Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

vide

  • De race en haine, de haine en peine, de peine en rien, de rien en vide

    Plutôt qu'une réplique en supplique bien parisienne d'une Audrey rencontrée naguère , bien fière de sa réussite, à un pauvre type de la haute, endossé d'un habit de parfumeur, perdu dans ses strates embourgeoisées du 16 éme , 

    plutôt qu'un emprunt à Césaire, à la malice négrière jetée par la promptitude des mots, au lyrisme jubilatoire que donne au poète l'arme du dire,

    plutôt que les gaussements effarouchés de voix autrement silencieuses lorsque des massacres ordinaires éclaboussent nos journaux,

    plutôt que les silences licencieux de ceux qui préfèrent se taire,
    non pas par conviction, mais par peur de dire,

    je préfère mes hurlements de rue,
    mes colères publiques,
    mes rages enrougissantes,
    mes enrouements de voix
    ma force à clamer mon indignation.


    Non pas contre le racisme habituel que ce sot exprime dans son ignorance de l'autre,
    Non pas contre le blanc ou contre le noir, après tout, nous sommes différents de peau, différents d'histoire, différents de races parce que nous l'avons tous voulu ainsi,
    Non pas contre les appareils qui nous broient en faux mélanges absurdes, faisant de nos mixtures de peaux des sujets risibles victimes d'ironie et de camouflets,

    mais

    contre nos mensonges qui nous font croire identiques et nous ne le sommes pas.
    contre notre promptitude à chercher race là où n'est que culture
    contre notre facilité à passer de la race à la haine

    et de retour, après la haine, nos enveloppements de peine, subie en silence de la trahison de l'Homme.

    Et puis avec l'usure et le temps, comme bannis de nous-mêmes, rouler la peine en rien, courber l'échine vers le néant, et se voir aujourd'hui, face à l'injure renouvelée, vides,


    sans plus de voix pour hurler
    sans plus de poings pour cogner
    sans plus d'amour pour pardonner

    et de laisser dire, au poète interposé, que le nègre t'emmerde...

    alors qu'avec la même voix, la même force, elle pourrait pardonner, dire au sot sa sottise, et peut-être aller du vide au rien, du rien à la peine, et de reconstruire, peut-être, de la peine à l'amour.

  • Ombre de toi

    Il me reste de toi
    ton odeur, ta bouche, tes doigts,
    le touché de ta main sur mon corps,
    appuyée sur moi quand tu dors....
    Il me reste l'insomnie, le silence,
    et tout ce que tu es dans ton absence ...

    Comme si tu revenais, espérance,
    hallucination, je caresse le vide
    et mes bras dansent en l'air, évidence
    de ma mémoire stupide.

    Comme si tu revenais, là, maintenant,
    je prépare la soupe, celle aux oignons,
    écoutant dans le bouillon un instant
    un murmure, un souffle, un son.

    Sur la table ton couvert est mis
    et ta serviette est posée sur ton assiette.
    Une louche pour toi, une louche pour moi,
    et ce silence de pendule, ce silence de cri
    qui m'enserre la gorge et me fait tout petit.

    Rien. En face, la montagne est seule
    maintenant comme moi, sans toi, sans rien.
    murmure des peupliers au soir
    et la soupe est là qui reste froide.

    A la cheminée même il n'y a plus de chaud
    des flammes seules qui allument la pièce,
    des tisons qui ne chauffent pas
    comme le faisaient tes bras le soir
    quand tu m'embrassais.

    Au silence, et je reste, et j'attends.


    Pablo Robinson - Noces d'algies 1 - (c) 03/2010 -