"Tout est obscur, mon bon maître.
A peine si l'on voit à l'horizon un chapelet se dandiner au bout des doigts d'un sage en prière.
Non, mon bon maître, je ne vois pas à quoi il ressemble. Il porte un habit de sage, et des sandales de désert. Il a fermé les yeux et je vois ses lèvres remuer.
Non, mon bon maître, je ne reconnais pas son langage, ce pourrait être de l'hébreu, de l'araméen, du farsi ou même de l'arabe, et, pourquoi pas du latin ou du sanscrit, à moins que ce soit la langue de Tao-Tseu ou celle de Hiroshi.
La seule chose que je sais, c'est que ses yeux sont fermés, que les grains d'ambre défilent sous ses doigts, et que ses lèvres bougent. "
mémoires d'un pélerin . Les Noces d'Algie, Neguev, 1953.