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tangoliberas - Page 2

  • -1- Barri

    medium_nigeria_1977.jpgPourquoi a-t-il envoyé cette photo-là ? Elle datait de trente ans, elle avait été prise au  Nigeria, au début de sa carrière, quand il traçait des lignes électriques au milieu de la jungle infestée de serpents, inaccessible et dangereuse. Il l'avait fait prendre dans un petit village de brousse, par un photographe local, qui avait un vieil appareil à soufflet, posé sur un trépied mille fois réparé. Cette séquence lui rappelait Tintin au Congo, et la scène y ressemblait vraiment. la photo avait été prise dehors, avec la toile de la 404 bâchée en arrière plan. ce souvenir lui apportait beaucoup de joie. Il lui semblait que son visage à ce moment là était différent, mais elle penserait que non. Dans ses yeux il y avait encore plus de candeur que maintenant. On pouvait peut être mieux y lire toute la poésie qu'il mettait dans sa vie, dans sa manière d'aimer. Son visage, plus jeune, était aussi plus tendre. Mais il devinait qu'elle le saurait déjà, qu'elle devinerait que tout ce qu'elle ressentait de lui n'était pas nouveau, qu'il devait traîner ça dans sa vie depuis très longtemps, mais que ce n'était que maintenant qu'il pouvait l'exprimer .... et à elle seulement.

    Barri s'était posé la question. Longtemps. Il connaissait Dania depuis 5 ans maintenant, mais il avait l'impression qu'elle faisait partie de sa vie. Au début, il lui envoyait des messages gentils, des boutades, des petits mots pour lui remonter le moral. Barri sentait bien que Dania n'était pas toujours au mieux de sa forme, qu'elle avait de temps en temps des crises de moral, qui viraient presque à la dépression. Aussi, lorsqu'il sentait cette perte de tonus, il lui envoyait des lettres plus sérieuses, des conseils, comme s'il s'était agi de sa propre fille, ou d'une amie d'enfance. Dania pensait que Barri lui préparait des textes longs, qu'elle prendrait plaisir à traduire lentement, comme on suce un bonbon au goût merveilleux. Ces deux-là avaient entre eux une complicité que personne d'autre au monde n'aurait pu partager. Il n'y avait rien de  dramatique dans cette relation du bout du monde, rien de douloureux. Barri pensait que c'était juste une amitié comme il n'aurait su la définir, lui, si intelligent, si sensuel. Et lorsqu'il partait en Europe, et qu'il avait l'occasion de rencontrer Dania entre deux avions, il échafaudait des plans de retrouvailles, il s'imaginait l'attendre à la sortie de l'aéroport, ou encore il rêvait que c'était elle qui l'attendrait, avec des hauts talons, et ses cheveux rangés en queue de cheval, avec des lunettes noires qui l'aurait fait ressembler à Jackie Kennedy. Barri s'arrêtait aux sensations de l'emmener visiter les villes du monde qu'il connaissait, de rire avec elle, de la regarder à la dérobée, de partager un repas dans un petit restaurant presque vide, au bord de la mer. Il se disait avec un sourire, quand il écrivait à Dania, que finalement, il lui envoyait presque chaque jour une histoire pour la faire rire, pour la rendre heureuse, pour la consoler d'une misère ou d'une autre, et presque chaque jour Dania s'enfermait dans sa chambre et avant de se coucher, elle ouvrait son ordinateur, avec le désir de lire les lettres de Barri. Elle gardait près d'elle un gros dictionnaire pour chercher avec gourmandise les mots qu'elle ne connaissait pas encore, et elle gardait pour toute la nuit les belles images que Barri lui envoyait. Des photos de plages tropicales, des photos que Barri prenait de lui-même avec son appareil automatique, des images de villes, des couchers de soleil sur des endroits invraisemblables. Elle fermait alors les yeux et partait en rêve vers le chaud des tropiques, et s'endormait comme cela, affalée sur son lit, avec la souris de l'ordinateur encore dans la main. Barri se disait que finalement il lui servait de marchand de sable, de nounou pour l'endormir, mais cela n'éteignait pas la tendresse  et l'affection profonde qu'il avait pour elle.

  • prologue

    Pondichéry (Inde) - de notre reporter Alan Mac Weill.
    Le congrès mondial sur les maladies virales s'est terminé sur un résumé pour le moins surprenant. Si les chercheurs ont constaté depuis plus de cinquante ans une montée en puissance du nombres d'infections virales, ils sont tous d'accord pour reconnaitre que la voie sexuelle reste la plus énigmatique pour la transmission des virus pathogènes. Les études récentes font ressortir que le virus du SIDA ne devrait pas de transmettre que par la voie sexuelle, mais aussi par tous les autres moyens contenant des cellules : salive, sang, cellules mortes etc... Or, force est de constater que la transmission pathogène ne se situe que dans le cas d'activités sexuelles ou lors de transfusion de sang ou d'utilisation d'aiguilles sales par voie intraveineuse. Le paradoxe devient plus opaque encore lorsqu'on sait que d'autres virus pourraient très bien se transmettre par les voies sexuelles, y compris bien sûr celui qui touche le plus grand nombre d'êtres humains, la grippe, ce qui est loin d'avoir été démontré, puisque le virus de la grippe se propage par voie aérienne, au sein d'aérosols naturels évacués lors d'éternuements, par exemple. Des chercheurs Russes ont également décrit une théorie basée sur des calculs informatiques très complexes  concernant des échanges d'ADN et des mutations biologiques et génétiques liées aux transformation des virus, que l'homme pourrait fabriquer lui-même une sorte de sérum contenant les anticorps pouvant le protéger contre des éléments communs à tous les virus, empêchant ainsi par une barrière naturelle l'infestation de son propre corps. Mieux encore, un chercheur Brésilien a indiqué qu'il avait réussi à produire ce sérum chez une variété de souris sauvages de l'Amazonie, mais qu'il n'était  transmissible que par voie sexuelle, donc, in fine, ce sérum permettrait de concevoir des dynasties de souris  immunisées contre tous les virus, à l'exclusion d'autres espèces. De nombreux participants ont crié à l'imposture lorsque ce jeune chercheur a présenté son "abstract" concernant ses recherches. Mais les enjeux sont énormes. On imagine ce que pourrait devenir l'humanité si une dynastie particulière était immunisée contre les virus, le pouvoir qu'elle aurait sur le reste des femmes et des hommes, et les atouts que cela impliquerait au niveau social. Mais les chercheurs sont tellement septiques sur ce point que l'on peut être rassuré : ce n'est pas encore demain que l'homme sera immunisé contre les virus !
    Un laboratoire s'oriente aujourd'hui sur de nouveaux process de fabrication de molécules immunisantes, fabriquées avec des machines aujourd'hui tenues secrètes et installées sur la frontière entre la France et la Suisse, dans une ancienne mine de fer. Ces médicaments ont une durée de vie encore trop courte, mais leur fabrication, à l'état de conception expérimentale, a déjà permis de sauver quelques cas particuliers de dépression immunitaire fulgurante, constatés lorsque le virus du SIDA s'attaque à des porteurs de caryotypes particuliers, souvent issus de croisements de populations génétiques très différentes.
    A ce titre, une équipe de chercheurs installée aux Antilles a présenté un exposé révélant que les habituels groupes sanguins A, B, AB et O, n'étaient en fait que la façade de sous groupes beaucoup plus importants. En fait, la vulnérabilité aux virus s'exprimerait en fonction des composantes génétiques issues des croisements entre les être humains, à tel point que ces chercheurs ont montré que les détenteurs de certains caryotypes étaient beaucoup plus résistants à certaines maladies virales. Cet exposé, assez controversé par les grands pôles de recherche, met en cause la notion d'uniformité génétique chez l'être humain. Selon les chercheurs, l'évolution humaine aurait pour composante principale le croisement des chaines d'ADN, sans lesquelles la pérénité des générations ne tiendrait pas dans le temps. Les chercheurs ont indiqué que les déficiences génétiques responsables des maladies dégénératives comme  le mongolisme, dont on pensait jusqu'à maintenant qu'elle avaient pour origine une réplication trop homogène des chaines d'ADN, ont en fait pour origine non seulement l'homogénéité de l'ADN, mais en plus la réplication exacte des éléments définissant les caryotypes. Mais ces mêmes chercheurs, qui veulent garder espoir au sujet de la capacité de trouver un vaccin immunisant contre les virus, ou, du moins, certains d'entre eux, ont montré dans leur exposé très technique que la voie était ouverte dans ce sens, mais que les vaccins qui pourraient être envisagés devraient être adaptés à plus de 250 caryotypes différents, et certains types de porteurs ne pourraient pas être signés, car leur profil de défense intégré dans leur ADN ne pourrait en aucun cas fabriquer les défenses nécessaires contre les virus.
    Le congrès s'est achevé ce soir par une grande réception à l'ancienne ambassade de France, pays qui avait la charge d'organiser cette manifestation mondiale. On a remarqué que le sujet des virus n'interesse pas que les chercheurs et les médecins. De nombreuse délégations militaires étaient inscrites à la participation à ce colloque, ainsi que quelques représentations officielles. C'est ainsi qu'on a reconnu parmi les délégations d'états des responsables de services de renseignements, des ministres de la santé, des responsables de l'environnement.