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Confinement: jour 14

(31/3/20)

Aujourd'hui, tempête de sable. autant dire, dans l'ordre:
- confinement du confinement: fenêtres et portes closes, pas le nez dehors, ou alors avec un chech bien roulé autour de la tête.
- pas la peine d'aller se balader, c'est le sable qui vient te livrer à domicile
- conjonctivite assurée pour les allergiques dans mon genre
- et les éternuements à rallonge en prime.

Le chat cantonné sous la yourte (non ce n'est pas un chat chinois de Canton ! ) fait le sphinx: tête droite, pattes avant recroquevillées, posture de yogi en attendant des jours meilleurs, et probablement quelques miettes de thon qui tomberaient du ciel. Et là, la ciel, c'est moi. Mais pas de thon au menu du jour, j'ai la flemme.

Et comme c'est jour de sable, j'en ai profité pour passer l'aspirateur dans toute la maison, en haut, en bas, sous le canapé, derrière le frigo et même derrière les livres de la bibliothèque. Dans une accalmie, je suis sorti. J'ai vu le chat. Il était toujours en lévitation sous la yourte. C'est un peu plus loin que je suis tombé sur les jacinthes du désert qui avaient choisi justement aujourd'hui pour fleurir. Je les ai immortalisé dans mon téléphone, on ne sait jamais. Par ces temps de fin du monde, il vaut mieux fixer deux fois ce qui passe par la rétine, on pourrait ne pas nous croire dans les générations à venir.

J'ai commencé aussi (pour les générations à venir, vu la durée de vie moyenne d'un plancher en sapin du nord) à boucher les rainures entre les planches. il y en a 64 à faire: aligner sur chaque bord du papier collant, au dixième de millimètre, préparer la colle epoxy en y ajoutant de la poussière de bois pour la charger, poser la charge dans chaque fente avec une spatule, recommencer, recommencer, recommencer... et une fois la colle prise, enlever le papier collant, puis poncer pour effacer les défauts... J'espère que mes arrières petits-enfants penseront à moi en cirant ce merveilleux parquet, et se diront que l'aïeul n'avait vraiment rien à faire pour passer autant de temps à boucher les fissures...

J'étais tellement occupé que j'ai oublié que c'était mon dernier jour de bidoud (confinement, isolation, solitude en hébreu). Je devrais sauter de joie ce soir. Même pas. Je vis dans le pays le mieux protégé du monde (authentique), mais à quel prix:
- l'amour de ma vie ne m'embrasse que virtuellement derrière un écran en plastique,
- nous prenons nos repas par messagerie instantanée,
- aucun de nous ne mange la même chose que l'autre,
- nos échanges de tendresse sont des images et des sons de télévision...
Et nous aurons peur de nous toucher lorsque nous nous reverrons.
Il faudra surmonter çà...
Parce qu'on s'aime.

L’image contient peut-être : ciel, plein air et nature
L’image contient peut-être : plante, fleur, plein air et nature

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