Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Troisième conte de la nuit des temps

Caïn

Eve ne comprenait pas cet esprit vivant

qui était sorti de son corps douloureux nécessaire et maudit.

Cet être remuant qui cherchait quelque chose,

Reniflant sur son corps la trace de son sein,

la perle de son lait qui coulait à présent.

Eve, ma pauvre Eve, qui n’eus pas de mère

Pour tendre le bras et montrer le chemin,

Tu chéris ton enfant, n’osant couper le lien

Que la chair a tissé liant son corps au tien,

Et c’est Adam comme un acte d’Amour

Qui trancha le cordon et souffla sur l’enfant.

Débattus ensemble dans la Nuit des temps,

Cherchant le sommeil, ou la pluie ou le vent,

ou le repos encore quand l’enfant s’endormait.

Un soupir de plus quand les yeux se fermaient

Premiers parents inquiets du demain qui venait

Du cri des bêtes, de la nuit et du soleil ardent.

Quelques lunes encore et Caïn a grandi,

Au sein de sa mère la source s’est tarie,

Son père a présent dompte la nature

Et donne à ce fils la leçon de culture

Et d’Amour et de nuits Eve a reparu

Plus ronde et plus forte pour un autre petit.

Abel arriva deuxième homme de la terre

né d’une mère et de l’Amour d’un père

avec pour témoin un autre être humain.

Eve sut cette fois lui donner de son sein

et l’autre était jaloux de cette connaissance

Qu’Abel profitât du fruit de sa naissance.

Ils n’avaient jamais vu l’Esprit du Créateur

et sans paroles leur mère leur avait dit

qu’en espoir ils avaient tous promis

de vénérer le Maître par l’offrande servie.

Caïn coupait des fruits et ramassait des fleurs

Et Abel amenait ses meilleurs agneaux.

Mais l’insidieux, ou le Créateur,

donnèrent en esprit au benjamin nouveau

La préférence de bénir son offrande,

laissant Caïn et ses gerbes et ses pleurs

En forme ainsi d’une première haine

Pour demain séparer les humains.

Nul se sait si Caïn a bien fait par le meurtre d’Abel

de pousser le destin

Hâtant son retour vers le vent du Grand Rien,

Vers la route du temps, ou le temps n’est plus rien,

Vers le bonheur perdu et retrouvé enfin,

Et Eve et Adam, qui ne comprenait plus

Ce que Faisait le Monde et Celui qui le fait.

Ce corps d’enfant meurtri qui ne bouge plus

Cet Esprit échappé, évadé et serein.

Pablo Robinson © janvier 1996

Les commentaires sont fermés.