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mots

  • confinement, jour 22, 23, 24, 25, 26

    (du mercredi 8 au dimanche 12/4/20)
    Bon, mercredi soir, c'était le seder de Pessa'h. Je ne pouvais pas écrire. Jeudi, pareil. Vendredi soir c'était shabbat, et samedi pareil. Et j'avais encore une boule de colère qui roulait sur mon clavier. Elle m’empêchait de penser. Ces jours sont des jours si importants pour le Monde.
    - ils montrent aux nations que leur destinée ne leur appartient pas et qu'elles doivent revenir à l'ordre qui gère l'univers,
    - ils montrent aux enfants d’Israël que Celui qui les a guidé, malgré leurs trahisons, leur nuque raide, et tous les avertissements qu'ils avaient reçus, depuis Our jusqu'à Jérusalem, Il tient toujours ce qu'Il a promis,
    - ils montrent que la verticalité qui nous lie au cosmos n'est pas une affaire de religions, de dogmes, mais de fidélité et d'assurance que nous ne sommes ni seuls, ni maîtres...

    Et puis j'ai pensé à celles et ceux qui attendent un message, un réconfort, une parole, un lien du sensible qui traverse les nues, le temps, et la solitude: elles et ils se reconnaîtront: Bernard, Margot, Arlette, Richard, Soraya, Juan, Isaac, Danielle, Colette, Myriam, Emmanuelle, Rachel, Capucine, Catherine, Philippe, Jean-François, Alexandre, Dania, Mario,Thierry, Hervé, Marion, Esther ... et tant d'autres.

    Ces jours extraordinaires nous révèlent tant de choses de nous-mêmes et de vous, que nous n'osons pas encore comprendre, que nous ne voulons pas encore voir. Je ne sais plus que dire. J'ai envie de me taire et de vous écouter. La douceur de vos voix, les traces écrites que vous rendez magiques, vos gestes, au loin, les danses de vos doigts quand vous fabriquez des volumes pour les mots qui n'existent pas, mais que voudriez murmurer ou crier. Et même lorsqu'ils dansent sur vos claviers, leurs hésitations, leur douceur et leur force pour dire vos colères vos rêves ou vos tourments.

    Ce qui va venir changera tout de ce que nous sommes. Nous allons découvrir que ce que le passé nous a laissé, la vérité, est la seule réponse que notre connaissance peut accepter de manière définitive et éprouvée à nos interrogations. La vérité deviendra le tremplin de notre imaginaire, et non le contraire. L'imaginaire est la base de notre futur.

    Sans rêve nous ne pourrions bâtir, sans imagination nous ne pourrions rêver.

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  • sortir de moi (Blog à MH)

    maria nyons.jpgMH. Ton blog. Un moment j'ai reçu quelque chose qui ressemblait à ça. J'imitais ta façon de t'exposer, comme une mode où l'on joue à se dire. Patamodeler des phrases malhabiles ou maladroites pour faire accroire qu'on existe parce qu'on parle avec les doigts: je veux dire tracer des mots avec une plume ou pianoter des lettres comme une musique sur un clavier que d'autres liront, bien ou mal, mais "pourront lire"... Parce ce que dans nos solitudes, on ne sait plus parler avec nos bouches, sûrs d'être assourdissants et incompréhensibles, avec, par derrière, le doute que "les autres" ne tendent pas l'oreille vers nos suppliques.

    A force de parler tout seul à nos miroirs, dans le secret de nos salles de bain, on se prend à ne plus parler du tout, puis à ne plus savoir le faire.

    Je te regarde et c'est comme si je me voyais courbé sur moi-même, tentant avec mon nez de toucher mon nombril, aveuglé sur ce centre et oublieux de ce qui m'entoure.

    Tu m'avais dit, "pour écrire, oublies-toi". Alors j'ai renoncé à moi, à CE moi, et en renonçant à lui, j'ai perdu ce qu'il aimait, pas tout, mais de grandes parties de lui.

    Ma faim d'expression a baissé.

    Ecrire n'est plus une obligation passionnelle, c'est devenu un élan.

    Et il suffit d'un rien pour que je me taise, et que ce que je croyais être des trésors d'alignements de mots deviennent aussi volatils que des pétales de coquelicots. Je me dis que personne n'a envie de lire ça, tellement ça ressemble à tout le monde, tellement ça parle de personne. Finalement les mots construisent des phrases en cathédrales, en citadelles que Saint Exupéry aurait pu aimer. Mais il ne reste de lui que ce que les éditions ont publié, et c'est bien après lui que les secrets sortent des pages bien sages rangées sur l'étagère. Que restera-t-il de nos blogs, dans cinq ans, dans dix ans, s'ils ne sont pas imprimés, publiés, lus ?

    Alors, il faut tracer, si l'on veut que ça profite dans le futur.

    Tu avais dit: c'est le duende qui nous mène. Laisse le venir. Mais écris.