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  • Confinement: jour 13

    (30/3/20)
    Je découvre la faune de mon univers yourtal... un gecko mangeur de mouche, discret comme une ombre. Il pointe son museau le soir, s'accroche au dossier d'une chaise et me mate un moment, puis il disparait comme il est venu. Il y a aussi un chat, qui cantonne sous le plancher de la yourte. Lui je ne le connaissais pas. Ce voleur est venu sur la table installée sous ma toute nouvelle véranda, a ouvert le sac de pain dont je venais d'aseptiser l'emballage (voir plus loin), et a commencé à se faire un sandwich. Plus tard, ma voisine Natacha, émigrée russe ayant fait son nid de locataire dans une autre yourte voisine, m'a dit que "mon" chat courtisait la chatte de ses enfants. J'ai ri. Elle est courageuse Natacha, elle élève seule ses deux marmots en faisant la guide pour des touristes (en ce moment c'est plutôt maigre, les touristes), après avoir appris l'hébreu (comme tous ceux qui arrivent ici), puis l'anglais. Et donc elle s'exerce à décalquer la langue de Shakespeare sur son accent russe et veut que je lui réponde en anglais...

    Je suis allé faire des courses. Vaste programme pour aller chercher du pain, quelques biscuits et de la confiture dans le truc que les bédouins appellent un bazar. Evidemment aucune protection individuelle, les gens touchent à tout et rigolent lorsqu'ils me voient avec un masque et des gants en latex. Ils sont trois cent mille agglutinés dans la périphérie de Beer-Shéva, et à quelques kilomètres d'ici une ville sauvage a commencé à s'étaler dans les collines. De nomades, ils deviennent sédentaires, sans connaitre les codes de la vie semi-urbaine: propreté, civisme, code de la route, assurances, et, pire que tout, éducation sanitaire, sont des mots inconnus chez eux. Seul, le chef de la tribu décide de ce que chacun doit faire ou pas. Vu l'environnement, je crains le pire pour tout ce monde de bergers et de trafiquants, le virus ne va pas les oublier...

    Donc, une fois rentré, désinfecté au savon, j'ai passé tout ce que j'ai acheté à l'eau de javel, y compris les billets de banque et les pièces de monnaie, et j'ai désinfecté la voiture, sachant pourtant que le soleil fera le nécessaire pour détruire cette chose.

    Ben voui, un virus, ce n'est pas un être vivant, c'est une chose, une molécule enrobée de lipide (graisse), qui est transportée par les éléments et rencontre des cellules, vivantes, elles, qui l'absorbent et se vampirisent avec son ARN pourri et mortel...

    C'est là que "mon" chat a fait parler de lui... voleur !

    J'ai un nouveau défi: remplir chaque fente du parquet avec de la colle epoxy avant de faire un traitement de beauté pour le bois. Ça m'occupe, on dit.

    Demain, ce devrait être le dernier jour de "bidoud", de quarantaine comme on dit ici. Mais comme c'est parti, je vais avoir le temps de finir mon parquet. Chic ! il pleut (quelques gouttes, soyons modestes) !

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  • Confinement: jour 12

    (29/3/20)

    J'avais commencé la journée par une séance de ponçage des dessertes de la cuisine. L'objectif était de boucher les fentes des panneaux de plancher avec de la colle epoxy, puis de poncer et enfin de passer l'ensemble avec une huile spéciale, supposée faire ressortir la beauté du bois tout en imperméabilisant le tout.
    Mais je m'y suis pris comme un pied. J'ai pas pris la bonne ponceuse, elle n'avait pas de tuyau d'aspiration. La poussière m'a fait regretter mon travail, je l'ai haïe, elle m'a fait fuir.

    Je me suis vengé sur la carcasse de baignoire, celle qui me nargue depuis si longtemps au bout de la colline. J'ai pris mon jimny, j'ai suivi les pistes roulées dans le sable, je l'ai traînée derrière la voiture jusqu'à la benne qui est au bord de la vieille piste qui allait de Bagdad au Caire, du temps de l'empire turc.

    Donc, le "ceci" de l'autre jour a fini par être réalisé... La colline est vide à présent, propre de nos déchets idiots.

    Alors, je me suis offert une couronne... J'ai fini par trouver la bonne ponceuse, mais la fin du jour a surpris mon effort. Les chiens hoquétent leurs abois vers la dune, pendant que la lune commence sa course avec Vénus... Tout me manque: vos regards, vos sourires, vos rires et la beauté de vos âmes.

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  • Confinement: jour 11

    (samedi 28/3/20)

    Samedi, c'est repos. Réveillé et rendormi, j'ai fini par me lever à 10h ! Le soleil a fait comme moi, il est resté calfeutré derrière les nuages. Des nuages blancs, sans âme, poussé par le vent froid dont je ne sais même pas d'où il vient. Je suis ensuite entré dans le Livre. Cette fois-ci je prends les références du grand traducteur, André Chouraqui*. Voilà un homme qui n'était ni théologien, ni rabbin, et qui a re-traduit la Bible avec des recherches originales sur l'origine des mots. Sa traduction, plutot "mot à mot", et ça me plait. beaucoup.

    Je mets en bas de page son introduction au 3éme livre de la Bible "vayikra" qu'il traduit par "le cri" et que les traductions françaises traduisent par "le lévitique". Cette traduction fait référence aux lévites, les gardiens du Temple, qui avaient pour mission de gérer la Tente d'Assignation, car ce troisième livre de la Torah aborde toutes les obligations et les lois qui sont sous l'autorité des lévites.

    après l'étude, une balade dans les environs. Les coquelicots sont sortis, ils ponctuent de points rouges le patchwork des ocres du désert. Leur floraison signera la fin de la pluie, et le début du temps sec et chaud, mais la chaleur, c'est pas pour aujourd'hui. J'ai fini ma ronde autour du camp. Des jeunes, confinés aussi, ont construit une véranda devant ma yourte. Il l'ont fabriquée avec d'anciennes traverses de chemin de fer qui viennent, dit-on ici, de l'ancienne Rodhésie. Le propriétaire du camp, amateur de bois et de menuiserie les a retaillé, raboté, et elles figurent maintenant en plancher original... Quand ce sera fini, j'enverrai des images.

    Sur le soir, à l'accoutumée, compte rendu familial sur messagerie instantanée. On se regarde, on se sourit, mais on sait bien que ce n'est pas suffisant. Les gens qui s'aiment ont besoin de se toucher, de s'étreindre. Nos corps sont les malheurs de nos âmes.

    Introduction de la traduction du troisième live de la Torah par André Chouraqui :
    " Il crie vers Moshè..." Ainsi débute ce volume, avec ces mots dont la racine est voisine du mot arabe Qur’an qui donne en français: Coran, le Cri, proclamation publique de la parole d’Allah.
    Ce troisième livre du Pentateuque constitue une entité indépendante, une sorte de manuel sacerdotal qui nous fait pénétrer à l’intérieur du sanctuaire dont l’Exode avait décrit la construction. L’accent est mis sur les lois régissant le culte rendu par les kohanîm, les desservants ou prêtres, le mot levitos ayant fini par désigner en grec les kohanîm, les desservants, plutôt que leurs acolytes, léviîm, les lévites.
    La source sacerdotale (P) est évidente dans le Lévitique, dont le style est caractéristique de la manière des prêtres, soucieux de maintenir la pureté des traditions.
    L’impact du Lévitique sur les Hébreux et, après la naissance du christianisme, sur l’Église, est d’autant plus grand que ce livre contient 247 des 613 commandements de la Bible, et certains des plus importants puisqu’ils concernent la torah des consécrations, les rites sacrificiels et la vie du sanctuaire. Les kohanîm ou desservants sont investis d’une double mission: enseigner à Israël à distinguer le sacré du profane, la pureté de la contamination, et à purger le sanctuaire, source de toute bénédiction, de ce qui aurait pu le contaminer, donc entraver ses fonctions divines et cosmiques. L’univers de la Bible vit grâce à l’économie d’oblation des rites sacrificiels, qui en permettent l’harmonieux fonctionnement: ‘ola (montée ou holocauste), mînha (offrande) et shelamîm (sacrifices de pacification) sont les trois types de sacrifices spontanément offerts par l’homme pour renouer ses relations avec la divinité (ch. 1-3).
    Hatat (défauteur) et ashâm (coulpe) sont destinés à effacer une faute ou une culpabilité (ch. 4-5). Le sacrifice et l’offrande correspondent ainsi à un besoin de l’homme, soucieux d’être en règle avec la divinité: les prophètes, cependant, ne cessent de critiquer les rites sacrificiels lorsque ceux-ci se montrent impuissants à élever l’homme à une plus grande transparence spirituelle et morale. L’offrande faite à IHVH-Adonaï, donc à ses prêtres, consiste soit en animaux ­ gros et petit bétail, oiseaux purs ­, soit en céréales. Le rite solennise et souvent dramatise l’offrande dont il accuse l’efficacité mystique et parfois magique. La valeur suprême du sacrifice vient de ce qu’il exprime en toute circonstance la volonté de IHVH-Adonaï révélée à Moshè. D’où l’importance d’une législation fort détaillée n’omettant aucun des détails qui donneront son efficacité au rite. Les cérémonies ont pour but suprême d’assurer le bon fonctionnement du pacte, garant de toute paix et de toute bénédiction accordée par IHVH-Adonaï à Israël et au monde (ch. 6-7).
    Les chapitres 8 à 10, qui définissent les rites de consécration du sanctuaire et de ses desservants, constituent une suite logique et chronologique des chapitres 35 à 40 de l’Exode. Il est remarquable que le récit soit dominé par la haute figure de Moshè, qui n’était pas prêtre, et non par Aarôn: partout dans la Bible, l’inspiré a priorité sur le desservant, même dans ce code sacerdotal.
    Mais davantage qu’un code, le volume du Lévitique est aussi un immense poème incantatoire d’une facture parfois étonnamment moderne. La phrase lapidaire épouse toujours des rythmes haletants pour décrire l’homme de la Bible confronté, sous le regard de son Dieu, aux exigences du sacrifice, de l’offrande ou de l’oblation, comme aux fatalités de la vie et de la mort."
    https://fr.wikipedia.org/wiki/André_Chouraqui

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  • Confinement: jour 10

    (vendredi 27/3/20).


    Mais que faire pour se rendre utile quand on est confiné au milieu du désert ? Comme je disais l'autre jour, cette chance que nous avons de vivre à notre époque est d'être en contact quasi-permanent avec le monde entier, et d'avoir accès à une quantité colossale d'informations. Mon ange d'épouse me dit derrière sa caméra qu'il ne faut pas s'obnubiler sur ce sujet. Ben tiens... Elle a raison ma chérie, surtout quand les infos que l'on reçoit sont biaisées par les intérêts de toutes sortes, à commencer et surtout politiques...

    Un exemple: sur le site de référence que j'ai déjà donné (gisanndata.maps etc...) les données chinoises n'ont pas bougé d'un pouce depuis plus d'une semaine. Ne vas pas me faire croire que d'un coup d'un seul il n'y a plus aucun nouveau cas ni aucun décès dans ce pays de plus d'un milliard d'habitants en 24 heures ! non, la courbe chinoise doit très logiquement suivre celle des autres pays, ce qui me fait penser que tout est faux. A comparer, les USA, pays démocratique et ouverts à l'information publient en temps réel ce qui se passe: les chiffres se passent de commentaires...

    J'ai trouvé un document - un peu long et technique, je le reconnais - mais qui explique très clairement le pourquoi et le comment de cette chose qu'on appelle un virus. Eclairant ! je le mets en fin de document...

    C'est shabbat ce soir. Ma chérie d'épouse m'avait concocté des repas qu'elle avait surgelé. Lorsque je suis arrivé à l'aéroport, il y a maintenant 10 jours, ma fille a posé les clés de mon Jimny sur le capot de la voiture et m'a dit de loin: "papa, tout est dans la voiture, bienvenue en Israel, on t'aime". Je venais de faire plus de 35 heures d'avion, il faisait nuit, et je devais encore faire 200 kilomètres pour rejoindre la yourte. Dans la voiture, elles avaient préparé le ravitaillement, du linge de rechange, et ce repas de shabbat que je vais manger ce soir, à petite dose, pour imprégner chaque cellule de mon être de l'amour qu'elle a mis pour le préparer...

    Le document :
    Le virus n'est pas un organisme vivant, mais une molécule de protéine ( ARN ) recouverte d'une couche protectrice de lipide (graisse), qui, lorsqu'elle est absorbée par les cellules des muqueuses oculaires, nasales ou buccales, modifie leur code génétique. (mutation) et les convertit en cellules agresseurs et multiplicatrices.

    * Comme le virus n'est pas un organisme vivant mais une molécule de protéine, il n'est pas tué, mais se décompose de lui-même. Le temps de désintégration dépend de la température, de l'humidité et du type de matériau où il se trouve.

    * Le virus est très fragile ; la seule chose qui le protège est une fine couche de graisse extérieure. C'est pourquoi tout savon ou détergent est le meilleur remède, car la mousse COUPE la GRAISSE (c'est pourquoi il faut frotter autant : pendant 20 secondes ou plus, pour faire beaucoup de mousse). En dissolvant la couche de graisse, la molécule de protéine se disperse et se décompose d'elle-même.

    * La chaleur fait fondre la graisse ; c'est pourquoi il est préférable d'utiliser de l'eau à plus de 25 degrés Celsius pour se laver les mains, les vêtements et tout le reste. De plus, l'eau chaude fait plus de mousse et cela la rend encore plus utile.

    * L'alcool ou tout mélange avec de l'alcool à plus de 65% DISSOUT TOUTE GRAISSE, en particulier la couche lipidique externe du virus.

    * Tout mélange avec 1 part d'eau de javel et 5 parts d'eau dissout directement la protéine, la décompose de l'intérieur.

    * L'eau oxygénée est utile longtemps après le savon, l'alcool et le chlore, car le peroxyde dissout la protéine du virus, mais il faut l'utiliser pure et elle est nocive pour la peau.

    * AUCUN BACTÉRICIDE NE SERT. Le virus n'est pas un organisme vivant comme les bactéries ; elles ne peuvent pas tuer ce qui n'est pas vivant avec les antibiotiques, mais elles désintègrent rapidement sa structure avec tout ce qui est dit.

    * Ne jamais secouer chez soi les vêtements, draps ou tissus usagés ou non utilisés. Bien qu'il soit collé sur une surface poreuse, le virus est inerte et ne se désintègre qu'entre:
    - 3 heures (tissu et poreux),
    - 4 heures sur le bois, (peut-être parce que le bois lui enlève toute l'humidité et ne le laisse pas se détacher et se désintégrer)
    - 24 heures (carton),
    - 42 heures sur le métal (sauf sur le cuivre, car il est naturellement antiseptique)
    - 72 heures sur le plastique.
    Si vous le secouez ou utilisez un plumeau, les molécules du virus flottent dans l'air pendant 3 heures et peuvent se loger dans votre nez.

    * Les molécules du virus restent très stables dans le froid extérieur, ou dans le froid artificiel comme les climatiseurs des maisons et des voitures. Elles ont également besoin d'humidité pour rester stables, et surtout de l'obscurité. Par conséquent, les environnements déshumidifiés, secs, chauds et lumineux les dégraderont plus rapidement.

    * La lumière UV sur tout objet pouvant en contenir décompose la protéine du virus. Par exemple, désinfecter un masque avec un éclairage UV permet de le réutiliser. Attention, la lumière UV à haute dose décompose également le collagène (qui est une protéine) de la peau, ce qui finit par provoquer des rides et le cancer de la peau.

    * Le virus ne peut pas traverser une peau saine.

    * Le vinaigre n'est PAS utile car il ne décompose pas la couche protectrice de graisse.

    * aucun spiritueux ni vodka, ne sont utiles. La vodka la plus forte est à 40% d'alcool, et il vous en faut 65%.

    * LA LISTERINE, SI, ELLE SERT ! C'est de l'alcool à 65%.

    * Plus l'espace est confiné, plus la concentration du virus peut être élevée. Plus l'espace est ouvert ou naturellement ventilé, moins il y en a.

    * C'est déjà maintes fois répété, mais il faut se laver les mains - après avoir touché de la nourriture, des serrures, des boutons, des interrupteurs, une télécommande, un téléphone portable, des montres, des ordinateurs, des bureaux, une télévision, etc. Et quand vous utilisez les toilettes.
    - avant de se toucher les yeux, le nez, la bouche et toute muqueuse humide de son corps.

    * HUMIDIFIER LES MAINS SÉCHÉES avec un hydratant corporel stérile après les avoir lavées, car les molécules peuvent se cacher dans les micro-fissures. Plus l'hydratant est épais, mieux c'est. * Garder aussi ses ONGLES COURTS pour que le virus ne s'y cache pas.

    Voilà. Je souhaitais me rendre utile, j'espère que cela t'éclairera et t'aidera.

  • Confinement: jour 9

    (26/03/20)

    C'est bizarre, j'ai été réveillé par une révélation, sous la forme d'une chanson des années 70: "le jour de clarté", de Graeme Allwright. Tellement bizarre que ce soir, quelque chose me dit que c'est bien ce qui s'est passé aujourd'hui.

    La journée était morne. temps gris, petit déjeuner maussade (j'ai raté ma galette journalière faite d'un oeuf mélangé avec un verre d'eau et 5 cuillères de flocons d'avoine, le tout mis à cuire à la poêle des deux cotés : en la faisant sauter, elle a dérapé dans le virage et s'est vautrée à cheval sur l'ustensile de cuisson, grrr) et je ne retrouvais pas une photo de Ben Gourion recevant un bouquet de fleurs d'une petite fille dans les années 40.

    La solitude a ceci de particulier qu'elle induit une remise en question permanente sur les choix individuels: n'étant confronté à aucune obligation partenariale ou familiale, je me demande toujours si c'est ceci ou cela que je dois faire... j'ai opté aujourd'hui pour cela. Tant pis pour ceci, ce sera pour demain. Donc cela consistait à partir en expédition punitive pour effectuer une extraction de sacs en plastique perchés au fond d'une colline, une autre que celle d'hier, repérés à la jumelle.

    Me voilà donc parti, presque de mauvaise humeur, sac sous le bras, les yeux rivés trois mètres devant, avec le secret espoir de rencontrer un animal pouvant me servir de confident, pendant quelques heures de prise d'otage, le temps de faire connaissance, et peut-être de s'apprivoiser comme dans un livre de Saint-Exupery ... Mais à part des sacs et des bouteilles en plastique, je n'ai rien rencontré que des cailloux luisant au soleil et des terriers abandonnés. Mais j'avais la satisfaction d'avoir nettoyé un peu plus la nature, et je me sentais fier de pouvoir faire un tour d'horizon avec mes jumelles sans croiser du regard les formes inopportunes et rudement colorées de ces fichus sacs volants issus des centres commerciaux lointains, véritables verrues incongrues dans mon paysage d'ascèse et de beauté.

     

    J'y reviens: il semble que ce soir l’imbroglio politico-comique de nos élus locaux, ici, en Israel , se soit enfin dénoué. Les chiens ne fraient pas avec les chats, même si, à l'instar du dessin animé "Fievel et le nouveau monde", certains chats se soient déguisés un temps en souris pour se glisser dans la niche du chien... Evidemment tout le monde a eu peur, mais ça ne dure qu'un temps: l'évidence de l'intelligence a fini par prendre le pas sur la bêtise. les choses se sont remises à leur place, comme après une grosse pluie... Bref, pour ceux qui ont les yeux ouverts, c'était bien un jour de clarté.

     

    https://www.youtube.com/watch?v=u_NrZ67YP9U

  • Confinement: jour 8

    (26/3/2)
    Ce matin, le ciel était laiteux, et la poussière fermait l'horizon au faîte des collines alentour. Je suis resté collé le nez sur mon écran, longtemps, tâtant le pouls du monde, scrutant un espoir, une nouvelle apaisante... mais non. Rien. la courbe monte, l'érection exponentielle devient une droite à angle élevé, suivant un angle proche de 30 degrés. on a dépassé les 400 000 cas, mais aussi les 20 000 morts. Mes adorables voisins, qui ne sont pas jeunes, sont terrorisés par le virus, ont peur de tout ce qu'ils touchent au-delà de leur maison du désert, mais ils vont faire les courses dans le kibboutz pas loin et me rapportent ce qui me manque: de la sauce tomate. c'est bien gentil d'avoir des pâtes en stock pour une durée de guerre improbable, mais sans sauce tomate ....

    J'ai renoncé à aller chercher le cadavre de la baignoire. Demain, peut-être. Dans le désert, rien ne presse, ni les pas dans le sable, ni l'avancée de la dune lorsqu'elle se laisse entraîner par le vent.

    J'ai préféré prendre un cabas et aller à la chasse aux déchets dans la colline du sud. je suis tombé sur des câbles électriques abandonnés dans les caillasses. Ce sont des câbles fins utilisés par les militaires pour faire exploser des charges explosives, comme on pouvait les voir dans les films de guerre, avec celui qui cavale avec un dérouleur vers celui qui tient la dynamo qui fera le court circuit pour tout faire péter... en enroulant ces ficelles électriques autour de mon bras, je revois mentalement ce moment dans le film "le pont de la rivière kwai"...

    J'ai fini. dans mon cabas sont enroulées 5 bobines de fil électrique de plus de cent mètres chacune. c'est lourd, mais je suis content d'avoir débarrassé la nature de ces traces de violence passée, d'avoir défiloché les fils qui entravaient les arbustes rabougris de la colline et les plantes rasantes qui tâchent de fixer la poussière sur les cailloux.

    Le silence s'est posé ce soir, le vent est parti se coucher, les chiens des bédouins commencent leur mélopée nocturne, apeurés par les hyènes qui rôdent...

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  • Confinement, jour 7

    (mardi 24/3/20)

    j'avais décidé à l'aube qu'aujourd'hui je partirai en exploration lointaine dans mon désert. Je dis ça comme ça, mais en fait mon but était d'aller inspecter une baignoire abandonnée dans les dunes au bout de la vue de mes jumelles, à quelques milliers de pas comptés dans le sable. Si cette chose était récupérable, je l'aurais transporté chez mon voisin, amateur d'hétéroclite . Il en aurait fait probablement une oeuvre d'art, sculptant des fresques dans l'émail qui couvre la tôle ou la fonte, et vernissant son travail pour que les fesses des dames puissent se frotter aux délicates frises qui formeraient des fleurs improbables et des lianes voluptueuses...

    Sur le chemin j'ai observé toutes ces fleurs écloses avec la pluie du printemps: toujours petites, toujours délicates, blanches, roses, jaunes, dorées, elles colorent le fonds ocre devenu vert du désert, peu de temps, certes, mais assez pour rassasier les moutons de la bergère bédouine, véritables goinfres des raretés de la nature.

    Et plus je les observais, plus je m'étonnais du silence de cette tapisserie incongrue. Rien. pas un vrombissement d'ailes, pas un miaulement discret d'abeilles affamées de pollen. Aucune fleur n'était visitée par un pollinisateur quelconque, abeille, bourdon, mouche, papillon. J'avais beau aller d'un tapis de fleurs à l'autre, silence total. Pourtant il faisait beau, le soleil chauffait mes épaules autant que le sable, et je ne trouvais pas de raison valable pour justifier l'absence des abeilles. Sans elles, les fleurs ne feront pas de graines, sauf si le vent emporte avec lui les pollens et les redistribue alentour...

    Je suis arrivé finalement à ma destination. Une baignoire penaude, échouée dans la dune comme une barque qui aurait pu porter Moïse, portant comme une laisse un cordage qui avait dû servir à la traîner là, épave surréaliste d'une civilisation à l'agonie. Elle n'était pas en tôle, mais construite en fibre de verre, et elle était éventrée sur un coté. Mon voisin n'en voudra pas. Demain, peut-être, je la traînerai derrière ma Jimny, comme une carcasse morte, et je la déposerai près de la benne à ordures. Même dans le désert, on a un service de nettoiement municipal.

    Sur le chemin du retour, j'ai encore observé les fleurs, tout en ramassant les plastiques apportés par le vent.On n'imagine pas dans les villes le chemin que peut faire une bouteille en plastique ou un sac du même nom lorsque le vent commence à jouer avec. Dans le désert, on en ramasse sur des kilomètres...

    J'ai fini par renter dans ma yourte. Finalement, je crois que les abeilles font comme moi. Elles sont confinées.

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  • Confinement: jour 6

    (lundi 23/3): Cette chance qu'on a, de vivre ce moment maintenant. Rester enfermé et pouvoir converser avec le monde entier, se voir, se parler. Qui n'a pas "au moins" un téléphone portable ET le réseau internet qui va avec ?

    Même ma bergère bédouine a le sien, ses moutons me l'ont dit. Lorsqu'elle s'assoit à l'abri du vent, il y a toujours quelques agneaux qui viennent se coller à ses basquettes (nike) et la regarder comme si elle était la sainte vierge. Je me demandais pourquoi... J'ai fini par comprendre: elle leur passe shaun le mouton, version arabe, sur son portable.

    Ce matin, j'étais réveillé avant l'aube. Je voulais voir le jour naître, le soleil se lever. J'ai construit ma yourte en plantant trois piquets un 21 mars, jour d'équinoxe. Ils étaient alignés sur le lever du soleil ce jour-là, très précisément. Le premier piquet définissait le centre le la yourte, le deuxième représentait l'axe de la porte d'entrée, et le troisième, planté sur la hauteur plus loin, s'alignait sur le lever du soleil.

    Ce matin, malgré le froid, je me suis mis devant la porte, grande ouverte, et je l'ai vu se lever. Passer de l'aurore à l'aube, puis de l'aube au lever du jour, puis regarder le disque s'élever lentement au-dessus de la colline...

    Oublier à cet instant le monde. Regarder l'univers remuer lentement, comme une danse ralentie. Observer le changement des couleurs, l'éveil des lumières et des ombres. Se faire tout petit, respiration insignifiante, immobile comme les pierres alentour, le temps d'inonder mon âme de cette béatitude...

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  • confinement: jour 5

     

    Confinement, jour 5 (dimanche 22/3).
    Le soleil a fini par se lever et chasser l'aurore. Les ombres à l'aube, dans l'air lavé de la pluie nocturne, sont plus nettes, et les dunes passent lentement du brun au jaune, en passant par les ors du ciel. Un bédouin muezzine sa mélopée au loin, c'est cela qui m'a sorti de mon rêve.

    Plus tard, le soleil a réveillé celui que j'appelle "l’œil de Soron", en référence à la saga du seigneur des anneaux: à quelques kilomètres a été érigée une tour de 300 mètres, surmontée d'un capteur solaire circulaire, dans lequel se reflète le soleil par le biais de 50 000 miroirs*. Bien qu'ils ne reflètent pas tous le disque brûlant en même temps, c'est quand même suffisant pour chauffer de l'eau sous pression à 550 degrés et faire ainsi de la vapeur et, par suite, de l'électricité.

    Ça me fait peur.

    Pas que je sois un trouillard de nature, pas non plus par peur de la technologie thermodynamique, vu que je mange avec depuis des années. Non, ce qui me fait peur, c'est que cette centrale est quasiment automatique. Hier, il pleuvait, l’œil de Soron était éteint, et je croyais que c'était parce que tout le monde était rentré se confiner chez soi... Mais non ! Dès le soleil levé, le monstre a ouvert son œil et s'est mis à scruter l'horizon... Un peu plus tard, la vapeur des turbines a commencé à s'effilocher dans l'azur nouveau. Je me demande si la machine ne tournerait pas toute seule une fois que nous aurions disparus, activant ses automatismes que nous lui avons programmés...

    Au moment de ces lignes, le monstre s'est assoupi. Il clignote de ses loupiotes rouges pour dire qu'il est là, tapi dans l'obscurité naissante, en attendant que demain le soleil se lève.

    ps: cette diablotine de bergère bédouine qui ne fait que passer devant moi tous les jours n'est pas une bonne bergère: elle a beau se cacher derrière son voile, mais je vois bien qu'elle passe son temps à causer dans son téléphone portable au lieu de mener son troupeau. J'ai dû même aller repousser les agneaux et leurs mères qui venaient brouter mes belles fleurs du printemps: de près, je vous le dis, un agneau porte bien son nom: il te regarde avec une innocence et une ingénuité qui ferait fondre n'importe quel boucher...

    * voir ici: https://www.israelscienceinfo.com/…/la-percee-israelienne-…/

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  • confinement: jour 4

    Confinement, jour 4 (samedi 21/3). ah ! le samedi ! le repos et l'étude. Rentrer dans le Livre, et commencer la lecture hébraïque de ces mots extraordinaires, chercher leur sens, traduire, comprendre, déchiffrer la cohérence entre le Message et ma vie, l'âme des mots et l'âme de mon être. Je me fonds dans cette Histoire qui n'est pas une histoire, et ce qui m'inspire dans la compréhension des mots et me rapproche du divin, transforme mes sens en évolution de philosophie et de sagesse. L'étude devient un moment de prière et de béatitude qui me laisse vidé de tout et harassé de fatigue, comme si j'avais couru un marathon.

    Il a plu cette nuit, des pluies hâtives et des pluies tardives comme le dit la prière du matin. Alors je me dis que c'est un signe des temps. La pluie dans le désert est toujours un événement particulier.

    Par la fenêtre je regarde comment les eaux du ciel font l'amour avec la terre, comment les plantes dansent sous l'averse, comment courent les nuages sur les dunes, affolant les herbes hautes et les arbustes et effrayant les oiseaux. Il pleut encore alors que le jour s'échappe, la terre et le sable se rassasient et exhalent un parfum d'humide et de mousse.

    Entre deux lectures, j'ai mis mon nez dehors. Mon voisin a laissé devant ma porte une soupe et du pain. J'ai l'impression de revenir encore au temps d'Abraham, quand les gestes les plus simples étaient aussi les plus doux, quand le Divin se mêlait aux hommes et cachait encore sa Face pour ne pas les effrayer.

    Ici c'est vraiment la terre sainte.

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