Marcher dans le désert
désert
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Les histoires du comte d'Omer - jour 3 :31 mars 2021
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confinement, jour 18
(4/4/20). Hier, j'étais arrivé avec mon bouquet dans ma voiture et mon bonheur sous le bras. Celui de retrouver les miennes, épouse et fille. Mon bonheur s'est effiloché comme une ficelle usée. Une bassine déguisée en pédiluve m'attendait derrière la porte du jardin, je devais enlever mes chaussures et les passer à l'eau de javel, mettre mes vêtements dans la machine à laver. L'étreinte dont j'avais rêvé (ces bras qui s'ouvrent et qui enferment le héros qui revient de la bataille, avec un rire aux dents blanches et un baiser de tendresse) s'est dissoute comme le savon que je devais passer sur mes mains. Pas question de bisous. Distance de sécurité. La maison ressemblait maintenant à un jeu de chaises musicales, mais ce n'était pas les chaises qui manquaient, c'était les effusions de tendresses. Un retranchement généralisé derrière la crainte de la vilaine chose qui envahit le monde. Tous ensemble, mais loin de tous. Car ne pas caresser une joue à portée de main, ne pas embrasser le fruit de ses jours à portée de lèvres, ne pas pouvoir enlacer celle qu'on aime et qui est là, juste tout près, c'est être loin.
Je me suis endormi comme une saucisse dans un hot-dog. Roulé sur moi-même, devenu soudain sourd et aveugle, dans mon coin du lit, vexé d'avoir rêvé à d'autres retrouvailles que la situation sanitaire a rendues insupportables. Je suis (re)devenu autiste. Je me suis relégué dans un monde étanche, aseptique, inaccessible, tant que cette misère d'amour persisterait à nous gâcher la vie.
Ce samedi, le Livre. Une échappatoire. Tsav. (Lévitique, chapitre 6 à 8). Tsav: "ordonne..." On découvre le détail des offrandes, leurs types, comment elles doivent être présentées. Et Moïse, qui doit consacrer son frère aîné Aaron et ses fils les "enfants de coeur" (Ben levi'im en hébreu), les oblige à rester confinés 7 jours à l'entrée de la tente d'assignation (qui est en fait le Temple pendant toute la durée de l'éxode) "pour faire expiation" (chap.8/33)... Mais le verset 35 répète la sentence:" à l'entrée de la tente vous resterez jour et nuit et vous ferez la garde de l'Eternel, et vous ne mourrez pas, car c'est ainsi que j'en ai reçu l'ordre." Je suis retourné: deux versets qui parlent de 7 jours... 14 jours ? Et à quelle époque sommes-nous ? la même ! (le mois de Nissan) La fête de Pessah (pâque hébraïque) commence mercredi prochain, le huitième jour du mois. La relation avec ce qui se passe ici et maintenant est très troublante. Car dans le texte suivant (Chemini, le huitième jour), on assiste à la consécration de Aaron et ses fils, et à la manifestation de Elohim... Et on y apprend que plus un acte est sacré, plus il requiert une période de préparation morale et spirituelle importante. Et là, tout le peuple hébreu est requis de "rester à l'entrée de la tente (dans leur maison)" depuis sept jours...
J'avais annoncé au mois de septembre 2019 que cette année 5780 serait celle de l'entrée du Monde dans le septième jour de la création (le vendredi soir de la création à 18h41, heure du coucher du soleil à Jérusalem le soir du 8 Nissan, soir du seder de Pessah), et de grands bouleversements montreraient au monde cet avènement extraordinaire. A la lumière des évènements qui nous entourent, je crois que nous sommes sur ce chemin.
Le chat est resté sous la yourte. Les caméléons aussi. Notre chienne Françoise et sa copine Brigitte la tortue l'ont remplacées... Entre l'isolation et le confinement, je ne vois qu'une différence. L'amertume. Mais je ne fais pas ma promenade "autorisée" avec Brigitte. Elle est trop lente...
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Confinement: jour 16
(2/4/20)
Ma chérie a fini (enfin) par me le dire. "Tu me manques, j'ai besoin de toi !". Ce qu'il fallait. Comme de mettre la clé dans le démarreur. Alors j'ai cherché tous le prétextes pour quitter ma yourte et mon désert...
- la liaison internet est pourrie, ç'est uniquement le partage de connexion de mon téléphone. Un brave instrument celui-là.
- le chat sous la yourte en a marre de faire du yoga. La nuit, là, au moment où j'écris, il miaule en copain, trois ou quatre miaulements discrets, puis silence pendant cinq minutes, et il recommence. Je pense qu'il a froid, mais il ne veut pas me l'avouer, et encore moins venir se mettre au chaud.
- le temps fait le yoyo, ça décourage des tortues et les caméléons, ils restent confinés (eux aussi) et ils ne se montrent pas, ça me déçois beaucoup, j'aime trop ces petites bêtes.
- pas de télé. D'un coté, tant mieux, j'ai assez d'infos sur les réseaux sociaux: si les infos journalistiques sont du même tabac, je comprends que les gens qui restent devant leur télé toute la journée deviennent dingues.
- la voisine, adorable, ramasse des chiens en croyant qu'elle les sauvent. Elle a récupéré une chienne bédouine probablement skizophrène qui doit avoir des cordes vocales en titane. Elle aboie tout le temps, sur n'importe quoi et n'importe qui (dont moi) pour n'importe quelle raison obscure. La nuit c'est pire, elle engueule la lune...
- le sable. Il s'invite tout le temps dans tout ce que je fais. un malotru total : se met dans mes chaussures, se glisse sous la porte, fait la dune devant la yourte juste pour que j'utilise ma pelle, s'incruste avec son copain le vent dans le clavier de mon fidèle Lancelot III (c'est le nom de mon ordinateur portable, troisième du nom, le deux ayant perdu ses moyens faute de batterie de rechange, le un ayant été volé dans ma voiture par des envahisseurs à Jaffa juste devant la vieille mosquée), et, lorsque son compère le vent vient du sud et sa copine la pluie s'y colle aussi, ces trois là transforme et ma voiture et mes vitres en tenues de camouflage dégradée de tous les ocres jaunes de la région.
- le parquet: ça fait une semaine que je bouche les fissures avec la patience d'un ange qui aurait perdu ses ailes dans un poulailler industriel: mes genoux de vieux n'en peuvent plus. Et c'est pas encore fini...
- le froid qui me fait perdre l'envie de boire mon café: pendant que j'écris, le soir, la température tombe dans ma tasse chaude comme une épidémie: invisible, elle éteint la chaude sensation de tenir le mug, elle tiédit tout, puis me fait frémir quand je me lève pour aller dans mon lit froid et solitaire.Voilà assez d'arguments pour aller rejoindre la civilisation claquemurée derrière les peurs ancestrales des épidémies séculières. On se regarde, mes vieilles chaises et moi, celles qui ont fait le tour du monde depuis quarante ans, comme si l'on assistait à une veillée de bataille, ou à une veille de départ, en se disant qu'on ne s'oubliera pas, en jurant qu'on reviendra. Et je vous vois, tous, assis autour de moi, qui me dites "vas-y, vas-y..."
Il est temps que je rentre, j'entends des voix...
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Confinement: jour 15
(1/4/20). le quatorzième jour c'était hier. En toute logique, je devrais quitter cet endroit et rentrer à la maison, et être encore confiné indéfiniment dans une ville, cette fois, et dans un confinement partagé dans un espace fini.
J'hésite. Ici le regard porte jusqu'à l'horizon depuis les fenêtres. Les bruits sont ceux de la nature. Quelquefois les avions viennent s’entraîner au-dessus de ma tête, et il m'arrive de jouer à les suivre avec mes jumelles, les observer faire leurs cabrioles rondes, leurs ressources verticales, leurs piqués d'échappatoires. Ici je peux sentir le désert, définir mon jardin sans barrières, regarder les troupeaux raser méthodiquement les parterres à peine fleuris, chercher des yeux les animaux du silence, les voir vivre.
J'hésite. Dans ma solitude relative, je peux laisser mon esprit divaguer à sa guise, élucubrer des idées aussi nouvelles que farfelues, prier sans barrières, démonter le monde et croire que demain il sera aussi différent que beau, jouer patiemment à reboucher des fissures inconnues. Ici le temps ne compte plus.
J'hésite. Mon ange ne me crie pas son désarroi, elle occupe notre espace pour deux qui s'est refermé sur elle, comme si tout ce qui arrive était devenu supportable, comme si mon retour devenait un supplément au vécu du jour, comme si je pouvais devenir une contrainte supplémentaire, un frein à nos libertés individuelles, à nos coins qui pouvaient être devenus secrets à force de solitude. On prend vite des habitudes nouvelles pour combler les liens qui nous manquent. Je n'y échappe pas.
Je partirai vendredi. Je vais laisser s'éteindre ce long moment passé avec moi-même, réveiller les liens qui s'étaient endormis, cesser de regarder le vide, ce néant de tout qu'il faut sans cesse remplir de pensées et d'actions, pendant que les étoiles, au-dessus du ciel, me narguent en continuant inlassablement leur petit manège narquois et éternel...
(photo: arum rare du désert)
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Confinement: jour 14
(31/3/20)
Aujourd'hui, tempête de sable. autant dire, dans l'ordre:
- confinement du confinement: fenêtres et portes closes, pas le nez dehors, ou alors avec un chech bien roulé autour de la tête.
- pas la peine d'aller se balader, c'est le sable qui vient te livrer à domicile
- conjonctivite assurée pour les allergiques dans mon genre
- et les éternuements à rallonge en prime.Le chat cantonné sous la yourte (non ce n'est pas un chat chinois de Canton ! ) fait le sphinx: tête droite, pattes avant recroquevillées, posture de yogi en attendant des jours meilleurs, et probablement quelques miettes de thon qui tomberaient du ciel. Et là, la ciel, c'est moi. Mais pas de thon au menu du jour, j'ai la flemme.
Et comme c'est jour de sable, j'en ai profité pour passer l'aspirateur dans toute la maison, en haut, en bas, sous le canapé, derrière le frigo et même derrière les livres de la bibliothèque. Dans une accalmie, je suis sorti. J'ai vu le chat. Il était toujours en lévitation sous la yourte. C'est un peu plus loin que je suis tombé sur les jacinthes du désert qui avaient choisi justement aujourd'hui pour fleurir. Je les ai immortalisé dans mon téléphone, on ne sait jamais. Par ces temps de fin du monde, il vaut mieux fixer deux fois ce qui passe par la rétine, on pourrait ne pas nous croire dans les générations à venir.
J'ai commencé aussi (pour les générations à venir, vu la durée de vie moyenne d'un plancher en sapin du nord) à boucher les rainures entre les planches. il y en a 64 à faire: aligner sur chaque bord du papier collant, au dixième de millimètre, préparer la colle epoxy en y ajoutant de la poussière de bois pour la charger, poser la charge dans chaque fente avec une spatule, recommencer, recommencer, recommencer... et une fois la colle prise, enlever le papier collant, puis poncer pour effacer les défauts... J'espère que mes arrières petits-enfants penseront à moi en cirant ce merveilleux parquet, et se diront que l'aïeul n'avait vraiment rien à faire pour passer autant de temps à boucher les fissures...
J'étais tellement occupé que j'ai oublié que c'était mon dernier jour de bidoud (confinement, isolation, solitude en hébreu). Je devrais sauter de joie ce soir. Même pas. Je vis dans le pays le mieux protégé du monde (authentique), mais à quel prix:
- l'amour de ma vie ne m'embrasse que virtuellement derrière un écran en plastique,
- nous prenons nos repas par messagerie instantanée,
- aucun de nous ne mange la même chose que l'autre,
- nos échanges de tendresse sont des images et des sons de télévision...
Et nous aurons peur de nous toucher lorsque nous nous reverrons.
Il faudra surmonter çà...
Parce qu'on s'aime. -
Confinement: jour 13
(30/3/20)
Je découvre la faune de mon univers yourtal... un gecko mangeur de mouche, discret comme une ombre. Il pointe son museau le soir, s'accroche au dossier d'une chaise et me mate un moment, puis il disparait comme il est venu. Il y a aussi un chat, qui cantonne sous le plancher de la yourte. Lui je ne le connaissais pas. Ce voleur est venu sur la table installée sous ma toute nouvelle véranda, a ouvert le sac de pain dont je venais d'aseptiser l'emballage (voir plus loin), et a commencé à se faire un sandwich. Plus tard, ma voisine Natacha, émigrée russe ayant fait son nid de locataire dans une autre yourte voisine, m'a dit que "mon" chat courtisait la chatte de ses enfants. J'ai ri. Elle est courageuse Natacha, elle élève seule ses deux marmots en faisant la guide pour des touristes (en ce moment c'est plutôt maigre, les touristes), après avoir appris l'hébreu (comme tous ceux qui arrivent ici), puis l'anglais. Et donc elle s'exerce à décalquer la langue de Shakespeare sur son accent russe et veut que je lui réponde en anglais...
Je suis allé faire des courses. Vaste programme pour aller chercher du pain, quelques biscuits et de la confiture dans le truc que les bédouins appellent un bazar. Evidemment aucune protection individuelle, les gens touchent à tout et rigolent lorsqu'ils me voient avec un masque et des gants en latex. Ils sont trois cent mille agglutinés dans la périphérie de Beer-Shéva, et à quelques kilomètres d'ici une ville sauvage a commencé à s'étaler dans les collines. De nomades, ils deviennent sédentaires, sans connaitre les codes de la vie semi-urbaine: propreté, civisme, code de la route, assurances, et, pire que tout, éducation sanitaire, sont des mots inconnus chez eux. Seul, le chef de la tribu décide de ce que chacun doit faire ou pas. Vu l'environnement, je crains le pire pour tout ce monde de bergers et de trafiquants, le virus ne va pas les oublier...
Donc, une fois rentré, désinfecté au savon, j'ai passé tout ce que j'ai acheté à l'eau de javel, y compris les billets de banque et les pièces de monnaie, et j'ai désinfecté la voiture, sachant pourtant que le soleil fera le nécessaire pour détruire cette chose.
Ben voui, un virus, ce n'est pas un être vivant, c'est une chose, une molécule enrobée de lipide (graisse), qui est transportée par les éléments et rencontre des cellules, vivantes, elles, qui l'absorbent et se vampirisent avec son ARN pourri et mortel...
C'est là que "mon" chat a fait parler de lui... voleur !
J'ai un nouveau défi: remplir chaque fente du parquet avec de la colle epoxy avant de faire un traitement de beauté pour le bois. Ça m'occupe, on dit.
Demain, ce devrait être le dernier jour de "bidoud", de quarantaine comme on dit ici. Mais comme c'est parti, je vais avoir le temps de finir mon parquet. Chic ! il pleut (quelques gouttes, soyons modestes) ! -
Confinement: jour 12
(29/3/20)
J'avais commencé la journée par une séance de ponçage des dessertes de la cuisine. L'objectif était de boucher les fentes des panneaux de plancher avec de la colle epoxy, puis de poncer et enfin de passer l'ensemble avec une huile spéciale, supposée faire ressortir la beauté du bois tout en imperméabilisant le tout.
Mais je m'y suis pris comme un pied. J'ai pas pris la bonne ponceuse, elle n'avait pas de tuyau d'aspiration. La poussière m'a fait regretter mon travail, je l'ai haïe, elle m'a fait fuir.Je me suis vengé sur la carcasse de baignoire, celle qui me nargue depuis si longtemps au bout de la colline. J'ai pris mon jimny, j'ai suivi les pistes roulées dans le sable, je l'ai traînée derrière la voiture jusqu'à la benne qui est au bord de la vieille piste qui allait de Bagdad au Caire, du temps de l'empire turc.
Donc, le "ceci" de l'autre jour a fini par être réalisé... La colline est vide à présent, propre de nos déchets idiots.
Alors, je me suis offert une couronne... J'ai fini par trouver la bonne ponceuse, mais la fin du jour a surpris mon effort. Les chiens hoquétent leurs abois vers la dune, pendant que la lune commence sa course avec Vénus... Tout me manque: vos regards, vos sourires, vos rires et la beauté de vos âmes.
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Confinement: jour 11
(samedi 28/3/20)
Samedi, c'est repos. Réveillé et rendormi, j'ai fini par me lever à 10h ! Le soleil a fait comme moi, il est resté calfeutré derrière les nuages. Des nuages blancs, sans âme, poussé par le vent froid dont je ne sais même pas d'où il vient. Je suis ensuite entré dans le Livre. Cette fois-ci je prends les références du grand traducteur, André Chouraqui*. Voilà un homme qui n'était ni théologien, ni rabbin, et qui a re-traduit la Bible avec des recherches originales sur l'origine des mots. Sa traduction, plutot "mot à mot", et ça me plait. beaucoup.
Je mets en bas de page son introduction au 3éme livre de la Bible "vayikra" qu'il traduit par "le cri" et que les traductions françaises traduisent par "le lévitique". Cette traduction fait référence aux lévites, les gardiens du Temple, qui avaient pour mission de gérer la Tente d'Assignation, car ce troisième livre de la Torah aborde toutes les obligations et les lois qui sont sous l'autorité des lévites.
après l'étude, une balade dans les environs. Les coquelicots sont sortis, ils ponctuent de points rouges le patchwork des ocres du désert. Leur floraison signera la fin de la pluie, et le début du temps sec et chaud, mais la chaleur, c'est pas pour aujourd'hui. J'ai fini ma ronde autour du camp. Des jeunes, confinés aussi, ont construit une véranda devant ma yourte. Il l'ont fabriquée avec d'anciennes traverses de chemin de fer qui viennent, dit-on ici, de l'ancienne Rodhésie. Le propriétaire du camp, amateur de bois et de menuiserie les a retaillé, raboté, et elles figurent maintenant en plancher original... Quand ce sera fini, j'enverrai des images.
Sur le soir, à l'accoutumée, compte rendu familial sur messagerie instantanée. On se regarde, on se sourit, mais on sait bien que ce n'est pas suffisant. Les gens qui s'aiment ont besoin de se toucher, de s'étreindre. Nos corps sont les malheurs de nos âmes.
Introduction de la traduction du troisième live de la Torah par André Chouraqui :
" Il crie vers Moshè..." Ainsi débute ce volume, avec ces mots dont la racine est voisine du mot arabe Qur’an qui donne en français: Coran, le Cri, proclamation publique de la parole d’Allah.
Ce troisième livre du Pentateuque constitue une entité indépendante, une sorte de manuel sacerdotal qui nous fait pénétrer à l’intérieur du sanctuaire dont l’Exode avait décrit la construction. L’accent est mis sur les lois régissant le culte rendu par les kohanîm, les desservants ou prêtres, le mot levitos ayant fini par désigner en grec les kohanîm, les desservants, plutôt que leurs acolytes, léviîm, les lévites.
La source sacerdotale (P) est évidente dans le Lévitique, dont le style est caractéristique de la manière des prêtres, soucieux de maintenir la pureté des traditions.
L’impact du Lévitique sur les Hébreux et, après la naissance du christianisme, sur l’Église, est d’autant plus grand que ce livre contient 247 des 613 commandements de la Bible, et certains des plus importants puisqu’ils concernent la torah des consécrations, les rites sacrificiels et la vie du sanctuaire. Les kohanîm ou desservants sont investis d’une double mission: enseigner à Israël à distinguer le sacré du profane, la pureté de la contamination, et à purger le sanctuaire, source de toute bénédiction, de ce qui aurait pu le contaminer, donc entraver ses fonctions divines et cosmiques. L’univers de la Bible vit grâce à l’économie d’oblation des rites sacrificiels, qui en permettent l’harmonieux fonctionnement: ‘ola (montée ou holocauste), mînha (offrande) et shelamîm (sacrifices de pacification) sont les trois types de sacrifices spontanément offerts par l’homme pour renouer ses relations avec la divinité (ch. 1-3).
Hatat (défauteur) et ashâm (coulpe) sont destinés à effacer une faute ou une culpabilité (ch. 4-5). Le sacrifice et l’offrande correspondent ainsi à un besoin de l’homme, soucieux d’être en règle avec la divinité: les prophètes, cependant, ne cessent de critiquer les rites sacrificiels lorsque ceux-ci se montrent impuissants à élever l’homme à une plus grande transparence spirituelle et morale. L’offrande faite à IHVH-Adonaï, donc à ses prêtres, consiste soit en animaux gros et petit bétail, oiseaux purs , soit en céréales. Le rite solennise et souvent dramatise l’offrande dont il accuse l’efficacité mystique et parfois magique. La valeur suprême du sacrifice vient de ce qu’il exprime en toute circonstance la volonté de IHVH-Adonaï révélée à Moshè. D’où l’importance d’une législation fort détaillée n’omettant aucun des détails qui donneront son efficacité au rite. Les cérémonies ont pour but suprême d’assurer le bon fonctionnement du pacte, garant de toute paix et de toute bénédiction accordée par IHVH-Adonaï à Israël et au monde (ch. 6-7).
Les chapitres 8 à 10, qui définissent les rites de consécration du sanctuaire et de ses desservants, constituent une suite logique et chronologique des chapitres 35 à 40 de l’Exode. Il est remarquable que le récit soit dominé par la haute figure de Moshè, qui n’était pas prêtre, et non par Aarôn: partout dans la Bible, l’inspiré a priorité sur le desservant, même dans ce code sacerdotal.
Mais davantage qu’un code, le volume du Lévitique est aussi un immense poème incantatoire d’une facture parfois étonnamment moderne. La phrase lapidaire épouse toujours des rythmes haletants pour décrire l’homme de la Bible confronté, sous le regard de son Dieu, aux exigences du sacrifice, de l’offrande ou de l’oblation, comme aux fatalités de la vie et de la mort."
https://fr.wikipedia.org/wiki/André_Chouraqui -
Confinement: jour 10
(vendredi 27/3/20).
Mais que faire pour se rendre utile quand on est confiné au milieu du désert ? Comme je disais l'autre jour, cette chance que nous avons de vivre à notre époque est d'être en contact quasi-permanent avec le monde entier, et d'avoir accès à une quantité colossale d'informations. Mon ange d'épouse me dit derrière sa caméra qu'il ne faut pas s'obnubiler sur ce sujet. Ben tiens... Elle a raison ma chérie, surtout quand les infos que l'on reçoit sont biaisées par les intérêts de toutes sortes, à commencer et surtout politiques...Un exemple: sur le site de référence que j'ai déjà donné (gisanndata.maps etc...) les données chinoises n'ont pas bougé d'un pouce depuis plus d'une semaine. Ne vas pas me faire croire que d'un coup d'un seul il n'y a plus aucun nouveau cas ni aucun décès dans ce pays de plus d'un milliard d'habitants en 24 heures ! non, la courbe chinoise doit très logiquement suivre celle des autres pays, ce qui me fait penser que tout est faux. A comparer, les USA, pays démocratique et ouverts à l'information publient en temps réel ce qui se passe: les chiffres se passent de commentaires...
J'ai trouvé un document - un peu long et technique, je le reconnais - mais qui explique très clairement le pourquoi et le comment de cette chose qu'on appelle un virus. Eclairant ! je le mets en fin de document...
C'est shabbat ce soir. Ma chérie d'épouse m'avait concocté des repas qu'elle avait surgelé. Lorsque je suis arrivé à l'aéroport, il y a maintenant 10 jours, ma fille a posé les clés de mon Jimny sur le capot de la voiture et m'a dit de loin: "papa, tout est dans la voiture, bienvenue en Israel, on t'aime". Je venais de faire plus de 35 heures d'avion, il faisait nuit, et je devais encore faire 200 kilomètres pour rejoindre la yourte. Dans la voiture, elles avaient préparé le ravitaillement, du linge de rechange, et ce repas de shabbat que je vais manger ce soir, à petite dose, pour imprégner chaque cellule de mon être de l'amour qu'elle a mis pour le préparer...
Le document :
Le virus n'est pas un organisme vivant, mais une molécule de protéine ( ARN ) recouverte d'une couche protectrice de lipide (graisse), qui, lorsqu'elle est absorbée par les cellules des muqueuses oculaires, nasales ou buccales, modifie leur code génétique. (mutation) et les convertit en cellules agresseurs et multiplicatrices.* Comme le virus n'est pas un organisme vivant mais une molécule de protéine, il n'est pas tué, mais se décompose de lui-même. Le temps de désintégration dépend de la température, de l'humidité et du type de matériau où il se trouve.
* Le virus est très fragile ; la seule chose qui le protège est une fine couche de graisse extérieure. C'est pourquoi tout savon ou détergent est le meilleur remède, car la mousse COUPE la GRAISSE (c'est pourquoi il faut frotter autant : pendant 20 secondes ou plus, pour faire beaucoup de mousse). En dissolvant la couche de graisse, la molécule de protéine se disperse et se décompose d'elle-même.
* La chaleur fait fondre la graisse ; c'est pourquoi il est préférable d'utiliser de l'eau à plus de 25 degrés Celsius pour se laver les mains, les vêtements et tout le reste. De plus, l'eau chaude fait plus de mousse et cela la rend encore plus utile.
* L'alcool ou tout mélange avec de l'alcool à plus de 65% DISSOUT TOUTE GRAISSE, en particulier la couche lipidique externe du virus.
* Tout mélange avec 1 part d'eau de javel et 5 parts d'eau dissout directement la protéine, la décompose de l'intérieur.
* L'eau oxygénée est utile longtemps après le savon, l'alcool et le chlore, car le peroxyde dissout la protéine du virus, mais il faut l'utiliser pure et elle est nocive pour la peau.
* AUCUN BACTÉRICIDE NE SERT. Le virus n'est pas un organisme vivant comme les bactéries ; elles ne peuvent pas tuer ce qui n'est pas vivant avec les antibiotiques, mais elles désintègrent rapidement sa structure avec tout ce qui est dit.
* Ne jamais secouer chez soi les vêtements, draps ou tissus usagés ou non utilisés. Bien qu'il soit collé sur une surface poreuse, le virus est inerte et ne se désintègre qu'entre:
- 3 heures (tissu et poreux),
- 4 heures sur le bois, (peut-être parce que le bois lui enlève toute l'humidité et ne le laisse pas se détacher et se désintégrer)
- 24 heures (carton),
- 42 heures sur le métal (sauf sur le cuivre, car il est naturellement antiseptique)
- 72 heures sur le plastique.
Si vous le secouez ou utilisez un plumeau, les molécules du virus flottent dans l'air pendant 3 heures et peuvent se loger dans votre nez.* Les molécules du virus restent très stables dans le froid extérieur, ou dans le froid artificiel comme les climatiseurs des maisons et des voitures. Elles ont également besoin d'humidité pour rester stables, et surtout de l'obscurité. Par conséquent, les environnements déshumidifiés, secs, chauds et lumineux les dégraderont plus rapidement.
* La lumière UV sur tout objet pouvant en contenir décompose la protéine du virus. Par exemple, désinfecter un masque avec un éclairage UV permet de le réutiliser. Attention, la lumière UV à haute dose décompose également le collagène (qui est une protéine) de la peau, ce qui finit par provoquer des rides et le cancer de la peau.
* Le virus ne peut pas traverser une peau saine.
* Le vinaigre n'est PAS utile car il ne décompose pas la couche protectrice de graisse.
* aucun spiritueux ni vodka, ne sont utiles. La vodka la plus forte est à 40% d'alcool, et il vous en faut 65%.
* LA LISTERINE, SI, ELLE SERT ! C'est de l'alcool à 65%.
* Plus l'espace est confiné, plus la concentration du virus peut être élevée. Plus l'espace est ouvert ou naturellement ventilé, moins il y en a.
* C'est déjà maintes fois répété, mais il faut se laver les mains - après avoir touché de la nourriture, des serrures, des boutons, des interrupteurs, une télécommande, un téléphone portable, des montres, des ordinateurs, des bureaux, une télévision, etc. Et quand vous utilisez les toilettes.
- avant de se toucher les yeux, le nez, la bouche et toute muqueuse humide de son corps.* HUMIDIFIER LES MAINS SÉCHÉES avec un hydratant corporel stérile après les avoir lavées, car les molécules peuvent se cacher dans les micro-fissures. Plus l'hydratant est épais, mieux c'est. * Garder aussi ses ONGLES COURTS pour que le virus ne s'y cache pas.
Voilà. Je souhaitais me rendre utile, j'espère que cela t'éclairera et t'aidera.
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Confinement: jour 9
(26/03/20)
C'est bizarre, j'ai été réveillé par une révélation, sous la forme d'une chanson des années 70: "le jour de clarté", de Graeme Allwright. Tellement bizarre que ce soir, quelque chose me dit que c'est bien ce qui s'est passé aujourd'hui.
La journée était morne. temps gris, petit déjeuner maussade (j'ai raté ma galette journalière faite d'un oeuf mélangé avec un verre d'eau et 5 cuillères de flocons d'avoine, le tout mis à cuire à la poêle des deux cotés : en la faisant sauter, elle a dérapé dans le virage et s'est vautrée à cheval sur l'ustensile de cuisson, grrr) et je ne retrouvais pas une photo de Ben Gourion recevant un bouquet de fleurs d'une petite fille dans les années 40.
La solitude a ceci de particulier qu'elle induit une remise en question permanente sur les choix individuels: n'étant confronté à aucune obligation partenariale ou familiale, je me demande toujours si c'est ceci ou cela que je dois faire... j'ai opté aujourd'hui pour cela. Tant pis pour ceci, ce sera pour demain. Donc cela consistait à partir en expédition punitive pour effectuer une extraction de sacs en plastique perchés au fond d'une colline, une autre que celle d'hier, repérés à la jumelle.
Me voilà donc parti, presque de mauvaise humeur, sac sous le bras, les yeux rivés trois mètres devant, avec le secret espoir de rencontrer un animal pouvant me servir de confident, pendant quelques heures de prise d'otage, le temps de faire connaissance, et peut-être de s'apprivoiser comme dans un livre de Saint-Exupery ... Mais à part des sacs et des bouteilles en plastique, je n'ai rien rencontré que des cailloux luisant au soleil et des terriers abandonnés. Mais j'avais la satisfaction d'avoir nettoyé un peu plus la nature, et je me sentais fier de pouvoir faire un tour d'horizon avec mes jumelles sans croiser du regard les formes inopportunes et rudement colorées de ces fichus sacs volants issus des centres commerciaux lointains, véritables verrues incongrues dans mon paysage d'ascèse et de beauté.
J'y reviens: il semble que ce soir l’imbroglio politico-comique de nos élus locaux, ici, en Israel , se soit enfin dénoué. Les chiens ne fraient pas avec les chats, même si, à l'instar du dessin animé "Fievel et le nouveau monde", certains chats se soient déguisés un temps en souris pour se glisser dans la niche du chien... Evidemment tout le monde a eu peur, mais ça ne dure qu'un temps: l'évidence de l'intelligence a fini par prendre le pas sur la bêtise. les choses se sont remises à leur place, comme après une grosse pluie... Bref, pour ceux qui ont les yeux ouverts, c'était bien un jour de clarté.
https://www.youtube.com/watch?v=u_NrZ67YP9U