Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Confinement: jour 8

(26/3/2)
Ce matin, le ciel était laiteux, et la poussière fermait l'horizon au faîte des collines alentour. Je suis resté collé le nez sur mon écran, longtemps, tâtant le pouls du monde, scrutant un espoir, une nouvelle apaisante... mais non. Rien. la courbe monte, l'érection exponentielle devient une droite à angle élevé, suivant un angle proche de 30 degrés. on a dépassé les 400 000 cas, mais aussi les 20 000 morts. Mes adorables voisins, qui ne sont pas jeunes, sont terrorisés par le virus, ont peur de tout ce qu'ils touchent au-delà de leur maison du désert, mais ils vont faire les courses dans le kibboutz pas loin et me rapportent ce qui me manque: de la sauce tomate. c'est bien gentil d'avoir des pâtes en stock pour une durée de guerre improbable, mais sans sauce tomate ....

J'ai renoncé à aller chercher le cadavre de la baignoire. Demain, peut-être. Dans le désert, rien ne presse, ni les pas dans le sable, ni l'avancée de la dune lorsqu'elle se laisse entraîner par le vent.

J'ai préféré prendre un cabas et aller à la chasse aux déchets dans la colline du sud. je suis tombé sur des câbles électriques abandonnés dans les caillasses. Ce sont des câbles fins utilisés par les militaires pour faire exploser des charges explosives, comme on pouvait les voir dans les films de guerre, avec celui qui cavale avec un dérouleur vers celui qui tient la dynamo qui fera le court circuit pour tout faire péter... en enroulant ces ficelles électriques autour de mon bras, je revois mentalement ce moment dans le film "le pont de la rivière kwai"...

J'ai fini. dans mon cabas sont enroulées 5 bobines de fil électrique de plus de cent mètres chacune. c'est lourd, mais je suis content d'avoir débarrassé la nature de ces traces de violence passée, d'avoir défiloché les fils qui entravaient les arbustes rabougris de la colline et les plantes rasantes qui tâchent de fixer la poussière sur les cailloux.

Le silence s'est posé ce soir, le vent est parti se coucher, les chiens des bédouins commencent leur mélopée nocturne, apeurés par les hyènes qui rôdent...

L’image contient peut-être : 1 personne, chapeau et plein air

Les commentaires sont fermés.