Confinement, jour 4 (samedi 21/3). ah ! le samedi ! le repos et l'étude. Rentrer dans le Livre, et commencer la lecture hébraïque de ces mots extraordinaires, chercher leur sens, traduire, comprendre, déchiffrer la cohérence entre le Message et ma vie, l'âme des mots et l'âme de mon être. Je me fonds dans cette Histoire qui n'est pas une histoire, et ce qui m'inspire dans la compréhension des mots et me rapproche du divin, transforme mes sens en évolution de philosophie et de sagesse. L'étude devient un moment de prière et de béatitude qui me laisse vidé de tout et harassé de fatigue, comme si j'avais couru un marathon.
Il a plu cette nuit, des pluies hâtives et des pluies tardives comme le dit la prière du matin. Alors je me dis que c'est un signe des temps. La pluie dans le désert est toujours un événement particulier.
Par la fenêtre je regarde comment les eaux du ciel font l'amour avec la terre, comment les plantes dansent sous l'averse, comment courent les nuages sur les dunes, affolant les herbes hautes et les arbustes et effrayant les oiseaux. Il pleut encore alors que le jour s'échappe, la terre et le sable se rassasient et exhalent un parfum d'humide et de mousse.
Entre deux lectures, j'ai mis mon nez dehors. Mon voisin a laissé devant ma porte une soupe et du pain. J'ai l'impression de revenir encore au temps d'Abraham, quand les gestes les plus simples étaient aussi les plus doux, quand le Divin se mêlait aux hommes et cachait encore sa Face pour ne pas les effrayer.
Ici c'est vraiment la terre sainte.