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  • Vérité de Foi ou mensonge d'amour ?

    il 070807 033.JPGOn peut se dire amis. Il suffit de croire qu'on aime quelqu'un assez pour espérer que c'est réciproque. Des fois ça ne l'est pas. Ou ça ne l'est plus. L'ami(e) sincère le dirait clairement, avec plus ou moins de douceur, de "tact", comme on dit sous certaines latitudes aux parquets boisés, avec franchise au moins. Mais la lâcheté qui nous fait humains pousse à trahir l'amitié par un silence, un oubli, un dos tourné, ou plus simplement encore en ne répondant pas aux sollicitations sincères de celui ou celle qui croit encore avec naïveté à cette amitié. Les douleurs affectives qui en résultent sont lourdes, longues, et elles ne diparaissent qu'avec des calendriers comptés, plusieurs calendriers si l'amitié était sincère, plusieurs calendriers si c'était un mensonge d'amour, une illusion de partage, une vraie préhension de l'affectif de celui (celle) qui y puisait une éspérance de bonheur. c'était un leurre. C'était un jeu.

    On peut se dire amours. Le jeu n'est plus un jeu. Le partage est profond, durable, chacun mettant dans la foi qu'il porte à l'amour de l'autre tout ce qu'il croit y puiser qui a une importance. Il (elle) en fait une oblation, il (elle) en donne une mesure d'offrande posée sur un autel à la prière de ce qui le (la) lie à l'autre. Un sacrifice. Ce mot là en fait toujours sursauter quelques uns ou quelques unes. Cela ne m'étonne pas : le sacrifice est une légende d'un autre temps, l'on ne retire rien de soi, ni le temps, ni les choses, ni les convictions, car l'amour n'a de valeur aujourd'hui qu'à condition de ne rien coûter. Enfin, c'est ce que j'entends de certains de mes contemporains, et de beaucoup de plus jeunes que moi.

    Mais c'est faux. La condition qui nous fait mériter l'amour de l'autre est celle de ce que l'on est capable d'y sacrifier, d'offrir, de compenser de ce que l'on est de soi-même et qui ne serait pas compatible avec ce que l'on aime chez l'autre. Les femmes savent mieux y voir que nous les hommes, à ce jeu. Il n'y a qu'à comptabiliser le bonheur que le commerce santo-valentinois suscite auprès de ceux qui y sacrifient quelques pécunes, une tablée de restaurant, un bijou, ou quelque autre chose qui "ferait plaisir" . J'ai lu sur un blog quelques relations de femmes aux offrandes reçues à ces occasions. Leurs confidences en font le plus souvent une misère aux efforts de leur amoureux, lorsque ce n'est pas une comptabilité en règle, du genre "il m'a offert une bague. Comme à noël. Il ne vaut que ça, son amour ?"

    L'amour se signe en actes de foi. Tout le monde ne sait pas y faire. J'ai un souvenir de fleurs cueillies à l'arrache dans un champ de fin d'été qui ont eu plus d'effet qu'un bouquet ordonné et dispendieux acheté sur un boulevard à l'occasion de cette "fête". Le temps que j'y avais consacré ? Le choix des fleurs des champs, parures minables mélées d'épis sauvages ? La misère de ma brassée à la porte ouverte ? Elle m'avait sauté au cou, ravie de ma collecte, plus heureuse que si je lui avais offert un diamant. Je suis resté marqué par cette simplicité, elle y avait vu la vérité de ma foi en elle. Mille ans plus tard, je doute du cadeau "à faire". Je préfère lui consacrer ce que je suis, poser dans le panier de ce qui fait notre amour la franchise de mes idées, le curage de nos casseroles, l'écoute de ses histoires, l'éffleuré de ses caresses, et si elle préfère trouver un contentement à dévorer une salade landaise dans le boui-boui d'à coté, alors je l'y emmenerai sans discuter, le jour qu'elle le voudra. Pas forcément le 14 février.