches, ou sans force: que non! notre pacifisme et notre retenue représentent une force bien plus grande que celles de nos bras ou des armes qu'ils pourraient porter, car la maîtrise de notre colère légitime par notre présence d'esprit et notre détermination ne trouve aucune équivalence en face de nous. 

     

    Nous sommes des enfants de Césaire, nous allons utiliser les mêmes armes que les siennes: le droit, la parole, les mots, la détermination, la ténacité, et suivre avec humilité son chemin du réveil. Et si ceux qui hier encore croyaient pouvoir cracher à la figure des peuples qu'ils oppriment par leur arrogance, leur insouciance et leurs égoïsmes, qu'ils sachent qu'ils ne le pourront plus le faire impunément . 

     

    Et si leurs insultes et leurs crachats demain nous atteignent parce que nous aurons fait écran à leur vindicte, alors ces stigmates deviendront pour nous signes de bénédiction, car ceux que nous voulons protéger aujourd'hui , ceux qui se terrent dans leur silence de damnés, oui, ceux-là nous sanctifieront, jusqu'à leur réveil, qui est lent et douloureux, comme notre colère est douloureuse aujourd'hui.