Lancée
Caïn s’enfuyait par l’Est du Monde,
laissant à sa bouche un goût de colère.
Il niait ses parents son troupeau et son trouble
de ne plus chanter les alexandrins.
Il cassera le rythme de sa prière
de ses derniers mots au créateur offerts
sans un cri d’injustice, sans un souffle d’espoir.
Vas, Caïn, vas vers l’Est,
tu justifieras la guerre dernière,
celle des générations qui n’auront plus de famille à leur bras
celles qui perdront leur religion.
Et l’Amour du prochain,
et l’Amour de demain.
Caïn trouva des femmes qui ne sont pas citées.
Dans le Livre du Sage elles ne sont pas créées.
Il construisait des villes vides d’ habitants
La terre était neuve il y avait le temps
De mettre au monde le Monde
de ce temps et de l’autre
Et de faire au surplus descendance d’apôtres.
Adam pendant ce temps eut oublié ses fils
Fit d’Amour d’Eve une nouvelle naissance,
Et Seth, nouvel aîné acquit de descendance
Sans le regard du frère jaloux de connaissance
vint au monde plus sage pour régner en puissant
Sur la destinée que Dieu leur a permise.
Sur ce seuil du Monde, base de la Vie,
Le Sage qui parlait jamais ne l’a dit
Il n’a pas dit les filles qui pleuraient leurs amants
Ils n’étaient pas inscrits au Livre de la Vie,
Il n’a pas chanté non plus les fils d’Adam
Qui refusaient aussi de partager leur vie
Avec les autres enfants nés du même lit.
Le Sage a menti, il a cassé la Trame,
Et depuis ces jours-là quand les temps sont maudits
Les enfants d’Adam, les fils et les filles,
Lancent l’inceste au cœur comme un interdit
Jetant sur leur Aïeule l’anathème permis
L’homme est venu d’Adam, mais d’où est venu la femme...
Autres peuples du Monde, oubliés asservis
à la puissante gloire du couple spirituel,
vous qui avez donné vos fils et vos filles
Pour que l’Humanité s’éveille et qu’elle dise
à quels parents lointains elle devait son salut
Criez aujourd’hui vos mots et vos prières
Dites au monde entier que vous étiez là,
Tapis dans la nuit au silence de la Loi
Que le créateur avait mise pour Eve
Dites leur que sans vous ils n’existeraient pas
Ceux qui aujourd’hui nient, vous et votre foi
Orphelins du Livre, élevez votre voix.
Pablo Robinson © janvier 1996 conte 4