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moïse

  • confinement, jour 20

    (lundi 6/4/20).

    Aujourd'hui c'était la journée vitres. Je m'explique. Mon ange d'épouse chaque année fait le grand ménage de Pâques, et là, on est en plein dedans. En général elle en profite pour "ranger" (mot pudique pour faire disparaître des choses que je veux garder mais qui ne sont pas "utiles" à ses yeux) mes affaires dans des cartons, qui, si je n'y prends pas garde, finissent irrémédiablement dans une benne loin de mes yeux, surtout si je ne suis pas là. Mais là, revenu de mon isolement, je veille.

    Pour me distraire (de ses investigations, et pas pour égayer ma journée, hum !), elle m'a chargé de "faire les vitres". ha ha !! On reconnait après 43 ans de mariage les étranges spécialités qui sont les miennes: récurer le cul des casseroles et nettoyer les vitres. Depuis que je suis petit, j'ai toujours été impressionné par les laveurs de carreaux. Entre ma mère qui y allait au papier journal et à l'eau savonneuse et les laveurs de vitre des grattes-ciel avec leur coup de patte magique, j'ai appris à me confectionner la panoplie parfaite du vitrier rénovateur. le modernisme a également apporté des outils quasiment parfaits pour cette tâche autrefois ingrate et maintenant aussi respectée que le statut d'instituteur dans les villages de Provence. une cuvette de la taille de la raclette en silicone, remplie d'eau légèrement savonneuse, une éponge montée sur un manche, du type de ce qu'on utilise pour les pare-brises de voiture, une raclette en silicone avec un manche court, et une étoffe en matière non tissée et c'est parti. Comme je dis toujours, le diable se cache toujours dans les détails, et c'est là que réside le secret du travail bien fait... Elles y sont toutes passées, les vitres. dehors, dedans, et surtout sur les bords. La maîtresse de maison est contente, mais elle regarde à deux fois avant d'ouvrir la baie vitrée de la véranda: elle ne sait plus si elle est ouverte ou fermée.

    Bientôt, l'espace va se fermer un peu plus. Mercredi, on ne pourra plus sortir de chez soi, pour la première fois dans le pays. Mercredi soir ce sera le seder de pessah (le repas rituel de la pâque hébraïque pendant lequel on relit la sortie d'Egypte). "Nuit de protection de l'Eternel pour les faire sortir du pays d'Egypte: c'est là, la nuit de l'Eternel pour la protection des enfants d'Israël, pour leurs générations" (Exode, ch 12, verset 42).

    Une phrase qui me fait frémir... Le confinement passé nous a fait sortir de nos routines, de nos envies matérielles, de nos passions inutiles, de notre "Egypte"... Et voilà que dans deux jours, "la nuit de l'Eternel" protégera les enfants d'Israël.
    Qui sait ce qui va arriver d'ici jeudi matin ?

    https://www.ina.fr/video/VDD09016091

     

  • confinement, jour 18

    (4/4/20). Hier, j'étais arrivé avec mon bouquet dans ma voiture et mon bonheur sous le bras. Celui de retrouver les miennes, épouse et fille. Mon bonheur s'est effiloché comme une ficelle usée. Une bassine déguisée en pédiluve m'attendait derrière la porte du jardin, je devais enlever mes chaussures et les passer à l'eau de javel, mettre mes vêtements dans la machine à laver. L'étreinte dont j'avais rêvé (ces bras qui s'ouvrent et qui enferment le héros qui revient de la bataille, avec un rire aux dents blanches et un baiser de tendresse) s'est dissoute comme le savon que je devais passer sur mes mains. Pas question de bisous. Distance de sécurité. La maison ressemblait maintenant à un jeu de chaises musicales, mais ce n'était pas les chaises qui manquaient, c'était les effusions de tendresses. Un retranchement généralisé derrière la crainte de la vilaine chose qui envahit le monde. Tous ensemble, mais loin de tous. Car ne pas caresser une joue à portée de main, ne pas embrasser le fruit de ses jours à portée de lèvres, ne pas pouvoir enlacer celle qu'on aime et qui est là, juste tout près, c'est être loin.

    Je me suis endormi comme une saucisse dans un hot-dog. Roulé sur moi-même, devenu soudain sourd et aveugle, dans mon coin du lit, vexé d'avoir rêvé à d'autres retrouvailles que la situation sanitaire a rendues insupportables. Je suis (re)devenu autiste. Je me suis relégué dans un monde étanche, aseptique, inaccessible, tant que cette misère d'amour persisterait à nous gâcher la vie.

    Ce samedi, le Livre. Une échappatoire. Tsav. (Lévitique, chapitre 6 à 8). Tsav: "ordonne..." On découvre le détail des offrandes, leurs types, comment elles doivent être présentées. Et Moïse, qui doit consacrer son frère aîné Aaron et ses fils les "enfants de coeur" (Ben levi'im en hébreu), les oblige à rester confinés 7 jours à l'entrée de la tente d'assignation (qui est en fait le Temple pendant toute la durée de l'éxode) "pour faire expiation" (chap.8/33)... Mais le verset 35 répète la sentence:" à l'entrée de la tente vous resterez jour et nuit et vous ferez la garde de l'Eternel, et vous ne mourrez pas, car c'est ainsi que j'en ai reçu l'ordre." Je suis retourné: deux versets qui parlent de 7 jours... 14 jours ? Et à quelle époque sommes-nous ? la même ! (le mois de Nissan) La fête de Pessah (pâque hébraïque) commence mercredi prochain, le huitième jour du mois. La relation avec ce qui se passe ici et maintenant est très troublante. Car dans le texte suivant (Chemini, le huitième jour), on assiste à la consécration de Aaron et ses fils, et à la manifestation de Elohim... Et on y apprend que plus un acte est sacré, plus il requiert une période de préparation morale et spirituelle importante. Et là, tout le peuple hébreu est requis de "rester à l'entrée de la tente (dans leur maison)" depuis sept jours...

    J'avais annoncé au mois de septembre 2019 que cette année 5780 serait celle de l'entrée du Monde dans le septième jour de la création (le vendredi soir de la création à 18h41, heure du coucher du soleil à Jérusalem le soir du 8 Nissan, soir du seder de Pessah), et de grands bouleversements montreraient au monde cet avènement extraordinaire. A la lumière des évènements qui nous entourent, je crois que nous sommes sur ce chemin.

    Le chat est resté sous la yourte. Les caméléons aussi. Notre chienne Françoise et sa copine Brigitte la tortue l'ont remplacées... Entre l'isolation et le confinement, je ne vois qu'une différence. L'amertume. Mais je ne fais pas ma promenade "autorisée" avec Brigitte. Elle est trop lente...

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